Nouveautés Avril ’23

Extrêmement content de recevoir Basta ! Guide d’autodéfense féministe pour ados (et pas que…) de Maria Kronsky et Marion Le Muzic publié aux Éditions Goater. Cette bédé très intelligente donne des clés aux (jeunes) femmes pour les aider à faire face avec brio (et parfois avec humour) à de multiples formes d’agressions sexistes voire sexuelles en milieu scolaire (discriminations, cyberharcèlement, …), dans l’espace public (harcèlement de rue, exhibitionnisme, …) et dans l’intimité (relations abusives, …). Les autrices réussissent le pari de parler de ces sujets difficiles sans effrayer mais au contraire en insufflant une grosse dose de confiance, d’estime et d’acceptation de soi, bref d’empouvoirment ! « Posture, voix, communication, défense physique… tu y trouveras un ensemble de stratégies pour t’aider à vivre libre et en sécurité dans les lieux publics tout comme dans les espaces privés ! » Un livre pédagogique essentiel qui peut également être mis entre les mains des (jeunes) hommes, car c’est aussi et surtout à eux de comprendre les mécanismes d’oppression sexistes et de travailler à les éliminer en adoptant des comportements attentifs, respectueux et bienveillants…

Après Tata a de la barbe sous les bras, Anne-Gaëlle Morizur (texte) et Florence Dollé (illustrations) publient, toujours aux Éditions Goater, Ma grande soeur est un loup-garou. Cet album jeunesse traite de manière décalée du sujet du syndrome prémenstruel et permet d’engager ainsi la discussion et le débat avec les enfants comme avec les adultes. « Dino et Bruna sont frères et sœurs. Tous les mois, Bruna est d’une humeur massacrante et s’enferme dans sa chambre. Pour Dino, c’est sûr, elle se transforme en loup-garou… Un jour, il découvre une culotte ensanglantée dans le panier à linge. Ses soupçons se confirment : le loup-garou Bruna a agressé quelqu’un. »

Les éditions Goater publient également de la très bonne SFFF (Science-Fiction, Fantasy et Fantastique) grâce à la collection « Rechute » (qui rend hommage à l’emblématique collection des années 70 « Chute libre » des éditions Champ Libre). Y sont publiés des textes le plus souvent engagés et qui mettent parfois en valeur les auteur·es queers et non-blanc·hes :

  • Grève infernale, Norman Spinrad : « Comme une critique des chrétiens fondamentalistes et du corporatisme des syndicats américains, une « grève infernale » est le compte-rendu des combats menés pour améliorer les conditions de travail en enfer, notamment celles des démons. Qui accepterait de travailler 7 jours sur 7, 24 heures sur 24 et en plus sans salaire ? Emmenés par Jimmy DiAngelo dit Le Pourri, on y retrouve César Chavez, Jimmy Hoffa, John L. Lewis dans un rôle sur-mesure. » (Tous les trois sont des syndicalistes américains)

  • La pilule suivie de Big Girl, Meg Elison : « Une pilule miracle permettant d’avoir un corps de rêve pour le reste de sa vie apparaît sur le marché. Les gens qui la prennent, expulsent tout leur gras et leur excédent de peau grâce à leurs excréments et ce dans d’atroces souffrances. 10 % des gens en meurent dont le père de la narratrice. Malgré cette tragédie, tout le reste de sa famille, obèses comme elle, en prend. Petit à petit, ce traitement se diffusant, les personnes en surpoids deviennent rares, puis illégales. Les corps se normalisent et se ressemblent. La narratrice, devenue une paria, vit recluse. Sa différence peut-elle s’avérer être un trésor rare et précieux ?
    C’est par cette nouvelle que débute ce recueil. La suivante, Big Girl, met en scène la vie d’une géante qui apparaît au milieu de la baie de San Francisco. Un baiBé tout à fait incroyable. S’ensuit quelques autres nouvelles, sur la taille, le poids, la place des femmes dans la société, entrecoupées d’un essai et d’une interview par Terry Bisson. »

Dernière parution chez Demain Les Flammes, Le dernier des hippies de Penny Rimbaud (cofondateur du groupe anarcho-punk Crass) est enfin disponible en français : « En 1975 décédait Wally Hope. Ce doux hippie rêveur était l’un des pionniers de l’organisation des festivals libres – notamment celui, mythique, de Stonehenge – qui égayèrent les années 1970 britanniques et effrayèrent jusqu’aux plus hautes sphères du pouvoir. Suicide pour les uns, assassinat pour les autres, sa mort reste aujourd’hui encore un mystère.
Dans ce texte effréné publié en 1982, Penny Rimbaud rend hommage à son ami parti trop tôt et pointe du doigt la responsabilité de l’État. Tout à la fois manifeste anarchiste, brûlot de la contre-culture, cri de douleur et appel à l’insurrection non violente, Le dernier des hippies est un classique de la littérature punk. »

Collectif d’édition indépendant basé à Lille, Les Étaques ont publié l’année dernière :

  • Effacements, Histoires toulousaines, Les oubliés d’Urbain Vitry : « Si l’art de policer une ville possède une longue histoire, il connaît aujourd’hui un certain raffinement : il y a mille moyens de tenir la rue propre et bien ordonnée. De l’interdiction d’un marché populaire en centre-ville aux politiques de réfection de la voirie, en passant par la répression des Gilets jaunes et la lutte contre les graffitis, une même bataille se répète, inlassablement : faire plier les corps réfractaires, radier leurs mots, invisibiliser les présences indésirables, gommer leurs gestes et leurs traces. En dessinant ce que la métropole cherche à effacer, ce livre en dresse une critique au ras du sol – et esquisse, en creux, ce qui tente de lui résister. »
  • Il faudra faire avec nous, Lë Agary : « Il faudra faire avec nous est un manuel de sabotage déguisé en roman ou, plutôt, un roman déguisé en manuel de sabotage. Il nous embarque dans les pas et les pensées d’une activiste qui, chaque jour, lutte sur de nombreux fronts pour renverser un monde personnifié par Franck. Un jour trader, le lendemain vigile, préfet ou simple troufion au tonfa, celui-ci incarne le cynisme du capitalisme et la violence de son service d’ordre. En miroir de la répression étatique, Lë Agary nous plonge dans l’enthousiasme tenace de la révolte contre les injustices et ceux qui les provoquent. Face aux clichés médiatiques qui disqualifient les actions militantes, Il faudra faire avec nous restitue la généreuse spontanéité de celles et ceux qui désirent tout à la fois bousculer l’ordre social et constituer des collectifs audacieux. »

Trois nouvelles acquisitions chez Libertalia : les témoignages d’une trentaine de « francs-tireurs (anarchistes, situationnistes, communistes libertaires…) des années 68 » (Voyage en outre-gauche, Lola Miesseroff) ; un essai richement documenté et argumenté prônant la fin de l’enfermement (L’abolition de la prison, Jacques Lesage de La Haye) ; la genèse d’un groupe armé à la fin des années 70 (Action Directe, les premières années, Aurélien Dubuisson)

Mutines Séditions est une maison d’édition anarchiste créée il y a plus de 20 ans. Elle publie des textes qui accueillent « des réflexions et des interventions à travers lesquelles la pratique et l’expérimentation s’arment de toute leur détermination d’en finir au plus vite avec ce monde ». On y trouvera des traductions de textes italiens mais aussi des écrits historiques afin de « repeupler notre présent des possibilités toujours fécondes qui l’ont traversée » et de « proposer un dialogue fructueux entre les révolutionnaires d’aujourd’hui et ceux qui nous ont inspiré ».

  • Incognito, Expériences qui défient l’identification : « Ce livre qui parle de clandestinité projette un rayon de lumière dans l’obscurité. Il propose un saut dans le versant inconnu du secret, dans cette dimension parallèle où, souvent, même ce qui peut être dit ne l’est pas.
    Les dix textes rassemblés ici parlent de ce monde, nous en rapportant quelques voix parmi tant d’autres, des voix dont le ton, les émotions et les messages sont certes variés, mais qui vivent ou ont vécu dans la dimension de la clandestinité. Des expériences qui ont été endurées par choix ou bien pour des raisons extérieures à sa propre volonté, suite à un parcours de luttes révolutionnaires pour les uns ou bien d’une condition sociale pour tant d’autres, tous ceux qui n’ont plus rien à perdre sur les chemins de l’exploitation et de l’atrocité des frontières, pas même une pièce d’identité. »

  • La canaille à Golfech, Fragments d’une lutte antinucléaire (1977-1982) : « L’histoire de Golfech est une mine de suggestions, aussi bien théoriques que pratiques. A l’époque se succédèrent des actions directes collectives, comme l’invasion de chantiers et la destruction des outils et des constructions en cours, mais aussi la pratique du sabotage à un niveau industriel par des groupes d’affinité, infligeant de gros dégâts matériels aux entreprises, et enfin l’autodéfense contre les violences et les intimidations mafieuses de la police et de l’industrie nucléaire…
    Aucun individu, organisation ou groupe ne possède seul la force de s’opposer aux projets liés au nucléaire : le rapport entre les petits groupes d’action directe et le mouvement est sans doute un des éléments intéressants qui émerge des récits de Golfech, une indication qui reste valide pour développer les luttes qui nous attendent.« 
  • Vivre vite de l’autre côté du mur, Punks et anarchistes en ex-Allemagne de l’Est : « La plupart de ces récits de compagnons de Leipzig nous montrent que les « dissidents » d’Allemagne de l’Est des années 70-80 ne se battaient pas tous pour les libertés formelles ou le paradis de la consommation de l’Ouest. Mais pour une liberté qu’aucun État ne saurait satisfaire, pour des désirs qu’aucune économie ne viendra combler. Dans un cadre qui pouvait sembler absolu, ils nous montrent que l’oppression tient bien moins sur la force militaire que sur la soumission de tous et toutes. Ces jeunes anarchistes et punks qui squattaient, volaient, se battaient avec les flics lors de fêtes, organisaient des manifs sauvages, diffusaient des messages subversifs dans les rues, n’étaient finalement asociaux que parce que le reste de la société n’était que trop social, en phase avec le contrôle institutionnel et la délation de proximité. »

Entre océans, forêts et volcans, La lutte radicale mapuche : « Dans les territoires habités par les communautés mapuche, dont les terres furent accaparées par des investisseurs capitalistes, défigurées par les exploitants forestiers, ravagées par les entreprises énergétiques, polluées par les industriels et colonisées par des suppôts de l’État chilien ; les dernières décennies ont été marquées par une lutte incessante. S’il existe une riche hétérogénéité et diversité parmi les organisations de lutte mapuche et les communautés mapuche en résistance, la lutte dans le Wallmapu se déroule principalement autour de deux axes. D’un côté l’occupation de terres investies par des entreprises capitalistes ou par l’État, afin de les arracher à leur contrôle et de les restituer aux communautés mapuche ; et de l’autre, une pratique constante et diffuse de sabotage, d’action directe et de lutte armée, visant tout ce qui matérialise la domination étatique et capitaliste sur les territoires du Wallmapu qui s’étendent des côtes du Pacifique (au Chili) à celles de l’Atlantique (en Argentine).
Si cette publication n’a ni la prétention, ni l’ambition d’expliquer en détail la cosmovision mapuche, leurs coutumes ancestrales, leur spiritualité, les rapports au sein de leurs communautés, elle vise plus modestement à donner un aperçu de l’ampleur de la lutte qui s’y déroule, principalement à travers les communiqués et des déclarations faites par les organisations de lutte ou les communautés mapuche en résistance. Une chronologie qui ne prétend pas non plus à l’exhaustivité accompagne ce recueil de textes – que nous publions non pas parce que nous y adhérons sans critique, mais parce qu’ils permettent de se faire une idée du panorama et des différentes expressions de la lutte radicale mapuche. »

Digne représentant de la presse libre en Occitanie, le trimestriel L’empaillé vient de sortir son numéro de printemps ! Toujours aussi offensif, on pourra y lire des témoignages locaux de la lutte contre la réforme des retraites, un entretien avec Gwenola Ricordeau au sujet de l’abolition de la police, un article sur le RSA sous conditions en Aveyron, les liens entre le géant de l’aéronautique Airbus et la russie de Poutine, une critique de la méthanisation industrielle dans le Lot et de la ZFE à Toulouse, une apologie du rugby à XIII, etc.

Deux nouvelles acquisitions de « la revue participative de rencontres culinaires » Ingrédient éditée par l’association marseillaise Le Bouillon de Noailles : « Aubergine » et « Faits maison ». Cette revue, qui donne la parole aux habitant·es du quartier qui nous partagent leurs meilleures recettes suivant la thématique du numéro, est à chaque fois illustrée par un·e illustrateur·ice différent·e.

L’excellente « revue d’histoires, cultures et luttes des montagnes » Nunatak revient avec un numéro 8 dans lequel sont entre autres questionnés : les clivages que l’on peut parfois constater entre les différents groupes sociaux habitant les zones rurales et de montagne (dans les articles « Faire la fête et boire des coups  » et « Les gars du coin »), les arguments des promoteurs du très écoblanchi vélo à assistance électrique (dans « Transition à vélo, nuisances à gogo »), l’habile reconversion de l’entreprise Poma de l’industrie du tourisme à la gestion des déchets nucléaires (« Le tire-fesses, l’éolienne et le fût radioactif »), …

Une vingtaine de furieux·ses contributeur·ices dans ce #9 spécial déchets de Aд-RA, le graphzine psychédélico internationaliste de Lyon, avec des comics, collages, illustrations et une couverture sérigraphiée qui me fait dire : Faites gaffe hein ! Ça va finir par se voir que c’est vous qui tirez les ficelles du syndicat des poubelliers… 😉

« Nous avons souhaité, en lançant l’appel à contribution au coeur de l’été 2022, donner vie à une brochure qui prendrait le temps de faire le grand récit de l’aventure insomniaque, qui décrirait son pouvoir de nuisance et les épopées qu’elle nous fait traverser, qui expliciterait bien sûr nos tentatives pour lui échapper et nous rendormir. » Ainsi nous est présenté en introduction Insomnies, un recueil collectif en deux tomes, d’une cinquantaine de contributions : témoignages, récits, poèmes, illustrations, etc. De quoi permettre « l’évasion et la réassurance, l’échappée belle et la prise de force. Et glissé sous l’oeiller, il nous aidera à nous sentir moins seul·es quand le sommeil nous quitte. » Tu peux télécharger et lire le premier tome ici, et le deuxième tome .

Psy psy est un entretien avec Lucie, membre du groupe d’entraide et de soutien psy du plateau de Millevaches dans le Limousin. Elle nous partage 10 ans d’expérience d’accompagnement de personnes en souffrance psychique en milieu rural afin que d’autres groupes puissent s’inspirer de ces pratiques et essaimer ailleurs.

Le label Bus Stop Press vient de sortir Cheaptoys #28. Encore une reliure différente pour ce fanzine toujours aussi pointu écrit en français et en anglais. Ce numéro tourne autour de l’album « F# A# ∞ » du groupe Godspeed You Black Emperor. On y trouvera des traductions de certains de leurs communiqués et d’une interview datant de 1999 et le texte enragé “Le problème avec la musique” du producteur Steve Albini (également guitariste de Shellac).

Here is the winter 2022 issue of Papercore, an international DIY punkzine. In this #8, there is a guide on how to go on tour, interviews of Janpalach (Ukraine) and Sangre de Muerdago (Galizia), Fluff Fest festival report, columns, reviews, comics, … (and it’s in english)

Et voici le nouveau Up The Zines #22 ! Jeff a une bonne cadence de sortie ces derniers temps, à l’image de la riche actualité fanzinesque et c’est toujours un plaisir de le lire. Pour celleux qui n’ont pas suivi, Up The Zines est un (pour ne pas dire LE) zine sur les zines. Toujours des longues interviews de fanzineux (ici Argyope/The Re(a)d Zone, Punkulture, Troubadour, Guillaume qui a réalisé le docu Fanzinat) et dans ce numéro, vingt-cinq chroniques de sorties récentes de fanzines dont quelques-uns que l’on peut trouver sur les tables de la BIM (Bobby Pins, Cheap Toys, Karton, Papercore, Punkulture, Ratcharge, Ventoline, Zinobium Pertinax). Une ré-fé-rence !

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Nouveautés Mars ’23

Et voici la 40ème publication de Ratcharge : « On y parle beaucoup de violence, de flingues, de meurtres, de culpabilité, de prison et de la possibilité d’une rédemption, mais aussi de non-violence ou encore d’humour, de drogues, de littérature, de cinéma, de bande-dessinée et de restaurants libanais interlopes en guise d’oasis dans des villes gentrifiées. Les gros morceaux creusés au fil de ces 52 pages artisanales au format magazine répondent aux noms de John Waters, Joseph Andras, Charles Manson, JM Bertoyas ou Black Mask/Up Against The Wall Motherfucker (gang de rue anarchiste dans le New York des années 1960), mais on y croise aussi, pour peu qu’on garde les yeux ouverts, des références à Valerie Solanas, Siltbreeze Records ou Johnny Depp, ainsi qu’une paire d’illustrations de Geoffray Kaiser. »

Après les récits de voyage The Last Best Place (dans le Nord-Ouest américain) et Vandura Hotel (l’Ouest canadien et l’Alaska), Delphine Bucher des Éditions de la dernière chance nous offre Scottish Carnage, un road-trip en solo en Écosse où elle y croise « Crachin persistant. Météo maussade. Midges virulents. Landes désolées et montagnes austères. Un paysage rude enfoui sous la brume. » Un voyage qui n’a (une fois de plus) pas été très facile mais dont j’ai vraiment apprécié la lecture.

« Recettes étranges, graphisme soigné et idées lumineuses, tout se trouve réuni dans le fanzine Cuizine. Même les amoureux de la restauration rapide ne pourront pas rester insensibles aux bonnes choses proposées dans ces pages. Cuizine a été créé dans le but de publier des dessins et de partager des recettes de cuisine. On peut le lire comme un carnet de voyage, un recueil illustré ou un livre de cuisine. »

Flemme Actuelle est un chouette fanzine brestois dont le #7 (sorti il y a déjà presque un an) est en fait un hors-série Spécial Pizza. « Grâce à la pizza, nous pourrions parler de frontières, d’amitié, d’autogestion, d’esclavagisme salarial, de politique post-covid, de lobbying, de monde d’après pire encore que celui d’avant, de virage autoritaire, de sauce tomate, de fruit de mer, d’ananas… NON, Stop ! Finalement non, nous ne parlerons pas de tout ça… » Au passage, un grand merci à Carole de nous avoir divulgué ses best tips de pizz’, trop coolax ! 😉

« Depuis 30 ans, Les éditions de l’Épure tracent en toute indépendance leur élégant sillon dans le monde du livre. (…) Insolite, l’objet épurien élève la gastronomie au rang du livre d’art et donne la part belle au texte, au graphisme et aux papiers de création. Si l’Épure est indiscutablement reconnue comme maison d’édition culinaire, il faut entendre alors la branche à contre-courant, décalée, à la limite de l’iconoclaste. »

  • Manifeste pour le vin naturel, Antonin Iommi-Amunategui : « En marge de l’industrie du vin et de ses millions de litres insincères, le vin naturel nous offre en fait un modèle de société inédit, joyeux et transparent, à décliner immédiatement… Ce vin exemplaire, délicieux et philosophal – mais qui n’a aucune reconnaissance officielle à ce jour – méritait donc son manifeste. »
  • Manuel pour s’initier au vin naturel, Antonin Iommi-Amunategui : « Pour le consommateur lambda (celui que nous sommes tou·tes à certains égards), seulement une impression vague et confuse, où se mélangent allègrement vin bio, biodynamie, vin naturel et compagnie. Un manuel s’avérait donc nécessaire, pour distinguer clairement le vin naturel du reste de la bande ; et surtout, peut-être, pour savoir comment appréhender, gustativement et intellectuellement, ce vin encore marginal, mais qui prospère en périphérie de la consommation mainstream et commence à se rapprocher dangereusement de nos verres… Oui, le vin naturel va nous envahir, mais grâce au Manuel pour s’initier au vin naturel, vous saurez désormais comment accueillir joyeusement ce délicieux migrant liquide ! »

  • Le cognac, Les huiles essentielles, Le chocolat noir : « Chacun des livrets de la collection « Dix façons de préparer » expose en 24 pages dix façons originales d’agrémenter un même aliment, préalablement présenté dans une courte préface. Le choix des papiers, la composition typographique et la reliure cahier d’écolier fil de lin en font une édition originale de grande qualité. » De la sardine à la pomme de terre, en passant par le speculoos, le comté ou la cannelle, plus de 350 titres sont déjà parus…

Plus vite que le coeur d’un mortel, Max Rousseau & Vincent Béal aux éditions Grevis : « Ségréguée, paupérisée et vidée, Cleveland est passée du statut de métropole florissante à celui de cauchemar urbain. Massivement démolis, ses quartiers noirs sont progressivement rendus à la nature. Les conservateurs y extraient les dernières richesses tandis que racisme et austérité avancent masqués derrière des algorithmes. De ce paysage dystopique, une vision alternative émerge pourtant : celle d’un futur agricole et coopératif. Dix ans après le crash déclenché par l’effondrement des subprimes, ce livre offre une plongée dans l’épicentre de la dernière crise globale. En donnant la parole à celles et ceux qui sont confrontés au déclin extrême, il cherche à éclairer l’Amérique urbaine abandonnée. »

Je rajoute chaque mois sur les tables de la BIM quelques titres des Éditions Libertalia. Ce mois-ci, encore des classiques avec :

  • Libertalia, Daniel Defoe (qui a donné son nom à la maison d’édition) : « Dans cet extrait de la fameuse Histoire générale des plus fameux pyrates (Londres, 1724-1728), l’auteur du célébrissime Robinson Crusoé (1719) relate les aventures du capitaine Misson, « l’homme le plus doux dans ses manières qui eût jamais sabordé un navire ou tranché une gorge » et de son complice, l’hérétique Carraccioli, qui las de courir les mers, décident de s’installer à Madagascar pour y fonder une république égalitaire, tout en continuant à piller les navires passant à leur portée. La propriété est abolie, les ressources mises en commun ; les distinctions de classe, de sexe et de race disparaissent. Le rêve sera cependant de courte durée. »
  • Souvenirs d’un étudiant pauvre, Jules Vallès : « Du 8 janvier au 5 mars 1884, malade et de retour d’exil, Jules Vallès publie ses Souvenirs dans le quotidien Le Cri du peuple. Son récit complète Le Bachelier, qui parut en 1881, et anticipe L’Insurgé définitif, qui paraîtra après sa mort. Le grand écrivain et journaliste, le chantre de la Commune de Paris, y relate l’éducation politique d’une génération, celle qui eut vingt ans entre 1848 et 1851. »
  • Construire un feu, Jack London : « Il se souvint des conseils du vieux de Sulphur Creek. Ce dernier lui avait exposé avec la plus grande gravité la règle de survie selon laquelle aucun homme ne doit voyager seul dans la région du Klondike, quand la température passe au-dessous de moins quarante-cinq degrés. Néanmoins, il s’y était risqué. Il avait eu l’accident tant redouté et il était seul. Si l’homme avait eu un compagnon de route, il n’aurait pas été en péril. Son compagnon aurait construit un autre feu. Mais là, c’était à lui de le reconstruire, et, cette fois, il n’avait pas droit à l’erreur. Même s’il y parvenait, il allait probablement perdre quelques orteils. Ses pieds devaient déjà être sérieusement gelés, et un certain temps allait s’écouler avant que le nouveau feu pût les réchauffer. »

Petit livre autoédité au texte puissant, La forêt de l’agir a d’abord été publié dans Avis de tempêtes, Bulletin anarchiste pour la guerre sociale #40 en avril 2021. « Nos forêts, ce sont des rêves de petits groupes de saboteurs avec des bouteilles remplies dans leurs sacs-à-dos, de points de chute où on peut dormir tranquillement, de promeneurs nocturnes scrupuleux munis de scies et de pinces, de nuits passées à regarder les étoiles pour avoir les idées plus claires, de sources d’inspiration auxquelles abreuver nos coeurs lacérés par tant de dégoût et d’oppression, de brigands dépouillant les caravanes marchandes, de campements furtifs d’où partir à l’assaut. La forêt, c’est le monde souterrain où nous touchons la liberté dans notre agir. »

À couteaux tirés avec l’Existant, ses défenseurs et ses faux critiques, publié pour la première fois en 1998 en Italie, est un autre texte puissant développant une certaine projectualité anarchiste de l’insurrection et de la guerre sociale. En voici une traduction éditée par Mutines Séditions en 2007. « Nous pouvons ne rien faire, voilà la plus belle des raisons d’agir. Recueillons en nous la puissance de tous les actes dont nous sommes capables, et aucun maître ne pourra jamais nous enlever la possibilité du refus. Ce que nous sommes et ce que nous voulons commence par un non. De là naissent les seules raisons de se lever le matin. De là naissent les seules raisons de partir armés à l’assaut d’un ordre qui nous étouffe. D’un côté il y a l’existant, avec ses habitudes et ses certitudes. Et de certitudes, ce poison social, on en meurt. D’un autre côté, il y a l’insurrection, l’inconnu qui surgit dans la vie de tous. Le possible début d’une pratique exagérée de la liberté. »

La guerre du sous-sol, sixième cahier anarchiste internationaliste Hourriya, est un petit livre très bien documenté. « L’exploitation des matières premières constitue peut-être l’un des aspects matériels les plus crus du pouvoir au vu de la dévastation qu’elle provoque, mais elle révèle aussi profondément les rapports sociaux qui sont à la base de « cette marche du progrès ». (…) D’innombrables êtres humains et non humains sont sacrifiés chaque jour – réduits en esclavage, empoisonnés, exterminés, tués par des armes toujours plus puissantes et sophistiquées – pour la possession de ces éléments du sous-sol, piliers fondamentaux de l’édifice mondial de l’exploitation. Si la machine dévastatrice est fortement dépendante de l’extraction du charbon, du gaz, du pétrole, des minerais, … cela donne lieu à des guerres, des conflits sanguinaires, mais aussi à des luttes et des révoltes aux quatre coins du globe. »

Comment la police interroge et comment s’en défendre, publié par le Projet Évasions, est un livre qui peut être fort utile dans la période actuelle où le pouvoir est aux abois et ne tient que par sa police ultraviolente et sa justice classiste à la solde des puissant·es. N’oublions pas que la répression peut toucher chacun·e d’entre nous. « Un interrogatoire n’est pas un échange harmonieux entre deux individus. C’est un conflit. Et dans ce conflit, notre ignorance fait leur force. Ignorance sur le sens du travail de la police, ignorance sur les techniques de manipulation utilisées, ignorance sur le cadre juridique et enfin ignorance sur nos moyens de défense. En réponse à ce constat, après une année et demie de travail, nous avons le plaisir d’annoncer la parution d’un livre, pensé comme un outil d’auto-défense contre la pratique policière de l’interrogatoire. Afin que l’on puisse apprendre collectivement et individuellement à se protéger de la police jusqu’à ce que l’on jette cette institution dans les poubelles de l’histoire. »

Tumult est une maison d’édition proposant des « contributions anarchistes à la guerre sociale ». On y trouve plusieurs écrits insurrectionnalistes dont :

  • Le chant du cygne, Saborder la société industrielle et défier le sort qu’elle nous réserve. « Face au désastre climatique qui s’emballe, la société industrielle appuie sur l’accélérateur. Transition énergétique, innovations technologiques et renouveau industriel sont appelés à la rescousse des rouages qui se grippent et des moteurs qui crachotent. Dans son sillage, le navire titanesque du progrès laisse un paysage affligeant de béton et d’acier, d’usines et de chaînes technologiques, de pollutions et de plastiques, de chimères agrochimiques et d’irradiations durables. A bord de ce navire, le confort des cabines peut être amélioré, la salle des machines réorganisée, les officiers au gouvernail remplacés, mais la liberté n’y est pas possible. Ce qui nous reste alors, c’est de l’envoyer au plus vite par le fond et oser le saut dans les eaux libres. »
  • Caracremada, Sur les sentiers de la guérilla en espagne (1945-1963). « La vie de celles et ceux qui luttent pour l’anarchie est difficile à raconter. Vouées à l’action, leurs vies se déroulent aussi discrètement qu’elles sont vécues pleinement. La vie de Ramón Vila Capdevila, dit Caracremada, fait partie de ces parcours souterrains. S’engageant d’abord dans les groupes d’action armée nées au sein de la guerre sociale dans l’Espagne des années 20, Ramón connut ensuite les joies et les amertumes d’une vaste révolution sociale. Exilé en France après la victoire des franquistes, il rejoignit le maquis contre l’occupant nazi. Puis il reprit la lutte clandestine contre le régime militaire en Espagne : incursions pour amener des armes et du matériel, sabotages de pylônes de haute tension, d’usines et de voies ferroviaires, soutien logistique aux groupes de guérilla urbaine, expropriations pour financer la lutte. Ce fut une vie dure et intense au rythme des saisons dans les forêts et les montagnes de la Catalogne. D’une endurance exceptionnelle et d’une force de caractère hors du commun, Ramón sut prolonger les hostilités pendant des décennies. Agissant souvent seul ou en petit groupe, Caracremada arpenta les montagnes jusqu’à son dernier souper. »

  • Anarchisme et Insurrection, Alfredo M. Bonanno. « Certains mythes qui continuent à hanter les révolutionnaires, doivent être démolis de toute urgence si nous ne voulons pas nous contenter de simplement chérir l’idée de la liberté. Ne craindre ni les ruines, ni le bouleversement total de l’existant, ne pas nous leurrer dans l’attente d’une prise de conscience généralisée ou d’une participation à des luttes enfermées dans la logique du pouvoir. C’est là que surgit la question de l’insurrection. »
  • Sur le fil du rasoir (Finimondo). « Voici un recueil de paroles d’ennemis de toute autorité, qui cherchent à naviguer sur les eaux tumultueuses de la guerre sociale en esquivant les marécages dans lesquels les subversifs risquent de s’embourber, en tentant d’anticiper les rochers sur lesquels la pensée et la pratique anarchistes pourraient s’échouer. Leur horizon ? Le défi que si ce monde court à sa perte, rien n’est perdu. Leur boussole ? Une inimitié intransigeante envers le pouvoir, y compris lorsqu’il se cache sous les habits du révolutionnaire. Et surtout, l’exigence éthique que l’idée et l’action vont de pair. Car pour que l’idée ne flétrisse pas, il faut l’action pour la revigorer ; pour que l’action ne tourne pas en rond, il faut l’idée pour l’enchanter. »
  • Détruisons le travail, Alfredo M. Bonanno. « Nous ne sommes pas intéressés par les préoccupations politiques de ceux qui considèrent le chômage comme un danger pour l’ordre et la démocratie. Nous ne sommes pas non plus concernés par la nostalgie du manque de professionnalisme. Nous sommes encore moins enthousiasmés par les réformateurs du travail à la chaîne ou du travail intellectuel régi par la planification industrielle avancée. De même, nous ne sommes pas concernés par l’abolition du travail ou sa réduction à un minimum tolérable dans une vie ainsi imaginée pleine et heureuse. Derrière tout cela il y a toujours les griffes de ceux qui veulent organiser notre existence, penser pour nous ou nous suggérer poliment de penser comme eux. Nous sommes pour la destruction du travail. Procédons dans l’ordre : notre position est totalement différente et c’est ce que nous tenterons d’expliquer. »

Dès sa parution, L’Envolée #56 a été censuré par le ministère de la justice et l’administraion pénitentiaire qui en ont interdit la diffusion en détention et ont fait saisir les exemplaires dans les cellules des personnes abonné·es. C’est la troisième fois en deux ans que ça arrive, sous le prétexte de la gratuité du journal et de sa « large diffusion », susceptible d’avoir « un retentissement important auprès des personnes détenues« . Depuis 2001, L’Envolée porte la parole de celles et ceux qui subissent et affrontent l’enfermement. Ce journal est un des rares espaces de libre expression collective des prisonniers et des prisonnières et cette censure traduit la volonté autoritaire de museler toute tentative de dénonciation des conditions de détention et de la violence du système carcéral. Une bonne manière de les soutenir est de faire connaître ce journal, de s’abonner et de commander ici des numéros à distribuer. Solidarité avec L’Envolée et Crève la taule !

Le #3 de l’excellent journal toulousain Torba est sorti en décembre dernier. Toujours aussi beau graphiquement, on y trouve des articles sur la ZFE (Zone à Faibles Émissions), le nucléaire, les questions énergétiques, le travail en intérim, l’interview d’une sage-femme, des brèves, un horoscope, des mots croisés, des sorties d’albums, …

Soleil Noir est un bulletin apériodique anarchiste qui existe depuis l’été 2020. Cette initiative individuelle consiste à compiler et diffuser des textes, des infos, des analyses éparpillées dans des fanzines, des revues, des journaux ou sur le net en y rajoutant un point de vue personnel. Le #4 date déjà de Juin 2022, « il y est question de guerre en Ukraine, d’anti-électoralisme, d’entraide, de la résilience comme nouvelle religion, d’Extinction Rebellion, d’antipatriotisme, d’appel à solidarité avec les anarchistes biélorusses emprisonnés et d’action directe comme d’habitude. » On peut aussi télécharger le #1, le #2 et le #3.

La Cimade, fondée en 1939, est une association de solidarité active et de soutien politique aux migrant·es, aux réfugié·es et aux déplacé·es, aux demandeur·euses d’asile et aux étranger·es en situation irrégulière. Elle a publié et récemment mis à jour ces deux brochures : Comprendre les migrations internationales et Lutter contre les préjugés sur les personnes étrangères, qui sont de très bons supports pédagogiques pour déconstruire les idées reçues et aider à parler de ces sujets sans approximation.

Karton #9 est sorti, youpi ! La couverture est maintenant épaisse (ça fait vraiment la différence), et est ici magnifiquement dessinée par Elías Taño. Ravi d’y lire les interviews du journal L’Empaillé, du groupe skin antifa la Brigada Flores Magon et des punks féministes Penadas Por La Ley. On y trouvera également les chroniques des derniers albums de Sarah ATH et de Syndrome 81, un texte sur le roller derby et la traditionnelle playlist d’un de leur pote.

Plus de 2 ans que Zélium n’avait pas sorti de numéro ! Et voici donc le #12 du fameux journal satirique avec un dossier thématique qui a du chien ! Plus de 50 dessinateur·ices ont participé à ce numéro pour fournir plus de 100 dessins de presse autour des questions animales. Une enquête sur les abattoirs, une autre sur la SPA, une interview d’un chien policier, … la fine équipe de Zélium est toujours aussi mordante. On pourra également y lire une chronique littéraire de l’anarcopâtissier Noël Godin, une chronique du philosophe-forain Alain Guyard et moultes autres surprises…

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Émissions de radio

En 2022, la BIM est passée deux fois à la radio…

À l’occasion d’un épisode du cycle « J’aime lire » (sur les infokiosques, les éditions indépendantes, etc.) de l’émission Brasero de Canal Sud à Toulouse. Et ça s’écoute => ici <= N’hésite pas à écouter les trois autres épisodes dans lesquels tu pourras, entre autres, entendre le Kiosk, le Placard Brûle, la Bibliothèque Anarcha-Féministe, les éditions Blast et Terrasses.

Et puis lors de l’ultime festival de l’Intercollectifs qui fêtait ses 15 ans en octobre dernier. L’interview a été publiée sur la webradio du libre Onde Courte qui promeut le Do It Yourself et la culture du libre en diffusant uniquement de la musique et des podcasts sous licenses libres. Et tu peux l’écouter => <=

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La BIM en 2022

Et voici quelques photos des tables de la BIM en 2022. Un grand merci à toutes les personnes, collectifs, associations, festivals, bars, etc. qui m’ont invité l’année passée !

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Nouveautés Novembre ’22

« Créée en 2016, Nouriturfu est une maison d’édition à la ligne éditoriale en marge ou au coeur du comestible, ayant pour obsession d’emprunter de nouvelles pistes gastronomiques et agri-culturelles : aborder l’alimentation en tant que sujet à part entière et sous un angle éminemment sociétal, envisager les futurs de l’agriculture et de la cuisine, apporter un regard décalé ou engagé sur la nourriture, ceux et celles qui la produisent, la préparent, la pensent, la consomment… »

  • Skin Contact, Alice Feiring : « La spécialiste mondiale du vin naturel Alice Feiring traverse les terres originelles du vin, la Géorgie, et nous livre le récit édifiant de ses rencontres : depuis la sage éleveuse de vers à soie Lamara jusqu’au dernier vigneron de Staline, en passant par deux chasseuses de vin naturel japonaises, sans oublier bien sûr tous ces vignerons géorgiens, hommes et femmes qui ont de l’or liquide entre les mains. Les grandes tablées, les mémorables toasts et les mets locaux (dont les recettes sont détaillées au terme de chaque chapitre), ponctuent cette odyssée d’une Américaine amoureuse du vin dans la plus ancienne culture viticole au monde. Une aventure émouvante et dont le point final ne nous donne qu’une seule envie : courir déguster un de ces vins de macération, ces vins « élevés en contact avec la peau des raisins » (skin contact) si sensuellement liés à leur terroir et leurs traditions depuis 8000 ans. »

  • Manifeste pour un vin inclusif, Sandrine Goeyvaerts : « Si vous attendez de ce livre un petit bouquin distrayant, passez votre chemin (non revenez, on va rire un peu quand même). Attention, ça va piquer : le monde du vin est largement sexiste, classiste, raciste, LGBTphobe et validiste. La bonne nouvelle c’est qu’on peut tenter de comprendre ce qui nourrit ces inégalités pour y remédier. Avec l’éclairage de linguistes, sociologues, anthropologues, mais aussi les témoignages de professionnel·les ou d’amatrices et amateurs de vin, j’ai exploré son langage, démêlé l’écheveau complexe et souvent tordu que constitue le vocabulaire du vin, décortiqué tout ce qui coince : misogynie, invisibilisation, harcèlement, plafond de verre, manque de légitimité… Les obstacles sont nombreux. Dans ce manifeste, je propose donc d’autres façons de s’exprimer un verre à la main, plus respectueuses de la diversité du mondovino. Parce que la langue est un outil d’émancipation et qu’on a tout à gagner à redonner du sens aux mots partage et convivialité. »

  • Le guide des vins dont vous êtes le héros, Antonin Iommi-Amunategui : « Bienvenue dans le Donjon du Vin ! Le guide des vins dont vous êtes le héros – ou l’héroïne – se propose de rendre enfin vraiment ludique (et risqué !) votre parcours dans le monde du vin. Une fois franchie cette couverture redoutable, vous déciderez vous-même, pas à pas, du scénario de l’histoire : découvrir le vin, le choisir, l’acheter, le conserver, le boire… comme autant d’embûches possibles ! Chemin faisant, vous apprendrez beaucoup sur ce sujet réputé compliqué, tout en vous distrayant. Le vin est un plaisir, sa découverte et son apprentissage devraient naturellement l’être aussi. Et si vous vous y connaissez déjà, n’ayez crainte : ce guide unique regorge de conseils affûtés, d’enseignements subtils ou surprenants. Sauf à ce qu’en route vous ne tombiez dans une fosse pleine d’un vilain picrate bouillonnant… Et là, retour à la case départ ! »

« Pourquoi le nom d’une rue disparue est-il devenu celui d’une maison d’édition ? À Lille, plus personne ne se souvient de la rue des Étaques, ce bastion populaire et contestataire aujourd’hui enseveli sous le beffroi de la mairie. Les éditions Les Étaques s’inscrivent dans cet héritage. Elles portent la voix et la mémoire de celles et ceux qui en sont dépossédés. Essai, roman, recueil, les livres publiés nourrissent la critique sociale et explorent des imaginaires subversifs. »

  • Ce matin la mer est calme, Journal d’un marin sauveteur en Méditerranée, Antonin Richard : « Par le récit de ses expériences du sauvetage en Méditerranée, Antonin Richard nous embarque là où la démagogie des politiques européennes fusionne avec la police des régimes dictatoriaux. Là, aussi, où celles et ceux qui font vivre la camaraderie marine apprivoisent quotidiennement la mer – et s’activent pour laisser aux personnes qui migrent le droit de se donner un présent et un avenir. »

Reporterre est un média indépendant lancé en 2007 qui traite principalement de problématiques environnementales et sociales. Parallèlement au site internet, le « média de l’écologie » publie régulièrement des livres en collaboration avec le Seuil, et depuis cet été des « enquêtes imprimées » sous forme de brochures.

  • Techno-luttes, Enquête sur ceux qui résistent à la technologie, Fabien Benoît et Nicolas Celnik : « Marre d’être partout filmé et fliqué ? Ras-le-bol du tout-numérique ? Vous n’êtes pas seuls. Alors que la numérisation du monde semble inéluctable, accélérée par la pandémie de Covid, les oppositions se multiplient : résistances à la 5G, lutte contre le déploiement des technologies de surveillance, contestation de l’informatisation de l’école et de l’agriculture «high-tech», remise en question d’une histoire du progrès écrite par les vainqueurs… Mais qui sont celles et ceux qui s’opposent à la numérisation du monde ? Quelles sont leurs raisons et leurs moyens de lutte ? Cette enquête interroge ces nouveaux écologistes, qui affirment qu’un autre avenir que celui de Big Brother est possible. Ils contestent la technologisation du monde, inséparable pour eux du capitalisme et du productivisme, et imaginent une nouvelle forme de mouvement social, sans exclure l’horizon du sabotage. Tout en répondant à ces nombreuses questions, ce livre informé révèle le renouveau de la critique de la technologie, une composante cruciale du mouvement écologique. »

Quelques nouvelles acquisitions aux Éditions Goater de Rennes :

  • Contes et histoires arc-en-ciel, Collectif : « Il était une fois… Quand on raconte ou quand on lit des histoires, que ce soit pour les enfants ou les adultes, on y croise beaucoup de stéréotypes liés au genre, à la sexualité, aux orientations sexuelles, aux comportements. Il y a des princesses, un peu perdues, qui attendent le prince charmant ; des grenouilles qui parlent ; des ogres ou des korrigans. Le meunier fait du bon pain et le tailleur des beaux costumes. Le loup veut manger les petits enfants avec une préférence pour les petites filles, et les petits cochons sont forcément un peu idiots. Mais que se passerait-il si en plus des châteaux et des campagnes, ces histoires se déroulaient ici, dans nos villes et nos quartiers, dans nos mondes interconnectés, sur cette planète aux 1000 et un peuples ? Que se passerait-il si les histoires d’amour, les farces, la morale, ne reflétaient plus le monde idéal de la famille traditionnelle, mais venaient parler de nos vies, de nos peurs et de nos amours, quels que soient nos désirs, nos orientations sexuelles, nos identités de genre ou même nos cultures ? »

  • La Séquence Aardtman, Saul Pandelakis : « Dans ce monde futuriste, les humains ne sont plus que quelques millions sur terre et les bots sont depuis les lois d’autonomie, privilégiés par la société. Parallèlement, pour découvrir l’univers, des vaisseaux explorent l’espace à la recherche de planètes à ensemencer. Deux récits se succèdent. Celui qui raconte Roz, un homme transgenre qui se réveille à bord d’Arime, un vaisseau spatial autogéré ; et celui d’Asha, une bot transgenre qui épouse la cause des bot, exprimant leurs ressentis corporels, étudiant l’incarnation des intelligences et leur finitude. Roz et Asha ne se connaissent pas. Mais quand Alex, l’IA du vaisseau de Roz vrille de manière inexplicable pour être remplacée par une autre, la connexion s’établit… »

Et encore du Libertalia avec ces grands classiques de Jack London et George Orwell ainsi qu’une « suite » du chef d’oeuvre de Fernando Pessoa, Le Banquier anarchiste.

Aux éditions Grevis, Rien ne résiste à la joie de vivre, Libres propos sur la liberté souveraine, Raoul Vaneigem : « Que nous reste-t-il à espérer dans un monde aussi sombre, dévoré par le fascisme, le contrôle des corps et la marchandise ? Rien. Car tout est déjà-là : pour lutter contre la tristesse, le ressentiment et la haine qui partout gangrènent nos existences, Raoul Vaneigem lance ici un appel à la joie, à la liberté et à l’entraide. Par la poésie qui le caractérise, Raoul Vaneigem continue de tracer le sillon de sa pensée claire et sans concessions. : « Nous faudra-t-il crever de ne pas vivre pour réaliser que ceux qui gèrent nos existences la cancérisent ? » »

Et voici chez La Cabane d’édition, le magnifique Petit Manuel dessiné du Bois de Brin de Brunelle Dalbavie : « Un petit manuel pédagogique et accessible à toustes pour mieux comprendre les enjeux et les techniques de la filière artisanale du bois, de la sylviculture douce à la charpente traditionnelle. »

Lou Achard, agronome et poète, a publié aux éditions Plaine Page Les temps qui courent, un recueil de poésie qui « aborde nos vies humaines dans la modernité qui est actuellement la nôtre. Celle que l’on considère souvent comme du vrai. Des formes différentes cohabitent le long du recueil, se complètent, offrent des respirations, des changements de rythme. La dimension orale est importante de cette poésie qui s’écoute, se lit, et se performe. Elle interroge parfois la langue par néologismes et s’accroche à la signification des mots par définitions. »

On trouvera dans le dernier numéro du graphzine psychédélico-précaire-lyonnais Aд-RA des bandes dessinées et collages tout rouges de Ratcharge, Olivier Voyou, Bike Sabbath, Antipathic et Suka Mabuk.

Ben justement, après Useless Joints (voir Nouveautés Février ’22), Suka Mabuk revient et nous livre dans ZUT! cinq histoires dessinées en noir et blanc, « sorte de réponse art brut aux Freak Brothers : ça parle de shit, mais aussi de joints, de THC, de cannabis, ou encore de gros pétards. »

Antipathic (un autre membre du collectif Aд-RA) a sorti Cancer Money, un zine compilant divers collages qu’il a réalisé et qui nous font entrer « dans un monde étrangement coloré, dangereusement extatique et singulièrement complexe. »

L’illustratrice Zaka, dans Les Portraits du 20ème, nous partage une vingtaine de portraits électriques où les yeux prennent une place particulière ; et dans I Adore You, une interprétation personnelle et dessinée d’un morceau des German Shepherds, un groupe californien de musique industrielle des années 80.

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Nouveautés Octobre ’22

L’Empaillé #7 vient de sortir ! Extrait de l’édito : « C’est simple. On veut le retour des gilets, on veut des blocages de lycéens, des occupations d’amphis, d’usine, de sièges sociaux. On veut des assemblées générales de toutes sortes, partout, des action directes et des intersyndicales toutes les semaines, des pétitions et des barricades tous les lundis. On veut des manifs pacifiques et des feux d’artifice, des chemises arrachés et des séquestrations, des blocages et des auto-réductions. On veut être des milliers à chanter à l’unisson contre Macron et sa bande. Oh et puis c’est pas une rentrée sociale qu’on veut, c’est une année sociale ! » Et bim !

Basées à Rennes, les Éditions du commun « ont pour but le partage et la transmission de savoirs issus d’expériences, de pratiques et de recherche-action, que ce soient des savoirs individuels ou collectifs. Mais avant tout des savoirs produits par des personnes concernées et impliquées dans les sujets qu’elles évoquent. » On y trouve ainsi de la littérature du réel, des essais, des récits d’expériences collectives, … dont :

  • Survie en télévente, Marc-Adrien Nières : « Un recueil de notes, de souvenirs (drôles), de conseils amusants (et avisés), distillés avec soin afin de mieux comprendre la réalité de celles et ceux qui se retrouvent, chaque seconde davantage, et chaque jour un peu plus, perdus des deux côtés du combiné. »

  • Joie militante, Construire des luttes en prise avec leurs mondes, clara bergman et Nick Montgomery : « À quoi ressemble la joie dans les milieux de lutte ? Qu’est-ce qui nous rend collectivement et individuellement plus capables, plus puissant·es et pourquoi, parfois, les milieux radicaux produisent tout l’inverse et nous vident de tout désir ? C’est à ces questions que Joie militante tente de répondre, combinant propositions théoriques, analyses de cas pratiques et entretiens avec des militant·es issu·es de luttes diverses : féminisme, libération Noire, résurgence Autochtone, squat, occupations, luttes queer, anti-carcérales, d’autonomie des jeunes, anarchisme, autonomisme, écologie radicale. »

  • La Communale, Marc Faysse : « C’est un récit de vie, entre réel et fiction. Un parcours militant, radical. Une fureur de vivre portée au creux du ventre comme une charge explosive. Des choix comme des tickets de sortie que l’on brûle. Le combat et les questionnements d’une jeunesse contre un capitalisme débridé. »

Quelques nouvelles acquisitions chez l’excellente maison d’édition montreuilloise Libertalia :

  • Le Talon de fer, Jack London : « Dans ce récit d’anticipation publié en 1908, Jack London imagine la société future : révolte ouvrière, grève générale et… impitoyable répression. Roman socialiste à thèse, récit d’amour, ce texte a été lu comme une préfiguration de la société capitaliste poussée à sa forme extrême : le fascisme. »
  • B. Traven, romancier et révolutionnaire, Rolf Recknagel : « B. Traven (1882-1969) est un romancier majeur, mais il reste relativement méconnu dans les pays francophones. On lui connaît une trentaine de pseudonymes différents, à peu près autant de lieux et de dates de naissance, quatre ou cinq nationalités. L’auteur est tellement mystérieux qu’il intrigue et passionne. Cette biographie rédigée initialement en 1965 et actualisée maintes fois, que l’on doit au savant allemand Rolf Recknagel (1918-2006), s’attache à décrypter de façon pointilleuse l’œuvre et la vie de l’aventurier des lettres. Elle est un haletant récit sur l’écrivain qui acheva sa course au Mexique en se faisant le chantre des revendications égalitaires des populations indiennes. »

  • Une culture du viol à la française, Valérie Rey-Robert : « Dans cet essai documenté et novateur, l’autrice analyse et définit les violences sexuelles, déboulonne toutes nos idées reçues et bat en brèche l’argumentaire déresponsabilisant les violeurs. Elle insiste sur les spécificités hexagonales du concept de «culture du viol», démythifie le patrimoine littéraire et artistique, et démontre, point par point, qu’il est possible de déconstruire les stéréotypes de genre et d’éduquer les hommes à ne pas violer. »

  • Chéri-Bibi, Les cages flottantes, Gaston Leroux : « Dans ce chef-d’œuvre de la littérature populaire, initialement publié durant l’année 1913 en 120 feuilletons, Gaston Leroux (1868-1927) met en scène les aventures de Chéri-Bibi, un forçat en rupture de ban, tendre et violent, implacable et doux, victime d’un coup du sort et de la «fatalitas». »

Toujours un plaisir de recevoir le dernier Up The Zines ! « Le but initial de ce zine est d’essayer de faire un annuaire des sorties des fanzines punks, en espérant donner envie au lecteur de se procurer d’autres fanzines. Ensuite, donner la parole à des auteurs de fanzines pour essayer de comprendre leur motivation. » Et ça fait une bonne quinzaine d’années que Jeff continue ce boulot d’archiviste. Dans ce #21, deux longues interviews (Du Pain Du Vin Du Bourrin et Psycho Disco) et 38 fanzines chroniqués, dont quelques-uns que l’on peut trouver sur les tables de la BIM (Bobby Pins, Cheap Toys, Cheribibi, Demain Les Flammes, Karton, Le Gospel, Psycho Disco, Papercore, Punkulture, Ventoline, Zinobium Pertinax).

Le Gospel est un site internet d’informations pointues sur la musique et ses alentours (littérature, cinéma, arts visuels). Il se décline depuis peu en une maison d’édition et depuis plusieurs numéros en un zine dont voici le #10 qui rend hommage aux « outsiders ». Il y est question d’histoires de disques perdus, d’un vendeur en vidéo-club dans les années 2000, de la revanche des femmes critiques de rock, d’un clippeur de rap par accident, de l’actrice Shelley Duval, de Harry Smith et son Anthology of American Folk Music, des groupes The Microphones, Chocolat Billy, Spitboy et beaucoup d’autres ! Il y a même une interview de Delphine Bucher des Éditions de la dernière chance (dont je parle dans les Nouveautés Juin ’22)… « Ce numéro 10 est donc l’occasion de se pencher sur des destins très variés d’artistes et d’artisans, du rap à la littérature beat, du dessin au cinéma alternatif, du punk rock à la country. »

Encore un nouveau Karton ! Dans ce #8 : une interview du groupe Bake Faltsua qui nous parle du Pays-Basque, de sa riche scène punk, des Gastetxes (les espaces d’organisation politique autogérés par et pour les jeunes et travailleur·euses) ; une interview de JOE1 (qui a fait la couverture de ce numéro), une illustratrice de Bologne qui évoque la scène punk hardcore italienne et ses projets de bédés ; une lettre de Libre Flot (datant de l’été 2021) depuis l’isolement à la prison de Bois d’Arcy ; des reviews d’albums de Zippo (rap) et Shooting Daggers (queercore) ; une interview de Loran, ancien Bérurier Noir et actuel Ramoneurs de Menhirs, etc. Bref, ce fanzine toulousain bilingue (fr/en) est toujours aussi dense et continue numéro après numéro à nous faire découvrir et partager avec passion les scènes anarcho-punk et diy européennes actuelles.

Gloire ! La Voix de Satan arrive sur les tables de la BIM ! C’est « une revue trimestrielle paraissant lors des solstices et des équinoxes. Dédiée à la spiritualité, la culture alternative, les arts extrêmes, le satanisme ésotérique, les illustrations diaboliques, l’Histoire de Satan, le cinéma et la musique. » Magnifiquement illustré, ce fanzine démoniaque donne la part belle aux représentations de Satan dans la culture : du black metal au rock psyché, de la littérature populaire à la bande dessinée, du cinéma de genre aux documentaires. Ajoutez à ça une pointe de magie, une louche d’ésotérisme et une bonne dose d’histoire de l’occultisme ! Les passionné·es à l’origine de ce fanzine très sérieux (mais avec parfois quelques touches d’humour) nous conduisent donc dans leur univers et nous partagent leurs codes qui feraient frémir plus d’un cul béni : le #11 (dernier numéro en date) est dédié à l’Ivresse et la Luxure ! Chaque numéro coûte bien évidemment 6,66 €.

Et voici Ventoline #4 sorti en mai dernier. Ce superbe fanzine musical exclusivement écrit et illustré par des femmes parle « de destins tragiques, de ce que le pogo peut nous apporter d’autres que des mandales, de revivalisme folk, de vie à partir en tournée, de Miami Bass d’ados vénères, d’arrière cuisine, de mauvais sentiments mis en chanson, de collectionnite, de teufs dans les bois et même d’un disque découvert dans Ventoline #1. »

Le #27 du fanzine Cheap Toys de Giz de Bus Stop Press à Marseille contient plusieurs textes en anglais mais aussi une traduction d’un texte des Diggers de San Francisco datant de 1978 sur la question de la gratuité, une réflexion sur l’usage de l’argent liquide, des photos de concerts et même quelques tips cuisine et DIY.

J’ai retrouvé quelques Rafale #3, le zine DIY sous-titré à juste titre « Le copain des bois de la débrouille ». Celui-ci date de fin 2016 et il n’y en a malheureusement pas eu d’autre depuis… « Voulant se concentrer sur l’aspect pratique des choses, et tout particulièrement sur leur détournement, Rafale, mains dans le cambouis jusqu’aux coudes, ignore les règles, les contraintes et les lois. Il ne théorise rien. Il prend acte et s’amuse, avec la connerie de la rage adolescente, avec la malice du contournement de tous les dispositifs nous environnant, avec la méchanceté de la pègre, avec la folie de la plèbe. » Ouvrir des panneaux de pub, rouler à l’huile, utiliser des plantes médicinales, détourner l’éclairage public, construire un poêle à bois, naviguer anonymement sur le net, … autant de petites astuces et facéties qui peuvent être utiles à tout·e pirate de l’existant !

Ani(mal) est un fanzine de 6col datant de 2018. « Adaptation animale dans un carnage humain » en collages et techniques mixtes.

PD La Revue est « un magazine qui parle des identités et des vies homosexuelles, par et pour les pédales et tapettes en tout genre, avec rage et tendresse à la fois. Entre revendications et empuissancement communautaire, la multiplicité des identités homos et les contradictions qu’elles charrient y sont abordées sans peur. » Le #4 aborde le thème de l’enfance avec des témoignages, analyses, récits, poèmes, photos, bédés et illustrations.

Le « journal casse-pierres du coin » Saxifrage vient de sortir son #25. On trouvera dans ce journal albigeois un long article sur la fermeture de la MJC de la préfecture tarnaise, un autre sur les containers à poubelles « connectés », un témoignage d’une travailleuse saisonnière dans un call center, …

L’âge de faire est « un périodique mensuel créé en 2005 qui traite des thèmes de l’écologie, de la citoyenneté et de la solidarité, au niveau local comme international. » Et il y avait un dossier spécial sur l’anarchisme dans le numéro d’avril dernier : rappels historiques, horizontalité, autogestion, antimilitarisme, hacking, black bloc, propriété d’usage, zads… Il est également question dans ce numéro du féminisme au Kazakhstan, des forêts brûlées en Sibérie, de la présence malfaisante de la fRance au Sahel, …

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Nouveautés Septembre ’22

J’ai pris un peu de retard dans la mise à jour du blog, mais voici enfin les nouveautés du mois dernier :

Depuis pas mal d’années, Alex Ratcharge publie et participe à de nombreux fanzines sous forme de nouvelles, d’illustrations et de récits. La BIM diffuse déjà Entre un néant et un autre, Psycho Disco, Aд-RA et je suis très heureux d’avoir à présent sur mes tables Scumbag un recueil de deux de ses nouvelles, et son premier roman Raccourci vers nulle part aux Éditions Tusitala. On y suit, dans un récit à la première personne, l’histoire touchante et magistralement bien écrite d’un jeune punk, ses galères familiales, amicales et amoureuses. « La biographie de tout le monde » m’a-t-on soufflé… « En Raccourci vers nulle part résonnent l’énergie des «Angry Young Men», les larsens d’un concert de punk et les voix dissonantes d’une chorale de souris déglinguées. »

Les Éditions Goater ont été créées en 2009 à Rennes. On y trouve des livres en breton, des livres en LSF (Langue des Signes Française), mais aussi de la (très) bonne science-fiction/anticipation/fantasy, dont Blue de Joël Houssin (le créateur du personnage Dobermann adapté au cinéma) qui est une sorte de croisement entre la série de films Mad Max et le roman de Jean-Bernard Pouy Spinoza encule Hegel :

Ont également été publiés chez Goater des polars anar, avec notamment le jouissif Tuez un salaud de Colonel Durruti :

un excellent guide du sexe pour les femmes et les queers (très instructif aussi pour les mecs cis) :

et quelques albums jeunesse (très instructifs aussi pour les adultes) :

dont des beaux livres de coloriage dégenrés et féministes :

On reste dans cette thématique avec les Éditions des trois canards et leur dernière parution, Des féministes dans quel genre ? Pour un féminisme trans’ inclusif de Anormally : « Chaque fois que j’entends des propos transphobes tenus par des personnes se disant féministes, ça me rend triste. C’est pour ça que j’ai eu envie de faire une petite BD qui parle de la nécessité d’inclure les personnes trans dans la lutte féministe. En 20 pages, j’ai tenté une recette simple avec une pointe de féminisme matérialiste, un zeste de théorie queer, quelques miettes d’informations sur la transphobie et ses conséquences, le tout épicé d’un peu d’humour… ».

Quelque chose a changé est un roman d’anticipation autoédité par Lucie Heder. On y suit plusieurs personnes qui font face, à la ville et à la campagne, à une société de contrôle technologique. Leurs tentatives pour échapper à ce monde « connecté » s’entremêlent tout en évoquant leurs souvenirs et imaginaires d’enfance, le monde comme il était « avant » et peut-être même celui qu’il sera « après ».

Aller au fond l’été de Esther publié aux éditions Le Sabot tient de « la nouvelle, du poème narratif, du thriller ». On y suit le narrateur et Lola dans une ambiance caniculaire, torride, incandescente…

Ingrédient, « la revue participative de rencontres culinaires » éditée par l’association Le Bouillon de Noailles, nous confie depuis deux ans (et une dizaine de numéros) les recettes d’habitant·es de Noailles à Marseille sous forme d’histoires glanées dans le quartier, au gré de rencontres dans des lieux spécifiques ou de thématiques alimentaires. Un carnet de recettes pas comme les autres, où le plat nous est conté. Voici ici les numéros « Fermentés », « Coiffeurs », « Bar du peuple » et « Pain » :

Le café asso les Hauts Parleurs à Villefranche-de-Rouergue (12) vient de sortir son fanzine « qui régale » : choux farcis, curry de lentilles, lasagnes aux épinards, … plus d’une vingtaine de recettes dont des desserts et même des masques de beauté ! Il est superbement illustré et a été imprimé et façonné par l’équipe de Hors-Cadre. Et si vous voulez directement déguster les plats, la cantine des Hauts Parleurs est le jeudi midi… 🙂

Sous les verrous est la transcription, publiée par l’imprimerie L’Impatience, de l’enregistrement d’une conférence sur la prison donnée par Alfredo Bonanno à Bologne en 1993. Pour cet anarchiste italien, théoricien majeur de l’insurrectionnalisme, il s’agit pour que nous puissions tou·tes être libres de « revendiquer un monde sans aucune espèce de prison, et d’interpréter ce désir dans le sens offensif, de la destruction de la prison dans une optique révolutionnaire. »

Sortie en 2011 en Italie, l’autobiographie Ma peste de vie de Claudio Lavazza, emprisonné depuis plus de 25 ans en Espagne, a été traduite en français et publiée en 2018 par les éditions L’assoiffé. « Qui est Claudio Lavazza se comprend dès la première page de ce livre : les actions dont il est accusé parlent clairement. Un rebelle, un guerrier, qui a participé, ensemble avec tant de jeunes de sa génération, à la tentative de changer la société et le monde, assumant l’entière responsabilité de l’avoir fait avec tous les moyens adéquats. Son autobiographie n’est pas seulement un témoignage de plus sur la lutte armée de la fin des années 1970 et du début des années 1980, mais c’est aussi le portrait d’un homme qui, cas plutôt rare pendant les périodes de répression impitoyable de l’insurrection armée en Italie, ne s’est pas enfui à l’étranger pour se satisfaire des promesses de gouvernements plus ou moins protecteurs, n’a pas accepté la condition de réfugié politique, mais a poursuivi la lutte au-delà des Alpes, mettant en pratique avec une cohérence lucide les principes de l’internationalisme prolétarien et démontrant que, comme l’injustice et l’inégalité, l’urgence même de les combattre ne connaît pas de frontière. » LIBERTÉ POUR CLAUDIO ET TOU·TES LES AUTRES !

Ce recueil publié en mai 2022 recense une partie des textes et réflexions sorties depuis l’incarcération de Boris à Nancy en septembre 2020. On y trouvera entre autres : un rappel des faits, une lettre de Boris qui assume et explique pourquoi il a incendié deux antennes relais en avril 2020 dans le Jura, une analyse du dossier criminel, des recensions d’attaques et d’initiatives publiques solidaires, etc. Après quelques mois de coma artificiel suite à un incendie dans sa cellule en août 2021 durant lequel il a été grièvement blessé, Boris risque à présent, par une procédure de « mise sous protection juridique » d’être placé sous tutelle ou curatelle renforcée. « Boris porte des idées anarchistes combattant toute forme de pouvoir depuis des années, et il le paye une fois de plus au prix fort. Pour la démocratie, toujours plus vendue comme le seul horizon possible sous le paradigme de la liberté technologique, pathologiser des comportements dits « hors-normes » ou trop contestataires est une manière de tenter de les neutraliser pour imposer son hégémonie. » SOLIDARITÉ AVEC BORIS !

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Brochures Août ’22

Quelques réimpressions de brochures plus ou moins récentes… la plupart sont disponibles en pdf sur infokiosques.net

 

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Nouveautés Juillet ’22

Une des dernières sorties des éditions Grevis, Écofascismes, Antoine Dubiau : « L’écofascisme semble réductible à sa fonction d’insulte politique. Cet usage masque les appropriations concrètes des enjeux écologiques par les idéologies et les organisations fascistes. Si l’extrême-droite paraît à première vue hostile à toute politique environnementale, il existe bien un risque écofasciste s’adossant à une véritable conviction écologique ainsi qu’à de robustes bases idéologiques. Contrairement à sa conception politique courante, l’écologie n’est donc pas naturellement de gauche. Le discours écologique doit être clarifié pour échapper aux différentes formes de fascisation de l’écologie. »

Une nouvelle traduction du roman génial de Ursula K. Le Guin, Les Dépossédé·e·s. Cette « utopie ambigüe » publiée pour la première fois en 1974, compare du point de vue d’un habitant d’Anarres, deux planètes au fonctionnement différent, l’une capitaliste (Urras) et l’autre communiste libertaire (Anarres). Un texte de SF résolument politique autoédité par Bus Stop Press et Seitan’s Hell Bike Punks (qui sont également à l’origine du fanzine Papercore, voir plus bas).

Après Coup deux barres (sur la grossesse indésirée et l’avortement), À quoi tu joues ? (qui questionne les jeux et jouets genrés) et Vent de face (des témoignages de personnes subissant des oppressions au quotidien), et en attendant leur prochaine publication sur le sujet du féminisme transinclusif (Des féministes dans quel genre ?), les Éditions des trois canards ont sorti Juste un bisou… et puis quoi encore ? « Sacha est bien content de voir ses tontons et sa mamie, mais moins de devoir leur faire des bisous à tout prix. Heureusement, il a plus d’un tour dans son sac et propose des alternatives aux bisous lorsque l’on n’a pas envie d’en faire. L’histoire est prévue pour la tranche 2-5 ans, même s’il n’y a pas d’âge limite pour questionner son rapport au consentement, en particulier vis-à-vis des enfants ! » On y apprend même quelques mots de LSF (Langue des Signes Française).

Plusieurs livres de l’Atelier de Création Libertaire, maison d’édition lyonnaise fondée en 1979, dont :

  • Journal-manifeste d’un tipi dans la ville, Thomas Hawk : « 2011, des camps nomades se montent sur les places des centres-villes de l’hexagone. Sur le plateau de la Croix-Rousse, à Lyon, des tipis, des yourtes et des bus s’installent illégalement pour faire exister un espace de liberté et expérimenter collectivement une autre manière de vivre. Quelques tipis sont restés dans la ville, déménageant dans le jardin d’une maison occupée. Ce journal raconte cette histoire. Comme un clin d’œil aux derniers terrains vagues, il se révèle être un manuel de poésie quotidienne qui fait l’éloge des friches. À travers ces pages, Thomas Hawk raconte son aventure et ses quelques mois passés à vivre en tipi dans la ville. »

  • Emma Goldman, Une éthique de l’émancipation, Max Leroy : « Cette biographie, la première en langue française, retrace l’histoire de cette militante inlassable de l’émancipation, à la fois libertaire et communiste, féministe et nietzschéenne. Née en Lituanie et morte à Toronto, sa vie se lie aux deux siècles qu’elle escorta : des grèves ouvrières états-uniennes à la Première Guerre mondiale, de la ­Russie rouge à la Catalogne, de la montée du fascisme à la lutte contre le nazisme, Goldman fut de tous les fronts – et jamais la prison, l’exil et la mise au ban n’entamèrent sa détermination. »

  • Indios sans roi, Rencontres avec des femmes et des hommes du Chiapas, Orsetta Bellani : « Cet ouvrage, qui a par bien des aspects la forme d’un carnet de route, nous rapproche au plus près des communautés zapatistes du Chiapas. Les personnes qui ne seraient pas informées sur l’insurrection zapatiste y trouvent des éléments pour remonter aux origines du mouvement tandis que les autres y puisent des informations actualisées et sans doute des ouvertures sur des aspects peu connus de la vie des communautés. Chaque thématique est abordée par le biais d’une rencontre avec des femmes et des hommes engagés au quotidien, qui ont pris en main le changement et agissent par le bas. Il n’est pas question d’encenser les zapatistes, présentés avec l’approche critique nécessaire, mais bien de rappeler que le changement est toujours en acte au Chiapas, même si les zapatistes ne font plus la une de la grande presse… À leur façon ces hommes et ces femmes montrent qu’un autre monde est possible. »

  • Pour un municipalisme libertaire, Murray Bookchin : « Depuis plus de quinze ans, la brochure Pour un municipalisme libertaire est l’un des textes les plus diffusés de l’Atelier de création libertaire. Pour nous, la raison en est simple  : un certain nombre de libertaires – ainsi que des personnes s’intéressant à un engagement conséquent dans une politique du quotidien – trouvent dans les propos de Murray Bookchin des idées leur permettant d’avoir, non pas une réponse, mais quelques pistes pour bousculer les a priori. D’un côté, celui qui déclare la démocratie morte ou, pour le moins, très ankylosée, et, de l’autre, celui qui affirme n’y avoir plus d’espace dans nos villes, dans nos quartiers, pour une politique libertaire du quotidien… »

La couverture du #6 de l’excellent trimestriel L’Empaillé est parlante : c’est l’été, c’est brûlant et pourtant, c’est probablement un des derniers étés les plus frais qu’on a l’occasion de vivre, tant que ce vieux système capitaliste tiendra debout… On trouvera dans ce numéro : un bon tacle à La Dépêche, une balayette à un groupe ariégeois d’extrême-droite confusionniste, un uppercut aux projets urbanistiques délirants à Sète et à Toulouse, un front kick aux projets éoliens industriels en Occitanie, une interview d’une militante d’Act Up Sud-Ouest, un retour sur le DTour qui a sillonné l’Occitanie pendant l’entre-deux tours des pestilentielles, … et on peut s’abonner ici.

Après un #0 qui a été un succès, Nantes Révoltée devenue Contre Attaque sort un nouveau numéro de 68 pages : un dossier sur la technopolice et la société de contrôle (pass
sanitaire, fichage et monde « sans contact »)
, un retour sur la tentative de dissolution de Nantes Révoltée et une histoire de cette procédure d’exception, un décryptage de l’industrie nucléaire, du graff, des banderoles, des tags, des luttes féministes, de l’écologie, …

La revue Epectase est née il y a deux ans et demi « d’une envie de rassembler diverses approches, réflexions, visions autour de l’érotisme. Un érotisme sauvage qui ne se laisse pas enfermer dans des normes, des étiquettes ou des jugements moraux. Un érotisme qui cherche à s’émanciper des schémas oppressifs et des postures d’autorité. » Et voici le #5 qui comporte des contributions en quatre langues (français, anglais, allemand et italien) d’une dizaine de personnes provenant de 6 pays différents (on peut trouver les traductions sur leur site).

Les #7 de deux très chouettes punkzines en partie produits à Toulouse :

  • Dans Papercore, il y est question d’un infokiosque tokyoïte, d’anarchistes ukrainiens face à la guerre, d’ateliers DIY de réparation de vélos, et de nombreuses chroniques de livres, zines et albums. (in english)
  • Et dans Karton, on pourra lire les interviews de Crippled Fox (groupe de trash metal hongrois), de Never Brush My Teeth (artiste d’Athènes qui a dessiné la magnifique couverture de ce numéro), d’un habitant (et chanteur dans Antidigos) de la Caserna Rossani (squat à Bari en Italie), du collectif de rap féminin autogéré PoweRap Girlz, et beaucoup d’autres choses. (FR/EN)

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Nouveautés Juin ’22

Beaucoup de nouveautés ce mois-ci !

Le #6 de Demain Les Flammes (Et s’ouvre enfin la maison close) est épatant et totalement différent des autres numéros : Nathan Golshem y a recueilli et retranscrit pendant plus de cinq ans les témoignages et anecdotes d’environ vingt-cinq personnes liées au Clandé, un squat toulousain qui a tenu de 1996 à 2006. Il nous transmet ainsi les trajectoires des différent·es protagonistes, mais aussi l’histoire des luttes toulousaines, des récits de concerts, l’évocation de la catastrophe d’AZF, le côté fédérateur des radios libres, etc. Et la couverture en velours rouge et lettres d’or rappellera, à celleux qui l’ont connue, la déco du Clandé héritée de la précédente utilisation du bâtiment. « La légende raconte que, au cœur d’un ancien bordel à l’architecture baroque ravi à la rapacité du marché immobilier, des gens fougueux et pleins d’espoir s’engouffrèrent à bride abattue dans le tourbillon d’une vie collective. Là, ils vécurent des expériences aussi formatrices qu’exaltantes en conduisant une guerre contre le Vieux Monde. » Le puissant témoignage d’une force collective politique et culturelle qui laisse des traces encore aujourd’hui !

Gros coup de coeur pour les Éditions de la dernière chance ! Dans une démarche complètement DIY, Delphine Bucher réalise de superbes linogravures, a sorti des fanzines illustrant les expressions parfois désuètes et souvent inusitées de la langue française (Aprés nous le déluge), compile les souvenirs de quelques-un·es de ses potes liés à la lecture et aux livres (Zinobium Pertinax), raconte un road trip avec sa soeur dans le Nord-Ouest américain sur les traces de ses écrivains favoris (The Last Best Place) et un voyage de deux mois dans l’Ouest canadien, à travers l’Alaska et le Yukon (Vandura Hotel). Son univers tourne autour de la littérature contemporaine nord-américaine (Jack London, Jim Harrison, …), du cinéma de genre, du rock’n roll, … « Vandura Hotel, c’est une ode aux grands espaces, à la vie sauvage, à l’aventure, au nature writing et à la littérature. Des pages et de la route : La seule vie qui ait du sens. »

La maison d’édition indépendante et associative Grevis basée à Caen, a récemment sorti :

  • Dans la foule, une manif dont vous êtes l’héroïne/le héros, Atelier Les mains dans le dos : Ce livre-jeu réveillera sans nul doute des vieux souvenirs à celleux qui ont connu les « Livres dont vous êtes le héros » dans les années 90. Sauf qu’au lieu de combattre des dragons, des trolls et autres araignées géantes, il s’agit ici de déambuler dans une manif, muni d’objets plus ou moins utiles à la riot, de participer à ce moment de liesse collective tout en réussissant à échapper aux flics et à la répression. Nos décisions ainsi que quelques lancers de dés détermineront la suite de l’histoire… et il y a plusieurs fins possibles !

  • Nous sommes en guerre, Pierre Douillard-Lefèvre : une étude de la militarisation de la police au service de la terreur d’État par un chercheur en sciences sociales qui a été gravement blessé à l’oeil par la police lorsqu’il avait seulement 16 ans.
  • Crimes & Peines, Gwenola Ricordeau : une redécouverte des textes majeurs de l’abolitionnisme pénal et policier, et une réflexion sur les modalités de résolution des conflits.

Les éditions Le Sabot, « Art et Littérature de Sabotage » sont nées de la compilation des cinq premiers numéros de la revue Le Sabot, « Revue Littéraire de Sabotage » en un seul volume, d’autres ont suivi et également des romans et nouvelles. « Les textes, dessins et photographies publiés dans la revue viennent décrire, analyser et embrasser nos réels pour faire apparaître les luttes, les inquiétudes et les désirs qui nous composent : l’acte poétique nous permet d’intervenir sur nos manières de penser et d’agir sur le monde, de le dire sans passivité. Le collectif du Sabot est mobile, mouvant ; des constellations sans ancrage géographique, pratiquant au hasard le vers libre, le dessin numérique ou non, le collage, la science-fiction, la parodie, la gravure ou la nouvelle. »

  • Le Sabot 1-5 : #1 Sabotage ; #2 Saboter le confort ; #3 SEXE ; #4 Saboter le travail ; #5 Violence
  • Le Sabot 6-10 : #6 Terre! ; #7 La Soif ; #8 Saboter la Honte ; #9 Saboter la Ville ; #10 Saboter le Piège

  • plein soleil, natol bisq : « Lancée sur les traces d’un auteur à succès avec qui elle a des comptes à régler, Léa croise la route du Lacis, une nébuleuse cybercriminelle. Pendant ce temps, la rumeur chuchote à travers l’Europe le nom d’une mouvance nouvelle, née à Istanbul, qui depuis le tréfonds de la nuit s’apprête à inonder le jour. »
  • Tabor, Phoebe Hadjimarkos Clarke : « Mona et Pauli ont survécu à d’étranges et immenses inondations. Elles vivent et s’aiment à Tabor, un nouveau monde bricolé. Mais de mystérieux visiteurs, sorciers ou fonctionnaires, viennent en troubler l’équilibre, jusqu’à l’ensauvagement définitif. Comment faire face?
    Anticipation queer pessimiste, dystopie magique ou rêverie révolutionnaire gothique, ce récit explore la possibilité de l’amour et de l’action dans un monde en ruines. »

Quatre bédés des éditions Nada, et une nouvelle parution dans la collection « Petits classiques de l’anarchisme » :

  • Ni web ni master, David Snug : « Après Dépôt de bilan de compétences, David Snug nous livre un manuel d’autodéfense numérique mêlant humour et satire sociale. De la dépendance aux smartphones à l’emprise des réseaux sociaux, de Google à Amazon, de l’ubérisation de l’économie de service aux sites de rencontre, rien n’échappe à son regard impertinent et décalé. »

  • Avec Fire!!, Peter Bagge (auteur underground de comics américain) signe une biographie documentée et décapante de Zora Neale Hurston, femme de lettres à l’esprit libre et à la personnalité flamboyante, une des figures majeures de la Renaissance de Harlem, mouvement de renouveau artistique de la culture africaine-américaine dans le New York des années 1920.
  • Dans Femme Rebelle, Peter Bagge nous raconte l’histoire haute en couleur de Margaret Sanger, militante radicale, provocatrice et controversée, fondatrice du journal The Woman Rebel et du Planning familial et qui a bousculé l’Amérique conservatrice du début du XXe siècle par son combat pour le droit des femmes à disposer librement de leur corps.

  • Gonzo, une biographie graphique de Hunter S. Thompson, Will Bingley : « Iconoclaste, roublard, hédoniste, mythomane, toxicomane et psychopathe, on a tout dit de Hunter S. Thompson. Vrai ou faux, qu’importe. Thompson, journaliste et romancier halluciné (Las Vegas Parano, Rhum Express, …) et intrépide défenseur des libertés individuelles, est au-dessus de la mêlée des commentateurs de ce monde. Voici l’histoire d’un gamin agité de Louisville devenu une icône internationale. Voici une histoire qui retrace les faits mythiques du journalisme « gonzo », sonde les pages les plus sombres de la politique américaine et raconte une vie qui dépasse largement la fiction. »

  • De l’utilité des rebelles, Manuel González Prada : « Dans ces textes, le philosophe et poète péruvien Manuel González Prada (1844-1918), précurseur du modernisme latino-américain, développe sa vision de l’anarchisme, qui réside dans la liberté et le bien-être de l’individu, avec pour corollaire l’abolition de l’État et de la propriété privée. »

Quelques nouvelles acquisitions aux éditions Le passager clandestin :

    • Chroniques de la zone libre, des zad au maquis : fragments de l’imaginaire autonome, Cosma Salé : Ce récit « témoigne de la résolution et de l’imaginaire d’une génération qui a choisi les marges pour tenter de réinventer un monde à la hauteur de ses exigences. Il permet de saisir un peu de la représentation du monde de cette jeunesse en lutte radicale contre la société néolibérale. On y trouvera un peu de ce que Cosma Salé a appris : à respirer et à sentir, à créer et à bâtir contre l’ennui. De la zad de Notre-Dame-des-Landes ou du Testet à la cuisine d’une maison occupée, d’une cabane dans les bois au tissu urbain des squats, on y éprouvera peut-être un peu de la fièvre et de l’enthousiasme, de la magie et de l’exil de sa génération. C’est un petit traité sur l’esquisse des marges, un manuel d’usage du monde libre, les fragments d’un imaginaire qui a désormais sa dynamique propre. »
    • Utopie du logiciel libre, Sébastien Broca : « Né dans les années 1980 de la révolte de hackers contre la privatisation du code informatique, le mouvement du logiciel libre ne semblait pas destiné à renouveler nos imaginaires politiques. Les valeurs et les pratiques du Libre ont pourtant gagné d’autres domaines, dessinant peu à peu une véritable « utopie concrète ». Celle-ci a fait sienne plusieurs exigences : bricoler nos technologies au lieu d’en être les consommateurs sidérés, défendre la circulation de l’information contre l’extension des droits de propriété intellectuelle, lier travail et réalisation de soi en minimisant les hiérarchies. (…) Sébastien Broca raconte une histoire dans laquelle les hackers inspirent la pensée critique (d’André Gorz aux animateurs de la revue Multitudes) et les entrepreneurs open source côtoient les défenseurs des biens communs. »

  • Le manège des frontières, Criminalisation des migrations et solidarités dans les Alpes-Maritimes, ObsMigAM : « Les Alpes-Maritimes – entendues comme une région transfrontalière englobant le département français homonyme ainsi que le versant italien de cette frontière – sont devenues en 2015 un pôle migratoire de premier plan, tant par le volume de personnes migrantes concernées que par l’enjeu politico-médiatique que celles-ci représentent. (…) Pour comprendre ce qui s’y joue, l’Observatoire des migrations dans les Alpes-Maritimes réunit ici sociologues, anthropologues, politistes et historien·nes, ainsi que des acteur·ices de la société civile, autour d’une analyse approfondie des processus de frontiérisation, des enjeux de la criminalisation des migrations et des solidarités qu’elle suscite. »
  • La police des migrants : filtrer, disperser, harceler, Babels : « Dans la gestion des migrations, les forces de police sont toujours en première ligne – elles sont les premières représentantes de l’État auxquelles les populations migrantes sont confrontées. Partout en Europe et à sa périphérie, ces dernières sont filtrées, dispersées, harcelées. Un tel déploiement de l’arsenal policier pour affronter des problématiques qui le dépassent ne peut qu’entraîner l’irruption de la violence contre les personnes migrantes. »

Blanche tire sa révérence & Blanche et les seigneurs, Barbara Neely : Ces deux polars réédités ont « pour héroïne Blanche White, femme de ménage et détective amateur, dont la fonction de simple domestique lui permet d’entrer aisément dans la vie privée de ses employeurs et d’y débusquer les mensonges et les demi-vérités pour résoudre des énigmes. Ces romans sont un moyen pour l’auteur Barbara Neely de mettre en cause les rapports de classe et les attitudes racistes des nantis de plusieurs milieux américains. Blanche White, qui a bien entendu la peau noire, devient successivement domestique au Massachusetts et en Caroline du Nord. »

« Les Éditions de la dernière lettre est une maison d’édition indépendante qui s’emploie à diffuser une critique du monde industriel attentive à la diversité des dominations, afin de défricher des pistes pour construire une vie bonne, plus digne et libre pour toutes et tous. Fondée en 2019, elle prolonge le travail d’enquête et de critique sociale que la revue Z mène depuis plus d’une décennie. »

  • Pour l’autodéfense féministe, Mathilde Blézat : « Ni art martial, ni technique de développement personnel, l’autodéfense féministe est un indispensable outil de prévention des violences. L’enquête de Mathilde Blézat auprès de participantes à des stages d’autodéfense montre que c’est aussi le levier d’une profonde transformation de leur rapport à l’intimité et au monde : une arme de la révolution en cours. »
  • Merci de changer de métier, Lettres aux humains qui robotisent le monde, Célia Izoard : « Interpeller directement des chercheurs, ingénieurs et startuppers sur les implications politiques de leur activité, tel est l’objet de ce livre, composé de lettres ouvertes rédigées dans un style piquant, qui mêle la satire et l’analyse. Célia Izoard ouvre ici un dialogue avec les concepteurs des nouvelles technologies pour les interroger sur le sens de leur travail et analyser l’impact social et écologique des grands projets industriels de la décennie, dans un monde en proie à la crise climatique et à l’exploitation au travail. Elle les enjoint à « changer de métier »… »
  • Mauvaises Mines, Combattre l’industrie minière en France et dans le monde, Mathieu Brier et Naïké Desquesnes : « Non sans humour, les huit courts chapitres de cet ouvrage documenté dévoilent les menaces du « renouveau minier » français, les pollutions qu’il implique, ses faux-semblants écologiques et ses tentatives d’échapper au débat public. Du Pays basque à la Bretagne en passant par la Guyane, les résistances et les propositions d’alternatives se multiplient. Ce livre est un appel à les rejoindre. »

  • Notre pain est politique, Les blés paysans face à l’industrie boulangère : « Véritable guide nous emmenant de la sélection du grain jusqu’à la cuisson du pain, ce livre permet de comprendre l’impasse nutritionnelle, écologique et sociale de l’industrie boulangère. Et, à partir des blés paysans, de découvrir la force collective de celles et ceux qui font autrement. »

  • Revue Z #15, Montagne limousine, forêts désenchantées : La revue itinérante d’enquête et de critique sociale continue à visiter et documenter différents lieux en lutte. Après Marseille, Paris, la Guyane, Rouen et Grenoble ces six dernières années, cette excellente revue s’installe dans le Limousin et « s’attaque à la sylviculture industrielle qui détruit les sols comme les corps des personnes qui y travaillent. Avec celles et ceux qui se battent pour des usages populaires et collectifs des forêts, on tente de faire entendre des voix trop souvent recouvertes par le vacarme des machines. »

Le #55 de L’Envolée est sorti le mois dernier. Ce journal anticarcéral qui donne la parole aux « prisonniers et prisonnières qui luttent contre le sort qui leur est fait » continue de sortir régulièrement des numéros. On peut les aider et les soutenir en participant au journal, en aidant à le diffuser et en s’abonnant… Fais tourner le mot !

Le #2 de Torba, journal toulousain à parution irrégulière, nous parle de choses que l’on souhaiterait voir disparaître : les ZFE (Zones à Faible Émission), Elon Musk, le pass sanitaire ; mais aussi de luttes dont on honore la mémoire : l’anarcha-féminisme dans les années 70, la révolte du camp des femmes d’Argelès-sur-mer au début des années 40, l’anarchisme en Espagne en 1936. Il y a même un horoscope, des mots croisés et un jeu des 7 erreurs !

Ville Morne est un beau fanzine de Lille fait par des gentes de Lucane Distro. On y trouve entre autres une interview de Guiff Eud Brank, de Mais qui t’invite, du Cabaret du Coeur Fendu, un récit de la tournée de Kronstadt dans les Balkans, des chroniques de skeuds, de livres, … du rap, du punk, du burlesque pour le #1, vivement le #2 !

Liberté sur veille et Bullshit de droite sont deux fanzines imprimés en risographie par Nounours Vener. Le premier est un fanzine graphique nous donnant à réfléchir sur les privations de liberté et l’autoritarisme d’État. 80 dessins simples mais percutants, comme autant de dessins de presse incisifs commentant l’actualité. Le deuxième est un petit exposé illustré et documenté du concept de compétitivité dans la société capitaliste. « Ceci est une invitation à remettre en question les idées préconçues et redondantes des éditorialistes et politicien·nes corrompu·es, malhonnêtes, ou tout simplement stupides et incompétent·es. »

Deux ouvrages du duo de graphistes Carbone Paroles (Bianca Millon-Devigne et Sylvain Ameil), entre le livre d’art et le guide d’architecture : de belles mises en page, de la poésie, des références techniques et théoriques, des photos de bâtiments, de particularités architecturales, ou d’objets incongrus. Sur un plateau fait le tour de la ville de Saint-Gaudens en Haute-Garonne. Balades d’architecture moderne et contemporaine en Occitanie, Tarn (avec Damien Guizard) se focalise sur différents coins du Tarn et analyse les formes, le bâti, les ambiances et les particularités de ce territoire.

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