Cyprine Chaude, c’est « trois copaines qui se posent un tas de questions sur les féminités, les masculinités, le couple et les schémas sociaux que l’on reproduit ou non ». Il en résulte « un magazine annuel qui a le souhait d’interroger les sexualités et le genre sous le prisme du beau, du drôle et du sincère. » Y participent des « amix, entourages, connaissances, rencontres (…) Ainsi penseur·ses, philosophes, spécialistes en astrologie, illustrateurices, poéte·sses, … qu’ielles soient amateurices, militant·es, professionnel·les ou non y mêlent leurs points de vue et sensibilités. » Ce zine basé à Strasbourg est imprimé en risographie, avec une couverture sérigraphiée et une planche de stickers dans chaque numéro. C’est magnifique, intelligent et chaudement recommandé par la BIM !
Une des dernières publications des Éditions Ici-bas de Toulouse est « un récit de voyage qui nous amène jusqu’en Iran. L’autrice raconte le harcèlement, un viol et les pentes raides qu’elle a dû gravir pour continuer à vivre après son agression. Empreint d’une lucidité et d’une sincérité totales, toujours poignant, parfois déroutant, Pente raide de Marvic est un témoignage sans fard sur l’entrave que constitue la culture du viol pour les victimes en quête de reconstruction. Il contribue aussi à une réflexion essentielle sur la justice, le processus de réparation après une expérience traumatique, ainsi que l’indépendance et la liberté. »
Et voici quatre nouveaux livres de la collection La petite bibliothèque anarchiste et un magnifique roman graphique aux Éditions Nada de Montreuil :
- Femmes, unissons-nous, Teresa Claramunt : « Dans ces textes inédits en français, Teresa Claramunt (1862-1931), ouvrière, anarcho-syndicaliste et pionnière du féminisme espagnol, surnommée la « Louise Michel de Barcelone », appelle les femmes à s’organiser afin de renverser le capitalisme et le patriarcat pour qu’advienne l’anarchie. »
- Pour une économie libertaire, Frédéric Antonini : « Une économie libertaire ? Ces deux termes semblent antithétiques. Et pourtant, comment ordonner la production et les échanges, essentiels à l’organisation de toute société humaine, sans repenser fondamentalement les rapports économiques qui régissent notre quotidien ? Quelles formes pourrait prendre une économie fondée sur l’égalité, la liberté, la responsabilité, l’entraide et la justice sociale ? Cet opuscule, sans prétendre constituer un programme définitif et dogmatique, offre à la réflexion des pistes sur les moyens d’atteindre un autre modèle de société dont l’objectif ne serait plus le profit en faveur d’une minorité, mais l’épanouissement de chacun au sein de la collectivité. »
- Une petite histoire de l’anarchisme, Marianne Enckell : « Dans cette balade en anarchie, Marianne Enckell, historienne et animatrice du Centre International de Recherches sur l’Anarchisme de Lausanne, nous emmène sur les traces de ce mouvement depuis ses origines jusqu’à nos jours, abordant en particulier son aspect international et sa dimension culturelle. »
- Aux anarchistes, Fernand Pelloutier : « Dans ces textes, Fernand Pelloutier (1867-1901), secrétaire de la Fédération nationale des Bourses du travail, appelle les anarchistes à rejoindre les rangs du mouvement syndicaliste, pour favoriser l’auto-organisation du prolétariat et construire la grève générale expropriatrice, qui doit conduire au renversement du capitalisme, à l’abolition de l’État et à l’avènement d’un socialisme fédéraliste. »
- Le Système, Peter Kuper : « New York. Un tueur en série traque des strip-teaseuses. Un flic corrompu rackette des dealeurs. Un crime raciste suscite la colère. Un politicien véreux est prêt à tout pour se faire réélire. Un scandale politique et financier est sur le point d’éclater.
Dans une ville où tout est interconnecté, une foisonnante galerie de personnages évolue à travers les dédales d’une intrigue dont les ressorts se cachent à chaque coin de rue.
Peter Kuper livre ici un roman graphique magistral, réalisé à la bombe et au pochoir. Dans ce récit choral sans paroles, il révèle les rouages d’un système gangréné par la corruption, la violence et les injustices sociales. »
Un livre futuriste dont vous êtes l’héroïne/le héros, et une « anthologie de nouvelles d’horreur, de gothique et de fantastique sombre », voici deux sorties récentes des Éditions Goater de Rennes :
- L’Émeute du Futur, Le Comité des Bons Conseils : « 17 février 2050…à l’aube d’une nouvelle journée de labeur au fond des abysses de la normalité futuriste, vous décidez d’aller faire un tour en ville…
C’est pas si banal que ça pour quelqu’un comme vous de sortir de chez soi, d’affronter le soleil de plomb, les inondations intermittentes, les aires touristiques et autres galeries marchandes de la bourgeoisie triomphante… Mais peut-être bien que cette fois ci, y a comme un parfum d’agitation qui flotte dans l’air lourd de la métropole, peut-être même qu’à l’ombre des robots-flics-top-modèles, des chefs sur-connectés, des abeilles-drones et de l’autorité photovoltaïque en roue libre se trame l’émeute la plus exaltante qui soit depuis des lustres…et que son avènement dépendra de vous !
Si jamais vous vous avez des comptes à régler avec l’Avenir qui vous est promit, n’attendez pas une seconde de plus et plongez-vous corps et âme dans L’Émeute du Futur : le seul livre-jeu au monde qui s’occupera bien comme il faut de vos emmerdements à venir ! »
- Nous parlons depuis les ténèbres : Ce recueil nous propose dix nouvelles, toutes écrites par des femmes, qui abordent « plusieurs facettes du genre depuis le body horror jusqu’au gothique maritime, en passant par le fantastique amer et l’angoisse contemporaine, le gore ou encore la réécriture horrifique de contes. Ces écrivaines sont doublement en marge et dans l’ombre : parce que femmes et parce que ces genres sont déconsidérés et peu visibles. Littérature de contrebande, elle n’en n’est pas moins active et en évolution constante. Ce livre manifeste entend ainsi lutter contre cette double invisibilisation. »
Nouriturfu, cette « maison d’édition en marge ou au coeur du comestible », continue depuis 2016 de nous fournir de l’alimentation saine pour la tête, l’esprit et le coeur avec :
- Maltriarcat, Quand les femmes ont soif de bière et d’égalité, Anaïs Lecoq : « La bière est la boisson alcoolisée la plus consommée au monde. Mais savez-vous combien de centilitres de sexisme il y a dans un demi ? Combien de décilitres de patriarcat dans une pinte ? Aujourd’hui, les femmes ont plus que jamais soif de bière et d’égalité : après avoir été historiquement évincées de la profession, les brasseuses sont enfin de retour ; tout comme les consommatrices, qui sont de plus en plus nombreuses à s’intéresser à la bière et à s’y connaître en lambics, stouts, IPA et autres dark lagers.
A travers l’histoire passionnante de ce breuvage millénaire, en s’appuyant aussi sur des enquêtes bien plus actuelles et de nombreuses interviews de spécialistes (brasseuses, zythologues, sommelières, cavistes, influenceuses…), Anaïs Lecoq dessine un panorama saisissant et sans faux-col de ce monde de la bière en pleine effervescence, où le patriarcat a désormais la pression. »
- Surveiller et nourrir, Comprendre ce que la prison a dans le ventre, Lucie Inland : « »Depuis la geôle du marquis de Sade embastillé, pestant contre « des plats dont le diable ne mangerait pas », jusqu’aux repas quotidiens des personnes actuellement privées de liberté, la question de l’alimentation en prison reflète notre organisation sociale et révèle ses dysfonctionnements.
Ce livre interroge ce que les détenus trouvent dans leur assiette, qui le décide, pourquoi et comment, en France mais aussi aux États-Unis, pays dont la population carcérale est la plus importante au monde et risque encore dans une trentaine d’États la révoltante peine de mort, charriant avec elle un imaginaire romancé autour du dernier repas avant l’exécution.
En prison, la nourriture est une absolue nécessité, un passe-temps, une perspective d’avenir, un moyen de lutte, un outil de punition ou même un objet de pop culture ; mais c’est surtout un enjeu essentiel pour celui ou celle qui est enfermé·e.
Cette enquête inédite allie enfin connaissances théoriques et témoignages concrets, afin de dépasser nombre d’idées reçues sur ce que la prison a dans le ventre. »
- American Appétit, Voyage dans le ventre des USA, Elisabeth Debourse : « Quel lien entre les tacos et le mur de Donald Trump ? Pourquoi les présidents américains aiment-ils tant le cidre ? Que commander pour conduire une Cadillac tout en graillant ? En quoi faut-il prendre la cuisine chinoise avec des baguettes aux USA ? La disparition de la pizza new-yorkaise à 1$ annonce-t-elle l’effondrement de l’économie mondiale ? Et qui est donc ce fameux Nathan dont tou·tes les dingues de hot-dogs parlent ?
À toute blinde à travers les États-Unis, Elisabeth Debourse décortique les plats et boissons qui font la (parfois sale) réputation de ces bouffeur·ses de burgers – bien plus regardants sur ce qu’ils et elles ingèrent qu’il n’y paraît. Une épopée de New York à la Nouvelle-Orléans qui démonte les clichés sur la gastronomie américaine en explorant le passé, le présent et le futur de l’empire des doigts gras. Car « la culture culinaire états-unienne est riche et fascinante, bien plus que ce que nos egos européens n’oseront jamais l’avouer. » »
- Pour tomber amoureux buvez ceci, Mémoires d’une femme du vin, Alice Feiring : « À travers un grand écart d’histoires vécues – comment elle a failli devenir l’assistante de Nina Simone en voulant lui offrir un vouvray, comment elle a fait office de plombier des vins auprès d’un plombier malheureux en amour, comment elle s’est retrouvée à devoir choisir une bouteille pour Björk, comment l’un des plus tristement célèbres tueurs en série des États-Unis l’a approchée ; à travers ses nombreux voyages aussi, en Italie, en Géorgie, au Mexique ou au Chili ; et encore l’Histoire, la grande, à l’ombre de Staline, Pinochet ou Auschwitz… Sans oublier, enfin, une belle histoire d’amour – Alice Feiring nous entraîne avec douceur dans le sillage savoureux de ses souvenirs, pétillants et touchants comme un champagne bonifié par l’âge, le tout saupoudré de conseils en vin ultra-avisés.
Mais avec ce livre, le huitième (et rien moins que son meilleur d’après le New York Times), Alice Feiring nous offre surtout un grand récit de transmission, autant sur la vie que sur le vin, liant l’intime à l’universel avec une évidence toute naturelle. Car, « plus que toute autre forme d’art, le vin et la vigne sont liés au bonheur et au chagrin, à la famille, à la nature, à la tentative de contrôler l’incontrôlable, comme en amour ». »
- La Quille du Siècle, Louis Mesana & Marthe Poizat : « Charlie et Steve sont serveurs au Fillmore, un bistrot branché qui ne sert que des vins naturels, quelque part dans une grande ville, dans les années 2010. Alors que rien ne les prédisposait à l’aventure, les deux protagonistes sont soudain embarqués dans une enquête folle, sur les traces d’un mystérieux vigneron culte, qu’on dit mort ou disparu – en tout cas, il s’est volatilisé… De courses poursuite avec la police en délires psychédéliques aux effluves de crus tournant au vinaigre, nos héros avinés vont rencontrer la fine fleur du milieu mi-mystique mi-mafieux du vin naturel et de la restauration, tout en tentant de résoudre, plus ou moins malgré eux, ce mystère qui s’avérera aussi obscur et tourbillonnant qu’un vin non filtré !
Empruntant à la satire grinçante et l’univers underground de Robert Crumb ou encore Harvey Pekar (pour l’évocation des beautiful losers et l’humour noir ravageur), tout comme à Tardi pour le sous-texte politique derrière le roman noir, La Quille du Siècle rend aussi hommage aux polars truculents des années 50-60 (San Antonio) et leurs codes (humour burlesque, vocabulaire détourné).
Entre Alcoolique de Jonathan Ames et Dean Haspiel, BlackSad de Juan Diaz Canales et Juanjo Guarnido et Les Ignorants d’Etienne Davodeau, La Quille du Siècle séduira les amoureux de vin comme toutes celles et ceux qui apprécient les bonnes histoires tendance roman noir déjanté. »
Paillettes toxiques et sérum phy, Des pistes pour repérer des dynamiques de pouvoir dans nos relations (pas cis hétéro) : « C’est un outil pour décortiquer des mécanismes qui existent dans toutes les relations, à différents niveaux. En sortant de l’idée qu’il y aurait d’un côté des relations parfaitement équilibrées et de l’autre des relations abusives. Ça parle de contrôle, de dévalorisation, de communication, de consentement, d’intimidation, d’emprise, d’oppressions systémiques, de victimisation, de jalousie… et d’encore plein d’autres choses.
Ça concerne plus spécifiquement les relations pas cis-hétéro. Tant que ça n’est pas utilisé pour des arguments queerphobe ou anti-féministe, ça peut être lu par des cis-hétéros, mais c’est bien de garder en tête qu’il y a certaines différences dans comment le pouvoir se met en place. » Et il est trouvable en pdf ici.
Mieux gérer nos conflits, Manifeste pratique et politique à propos de violence intracommunautaire, Éris : « Fruit d’un travail de trois années, il s’agit d’un manifeste qui défend des manières d’affronter les crises et conflits au sein d’un groupe en s’affranchissant des réflexes de polarisation et d’exclusion. Il contient une partie diagnostique et une partie pratique, et s’adresse à tous les groupes (associations, collectifs, groupes affinitaires ou d’ami·e·s…) désirant s’organiser de façon plus durable et égalitaire. » On peut le télécharger en pdf ici.
Décibels Crashh!, Fräneck : Ce magnifique recueil d’affiches de concerts réalisées entre 2014 et 2022 (et publié aux Éditions Imagora) est bien représentatif de l’univers de son auteur tel qu’il le définit sur son site : « À la frontière entre l’illustration jeunesse telle qu’on la connaît et l’illustration underground, les dessins de Fräneck basculent rapidement d’un monde candide, à un monde bizarroïde et effrayant. Les nombreux personnages qu’il met en scène adaptent leurs actions dans les constructions qui les entourent. Architectures curieuses et énigmatiques où l’intervention des personnages en devient elle aussi inexplicable.
Ce basculement du rêve au cauchemar, entraîne les personnages et les différents éléments du décor dans une confrontation parfois violente, humoristique, toujours sur fond de couleurs vives et d’attention portée au détail. »
« The Summer 2023 issue of Papercore is out ! This issue has an interview of Pozoga (Ireland), Ire tour Report, Manual de Combate (Chile) interview, columns, reviews, comics… »
Un numéro Spécial Censure pour L’Envolée #57 ! Une manière de rappeler que cet excellent journal (qui porte la voix des prisonnier·es au-delà des murs pour désinvisibiliser et questionner le monde carcéral), a vécu trois interdictions de diffusion en prison en deux ans en raison de « propos diffamatoires à l’égard de l’administration pénitentiaire ». Il faut croire que l’AP n’aime pas trop que soient dénoncées les réalités de la taule : les violences des matons, l’arbitraire des placements au mitard, les fouilles abusives, … « Toutes les notes de censure du journal s’inquiétaient de sa gratuité et de sa « large diffusion » susceptible d’avoir « un retentissement important auprès des personnes détenues ». L’AP reconnaît ainsi que ce sont les échanges entre prisonnier·es à propos de certains actes brutaux – notamment quand ils ont été judiciairement reconnus – qui sont « de nature à engendrer un retentissement important » dans les prisons de France. Ce n’est ni le ton, ni le contenu des écrits qui « portent une atteinte grave à la crédibilité et à l’honneur » de l’AP, mais bien les faits eux-mêmes. Et c’est cela qui ne doit pas circuler en détention ! » Bref, « écrire que la violence et la déshumanisation sont les fondements structurels de la prison, ça, ça les froisse ! » On peut lire l’édito de ce numéro ici, on peut également le télécharger là et pour les soutenir, le mieux c’est encore de s’abonner et de commander ici des numéros à distribuer.
Regard insolite est un petit livre auto-édité chez Anar’chronique éditions qui regroupe trois textes anarchistes publiés en italien puis en français de 2015 à 2021. « Ces trois textes font valoir que, abstraction faite des circonstances « objectives » de la réalité environnante, aussi défavorables soient-elles, la possibilité de brouiller les cartes de la domination est toujours à la portée de la fantaisie et de la détermination. Les occasions ne manquent pas, elles ne manquent jamais. Le plus souvent c’est notre oeil qui n’est pas en mesure de les voir, car il est formé pour ne voir que ce qu’il connaît déjà. Il y a besoin d’un regard insolite – tourné autrement – pour arriver ailleurs. »
Dans ce cinquième numéro de Soleil Noir, « il est question de grève et de retraites, de critique du syndicalisme, d’auto-réductions, de faire table rase de la prison, du combat d’Alfredo Cospito contre le régime carcéral du 41 bis en Italie, de la répression qui s’abat contre des compagnon·nes, notamment Boris et Ivan, du vent de révoltes féministes et sociales en Iran, du projet de nouvelle piscine d’entreposage de combustibles nucléaires usés à La Hague, de la révolte soudanaise de 2018 à 2022, de Georges Navel et de James Graham Ballard et bien évidemment de fragments de révoltes qui parcourent le monde… »