Nouveautés Avril ’23

Extrêmement content de recevoir Basta ! Guide d’autodéfense féministe pour ados (et pas que…) de Maria Kronsky et Marion Le Muzic publié aux Éditions Goater. Cette bédé très intelligente donne des clés aux (jeunes) femmes pour les aider à faire face avec brio (et parfois avec humour) à de multiples formes d’agressions sexistes voire sexuelles en milieu scolaire (discriminations, cyberharcèlement, …), dans l’espace public (harcèlement de rue, exhibitionnisme, …) et dans l’intimité (relations abusives, …). Les autrices réussissent le pari de parler de ces sujets difficiles sans effrayer mais au contraire en insufflant une grosse dose de confiance, d’estime et d’acceptation de soi, bref d’empouvoirment ! « Posture, voix, communication, défense physique… tu y trouveras un ensemble de stratégies pour t’aider à vivre libre et en sécurité dans les lieux publics tout comme dans les espaces privés ! » Un livre pédagogique essentiel qui peut également être mis entre les mains des (jeunes) hommes, car c’est aussi et surtout à eux de comprendre les mécanismes d’oppression sexistes et de travailler à les éliminer en adoptant des comportements attentifs, respectueux et bienveillants…

Après Tata a de la barbe sous les bras, Anne-Gaëlle Morizur (texte) et Florence Dollé (illustrations) publient, toujours aux Éditions Goater, Ma grande soeur est un loup-garou. Cet album jeunesse traite de manière décalée du sujet du syndrome prémenstruel et permet d’engager ainsi la discussion et le débat avec les enfants comme avec les adultes. « Dino et Bruna sont frères et sœurs. Tous les mois, Bruna est d’une humeur massacrante et s’enferme dans sa chambre. Pour Dino, c’est sûr, elle se transforme en loup-garou… Un jour, il découvre une culotte ensanglantée dans le panier à linge. Ses soupçons se confirment : le loup-garou Bruna a agressé quelqu’un. »

Les éditions Goater publient également de la très bonne SFFF (Science-Fiction, Fantasy et Fantastique) grâce à la collection « Rechute » (qui rend hommage à l’emblématique collection des années 70 « Chute libre » des éditions Champ Libre). Y sont publiés des textes le plus souvent engagés et qui mettent parfois en valeur les auteur·es queers et non-blanc·hes :

  • Grève infernale, Norman Spinrad : « Comme une critique des chrétiens fondamentalistes et du corporatisme des syndicats américains, une « grève infernale » est le compte-rendu des combats menés pour améliorer les conditions de travail en enfer, notamment celles des démons. Qui accepterait de travailler 7 jours sur 7, 24 heures sur 24 et en plus sans salaire ? Emmenés par Jimmy DiAngelo dit Le Pourri, on y retrouve César Chavez, Jimmy Hoffa, John L. Lewis dans un rôle sur-mesure. » (Tous les trois sont des syndicalistes américains)

  • La pilule suivie de Big Girl, Meg Elison : « Une pilule miracle permettant d’avoir un corps de rêve pour le reste de sa vie apparaît sur le marché. Les gens qui la prennent, expulsent tout leur gras et leur excédent de peau grâce à leurs excréments et ce dans d’atroces souffrances. 10 % des gens en meurent dont le père de la narratrice. Malgré cette tragédie, tout le reste de sa famille, obèses comme elle, en prend. Petit à petit, ce traitement se diffusant, les personnes en surpoids deviennent rares, puis illégales. Les corps se normalisent et se ressemblent. La narratrice, devenue une paria, vit recluse. Sa différence peut-elle s’avérer être un trésor rare et précieux ?
    C’est par cette nouvelle que débute ce recueil. La suivante, Big Girl, met en scène la vie d’une géante qui apparaît au milieu de la baie de San Francisco. Un baiBé tout à fait incroyable. S’ensuit quelques autres nouvelles, sur la taille, le poids, la place des femmes dans la société, entrecoupées d’un essai et d’une interview par Terry Bisson. »

Dernière parution chez Demain Les Flammes, Le dernier des hippies de Penny Rimbaud (cofondateur du groupe anarcho-punk Crass) est enfin disponible en français : « En 1975 décédait Wally Hope. Ce doux hippie rêveur était l’un des pionniers de l’organisation des festivals libres – notamment celui, mythique, de Stonehenge – qui égayèrent les années 1970 britanniques et effrayèrent jusqu’aux plus hautes sphères du pouvoir. Suicide pour les uns, assassinat pour les autres, sa mort reste aujourd’hui encore un mystère.
Dans ce texte effréné publié en 1982, Penny Rimbaud rend hommage à son ami parti trop tôt et pointe du doigt la responsabilité de l’État. Tout à la fois manifeste anarchiste, brûlot de la contre-culture, cri de douleur et appel à l’insurrection non violente, Le dernier des hippies est un classique de la littérature punk. »

Collectif d’édition indépendant basé à Lille, Les Étaques ont publié l’année dernière :

  • Effacements, Histoires toulousaines, Les oubliés d’Urbain Vitry : « Si l’art de policer une ville possède une longue histoire, il connaît aujourd’hui un certain raffinement : il y a mille moyens de tenir la rue propre et bien ordonnée. De l’interdiction d’un marché populaire en centre-ville aux politiques de réfection de la voirie, en passant par la répression des Gilets jaunes et la lutte contre les graffitis, une même bataille se répète, inlassablement : faire plier les corps réfractaires, radier leurs mots, invisibiliser les présences indésirables, gommer leurs gestes et leurs traces. En dessinant ce que la métropole cherche à effacer, ce livre en dresse une critique au ras du sol – et esquisse, en creux, ce qui tente de lui résister. »
  • Il faudra faire avec nous, Lë Agary : « Il faudra faire avec nous est un manuel de sabotage déguisé en roman ou, plutôt, un roman déguisé en manuel de sabotage. Il nous embarque dans les pas et les pensées d’une activiste qui, chaque jour, lutte sur de nombreux fronts pour renverser un monde personnifié par Franck. Un jour trader, le lendemain vigile, préfet ou simple troufion au tonfa, celui-ci incarne le cynisme du capitalisme et la violence de son service d’ordre. En miroir de la répression étatique, Lë Agary nous plonge dans l’enthousiasme tenace de la révolte contre les injustices et ceux qui les provoquent. Face aux clichés médiatiques qui disqualifient les actions militantes, Il faudra faire avec nous restitue la généreuse spontanéité de celles et ceux qui désirent tout à la fois bousculer l’ordre social et constituer des collectifs audacieux. »

Trois nouvelles acquisitions chez Libertalia : les témoignages d’une trentaine de « francs-tireurs (anarchistes, situationnistes, communistes libertaires…) des années 68 » (Voyage en outre-gauche, Lola Miesseroff) ; un essai richement documenté et argumenté prônant la fin de l’enfermement (L’abolition de la prison, Jacques Lesage de La Haye) ; la genèse d’un groupe armé à la fin des années 70 (Action Directe, les premières années, Aurélien Dubuisson)

Mutines Séditions est une maison d’édition anarchiste créée il y a plus de 20 ans. Elle publie des textes qui accueillent « des réflexions et des interventions à travers lesquelles la pratique et l’expérimentation s’arment de toute leur détermination d’en finir au plus vite avec ce monde ». On y trouvera des traductions de textes italiens mais aussi des écrits historiques afin de « repeupler notre présent des possibilités toujours fécondes qui l’ont traversée » et de « proposer un dialogue fructueux entre les révolutionnaires d’aujourd’hui et ceux qui nous ont inspiré ».

  • Incognito, Expériences qui défient l’identification : « Ce livre qui parle de clandestinité projette un rayon de lumière dans l’obscurité. Il propose un saut dans le versant inconnu du secret, dans cette dimension parallèle où, souvent, même ce qui peut être dit ne l’est pas.
    Les dix textes rassemblés ici parlent de ce monde, nous en rapportant quelques voix parmi tant d’autres, des voix dont le ton, les émotions et les messages sont certes variés, mais qui vivent ou ont vécu dans la dimension de la clandestinité. Des expériences qui ont été endurées par choix ou bien pour des raisons extérieures à sa propre volonté, suite à un parcours de luttes révolutionnaires pour les uns ou bien d’une condition sociale pour tant d’autres, tous ceux qui n’ont plus rien à perdre sur les chemins de l’exploitation et de l’atrocité des frontières, pas même une pièce d’identité. »

  • La canaille à Golfech, Fragments d’une lutte antinucléaire (1977-1982) : « L’histoire de Golfech est une mine de suggestions, aussi bien théoriques que pratiques. A l’époque se succédèrent des actions directes collectives, comme l’invasion de chantiers et la destruction des outils et des constructions en cours, mais aussi la pratique du sabotage à un niveau industriel par des groupes d’affinité, infligeant de gros dégâts matériels aux entreprises, et enfin l’autodéfense contre les violences et les intimidations mafieuses de la police et de l’industrie nucléaire…
    Aucun individu, organisation ou groupe ne possède seul la force de s’opposer aux projets liés au nucléaire : le rapport entre les petits groupes d’action directe et le mouvement est sans doute un des éléments intéressants qui émerge des récits de Golfech, une indication qui reste valide pour développer les luttes qui nous attendent.« 
  • Vivre vite de l’autre côté du mur, Punks et anarchistes en ex-Allemagne de l’Est : « La plupart de ces récits de compagnons de Leipzig nous montrent que les « dissidents » d’Allemagne de l’Est des années 70-80 ne se battaient pas tous pour les libertés formelles ou le paradis de la consommation de l’Ouest. Mais pour une liberté qu’aucun État ne saurait satisfaire, pour des désirs qu’aucune économie ne viendra combler. Dans un cadre qui pouvait sembler absolu, ils nous montrent que l’oppression tient bien moins sur la force militaire que sur la soumission de tous et toutes. Ces jeunes anarchistes et punks qui squattaient, volaient, se battaient avec les flics lors de fêtes, organisaient des manifs sauvages, diffusaient des messages subversifs dans les rues, n’étaient finalement asociaux que parce que le reste de la société n’était que trop social, en phase avec le contrôle institutionnel et la délation de proximité. »

Entre océans, forêts et volcans, La lutte radicale mapuche : « Dans les territoires habités par les communautés mapuche, dont les terres furent accaparées par des investisseurs capitalistes, défigurées par les exploitants forestiers, ravagées par les entreprises énergétiques, polluées par les industriels et colonisées par des suppôts de l’État chilien ; les dernières décennies ont été marquées par une lutte incessante. S’il existe une riche hétérogénéité et diversité parmi les organisations de lutte mapuche et les communautés mapuche en résistance, la lutte dans le Wallmapu se déroule principalement autour de deux axes. D’un côté l’occupation de terres investies par des entreprises capitalistes ou par l’État, afin de les arracher à leur contrôle et de les restituer aux communautés mapuche ; et de l’autre, une pratique constante et diffuse de sabotage, d’action directe et de lutte armée, visant tout ce qui matérialise la domination étatique et capitaliste sur les territoires du Wallmapu qui s’étendent des côtes du Pacifique (au Chili) à celles de l’Atlantique (en Argentine).
Si cette publication n’a ni la prétention, ni l’ambition d’expliquer en détail la cosmovision mapuche, leurs coutumes ancestrales, leur spiritualité, les rapports au sein de leurs communautés, elle vise plus modestement à donner un aperçu de l’ampleur de la lutte qui s’y déroule, principalement à travers les communiqués et des déclarations faites par les organisations de lutte ou les communautés mapuche en résistance. Une chronologie qui ne prétend pas non plus à l’exhaustivité accompagne ce recueil de textes – que nous publions non pas parce que nous y adhérons sans critique, mais parce qu’ils permettent de se faire une idée du panorama et des différentes expressions de la lutte radicale mapuche. »

Digne représentant de la presse libre en Occitanie, le trimestriel L’empaillé vient de sortir son numéro de printemps ! Toujours aussi offensif, on pourra y lire des témoignages locaux de la lutte contre la réforme des retraites, un entretien avec Gwenola Ricordeau au sujet de l’abolition de la police, un article sur le RSA sous conditions en Aveyron, les liens entre le géant de l’aéronautique Airbus et la russie de Poutine, une critique de la méthanisation industrielle dans le Lot et de la ZFE à Toulouse, une apologie du rugby à XIII, etc.

Deux nouvelles acquisitions de « la revue participative de rencontres culinaires » Ingrédient éditée par l’association marseillaise Le Bouillon de Noailles : « Aubergine » et « Faits maison ». Cette revue, qui donne la parole aux habitant·es du quartier qui nous partagent leurs meilleures recettes suivant la thématique du numéro, est à chaque fois illustrée par un·e illustrateur·ice différent·e.

L’excellente « revue d’histoires, cultures et luttes des montagnes » Nunatak revient avec un numéro 8 dans lequel sont entre autres questionnés : les clivages que l’on peut parfois constater entre les différents groupes sociaux habitant les zones rurales et de montagne (dans les articles « Faire la fête et boire des coups  » et « Les gars du coin »), les arguments des promoteurs du très écoblanchi vélo à assistance électrique (dans « Transition à vélo, nuisances à gogo »), l’habile reconversion de l’entreprise Poma de l’industrie du tourisme à la gestion des déchets nucléaires (« Le tire-fesses, l’éolienne et le fût radioactif »), …

Une vingtaine de furieux·ses contributeur·ices dans ce #9 spécial déchets de Aд-RA, le graphzine psychédélico internationaliste de Lyon, avec des comics, collages, illustrations et une couverture sérigraphiée qui me fait dire : Faites gaffe hein ! Ça va finir par se voir que c’est vous qui tirez les ficelles du syndicat des poubelliers… 😉

« Nous avons souhaité, en lançant l’appel à contribution au coeur de l’été 2022, donner vie à une brochure qui prendrait le temps de faire le grand récit de l’aventure insomniaque, qui décrirait son pouvoir de nuisance et les épopées qu’elle nous fait traverser, qui expliciterait bien sûr nos tentatives pour lui échapper et nous rendormir. » Ainsi nous est présenté en introduction Insomnies, un recueil collectif en deux tomes, d’une cinquantaine de contributions : témoignages, récits, poèmes, illustrations, etc. De quoi permettre « l’évasion et la réassurance, l’échappée belle et la prise de force. Et glissé sous l’oeiller, il nous aidera à nous sentir moins seul·es quand le sommeil nous quitte. » Tu peux télécharger et lire le premier tome ici, et le deuxième tome .

Psy psy est un entretien avec Lucie, membre du groupe d’entraide et de soutien psy du plateau de Millevaches dans le Limousin. Elle nous partage 10 ans d’expérience d’accompagnement de personnes en souffrance psychique en milieu rural afin que d’autres groupes puissent s’inspirer de ces pratiques et essaimer ailleurs.

Le label Bus Stop Press vient de sortir Cheaptoys #28. Encore une reliure différente pour ce fanzine toujours aussi pointu écrit en français et en anglais. Ce numéro tourne autour de l’album « F# A# ∞ » du groupe Godspeed You Black Emperor. On y trouvera des traductions de certains de leurs communiqués et d’une interview datant de 1999 et le texte enragé “Le problème avec la musique” du producteur Steve Albini (également guitariste de Shellac).

Here is the winter 2022 issue of Papercore, an international DIY punkzine. In this #8, there is a guide on how to go on tour, interviews of Janpalach (Ukraine) and Sangre de Muerdago (Galizia), Fluff Fest festival report, columns, reviews, comics, … (and it’s in english)

Et voici le nouveau Up The Zines #22 ! Jeff a une bonne cadence de sortie ces derniers temps, à l’image de la riche actualité fanzinesque et c’est toujours un plaisir de le lire. Pour celleux qui n’ont pas suivi, Up The Zines est un (pour ne pas dire LE) zine sur les zines. Toujours des longues interviews de fanzineux (ici Argyope/The Re(a)d Zone, Punkulture, Troubadour, Guillaume qui a réalisé le docu Fanzinat) et dans ce numéro, vingt-cinq chroniques de sorties récentes de fanzines dont quelques-uns que l’on peut trouver sur les tables de la BIM (Bobby Pins, Cheap Toys, Karton, Papercore, Punkulture, Ratcharge, Ventoline, Zinobium Pertinax). Une ré-fé-rence !

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