Nouveautés Février ’24

Créées en 2012 en Ariège, les Éditions du bout de la ville publient des témoignages, des essais de critique sociale et des rééditions de textes contestataires « avec pour volonté de faire exister des histoires de « vaincus » qui pensent leur condition et ne s’y résignent pas » :

  • Tout homme a droit au banquet de la vie, Alexandre Marius Jacob : « Auteur d’une audacieuse campagne de cambriolages avec sa bande des Travailleurs de la nuit au début du 20e siècle, Alexandre Marius Jacob ne courbe pas l’échine lors de son procès en 1905 : il revendique ses actes avec une finesse d’esprit et un humour qui frappent au cœur.
    Entre cette cinglante adresse à ses juges et les lettres envoyées à Jean Maitron, puis à ses amis juste avant son suicide tranquille, près de cinquante ans se sont écoulés – dont vingt-cinq passés à endurer les fers du bagne. En nous faisant faire un bond dans le temps, ces textes choisis invitent à embrasser la vie de « l’honnête cambrioleur » : du jeune voleur révolté au vieux forain paisible, toujours anarchiste. »

  • N’i a pro !, Marie Coumes et Laurent Cavalié : « « Ça suffit ! » en français, est le cri du cœur des ouvriers viticoles du Languedoc. Dans les années 1960 et 1970, refusant de se voir condamnés à la misère et à l’exil, des milliers d’hommes et de femmes se lèvent contre les négociants, l’État français et la transformation de leur pays en « bronze-cul de l’Europe ».
    À la manière d’une veillée, N’i a pro ! invoque les souvenirs enfouis pour donner vie à une mémoire collective jusqu’ici morcelée. Ce livre nous conduit à la rencontre de celles et ceux qui ont mené, avec humour et poésie, quinze ans d’une lutte explosive au sein des Comités d’Action Viticole. »

il/le, Minnie Bruce Pratt : Publié à la fin de l’été dernier par les éditions Blast, excellente maison d’édition toulousaine « qui pense l’articulation des oppressions et des luttes et qui ouvre des perspectives depuis le champ des résistances antiracistes, féministes, queers, anarchistes », ce livre est un classique de la littérature lesbienne et queer paru initialement aux États-Unis en 1995. « À travers des brèves du quotidien, Minnie Bruce Pratt explore l’impermanence et la fluidité du genre, souligne la performativité de ce qui constitue le masculin et le féminin et aborde les relations butch/fem. il/le est un texte autobiographique qui retrace le parcours de l’autrice, de sa lesbianité à son engagement militant dans les droits civiques et queers. Elle y chronique sa jeunesse, son mariage et son divorce, son coming-out, ses relations romantiques et sexuelles, et le lien qu’elle entretenait avec saon partenaire, Leslie Feinberg, auteurice de Stone Butch Blues. »

Deux romans parus aux Éditions Grevis, maison d’édition indépendante et associative de Caen se donnant pour mission « la publication d’ouvrages de littérature, d’enquêtes politiques, d’essais de critique sociale, d’essais de philosophie politique et la réédition d’ouvrage épuisés » :

  • Les Anges des Lombards, François Gilloire : « Le surgissement du SIDA à partir de 1982 n’aura pas pour seul effet de propager la mort, il met aussi en plein jour une communauté homosexuelle qui vivait encore dans l’ombre. À Paris, la brasserie new-yorkaise Les Anges des Lombards est réputée comme le lieu atypique où l’on peut croiser prostituées, homos, fêtards, célébrités. Une bulle de délire, un ballet orchestré par de jeunes serveurs qui se libèrent du corset social. François Gilloire nous plonge dans cette ambiance où le SIDA au milieu de la rumeur et de l’inconnu dévaste tout. Son témoignage, rare, dévoile l’effroi créé par l’épidémie autant que la solidarité indéfectible qui liera cette première ligne. »
  • L’étoile de mer, Popier Popol : « Ballottée entre un studio miteux, des relations affectives inconsistantes et un travail morne, l’héroïne, trentenaire, s’empêtre avec étonnement dans des normes sociales bancales. Dans une langue précise, Popier Popol cerne avec un humour implacable l’absurde et la violence de la vie quotidienne. » Un récit qui oscille entre des situations comiques et dramatiques dans lesquelles l’autrice dissèque, du salariat aux rapports sexuels, les petits gestes banals et les grands problèmes existentiels de notre existence dans ce monde normé. Le tout avec un regard lucide et une plume acérée. Un livre qui n’est pas sans rappeler, sous certains aspects, l’excellent Travailleur de l’extrême de Äke Anställning (aux Éditions Ici-bas).

La revue Ingrédient, éditée par l’association marseillaise Le Bouillon de Noailles offre la possibilité aux personnes du quartier de nous raconter des recettes de cuisine… elles se lisent comme elles se partagent, avec gourmandise. Chaque numéro est illustré par un·e dessinateur·ice différent·e et nous propose un thème original. Il s’agit ici de : « Rue de l’Académie », « Panier de la Calade », « Le banquet » et « Piment ».

Issue du site lancé en janvier 2020, Trou Noir est une revue qui « explore l’actualité, les archives et l’histoire de la dissidence sexuelle à travers des textes d’analyses, des entretiens, des recensions, de la poésie et des tracts. Héritière des mouvements de libération sexuelle des années 1970 (FHAR, MLF), des combats contre le sida et de l’essor de la pensée queer, elle tente d’en réactualiser les thèses politiques et de les mettre en tension avec notre époque. »

Établie à Paris depuis 1993, Ulmer est une maison d’édition pour « amoureux de la nature, jardiniers en herbe, collectionneurs de plantes, amateurs de techniques artisanales, experts de la biodiversité, gourmands et fous d’animaux en tout genre ». Elle publie des beaux ouvrages de référence et a l’ambition de transmettre des connaissances pratiques et de partager des savoirs d’indépendance et d’autonomie :

  • Fermenter presque tout avec presque rien, Juliette Patissier : Un guide unique qui explique pas-à-pas, grâce aux illustrations rigolotes mais néanmoins précises de l’autrice, comment se lancer avec trois fois rien dans le monde merveilleux des fermentations en tout genre (lacto-fermentation, kéfir, kombucha, levain, etc.).
  • Comment avoir des plantes gratuites chez soi ?, Juliette Patissier : Et voici, par la même autrice, l’adaptation en livre de son fanzine de jardinage PlantPlantZinePlant. On y trouve plein de petits tips pour avoir un intérieur verdoyant : de la récup’ de graines au glanage de pots en passant par des conseils de bouturage…

  • Mini-flore du jardinier promeneur, Marine Cressy : Un joli petit livre richement illustré qui permet, grâce à un classement pratique par saisons et couleurs, de trouver le nom et quelques infos sur 460 plantes de nos jardins et chemins.
  • Mini-guide des plantes qui soignent, Anna Borowski : « Un petit guide facile pour ceux qui ne font pas encore la différence entre l’Ortie et la Menthe poivrée, ceux qui aimeraient bien se soigner plus naturellement mais n’ont pas envie de se farcir des pavés sur l’herboristerie, ceux qui en ont marre de faire chauffer leur carte Vitale pour un rhume et tous ceux qui veulent mettre plus de fleurs dans leur vie. »

  • Construire des cabanes en bois, David et Jeanie Stiles & Claudia Lorenz-Ladener : Ce livre aux dessins très détaillés nous offre une trentaine de projets fiables pour réaliser des constructions avec différents niveaux de difficultés mais tous accessibles aux amateurices. « De l’abri érigé en quelques heures avec une simple hache et les matériaux trouvés dans la forêt, jusqu’à la cabane en rondins ouverte, de l’élaboration d’habitations traditionnelles (wigwam, tipi, hogan) à des constructions classiques mais ingénieuses comme la « hutte d’écriture » de l’écrivain Georges Bernard Shaw, bâtie sur un axe rotatif pour suivre la trajectoire du soleil », « toit végétalisé, serre, collecteur d’eau, panneaux solaires, ou encore toilettes à compost », une multitude de conseils y sont proposés afin d’imaginer et concevoir la cabane de ses rêves.

  • Reconnaître facilement les oiseaux du jardin, Daniela Strauss : Ce guide permet, grâce à des photos grandeur nature, d’identifier rapidement et simplement 60 espèces courantes d’oiseaux de nos jardins et d’obtenir des informations sur leur habitat et leur mode de vie.
  • Reconnaitre facilement les arbres par leurs feuilles, Meike Bosch : De la même manière, « ce livre permet d’identifier 64 arbres (feuillus et conifères) de nos forêts et de nos villes. Chaque arbre est présenté par une photo grandeur nature de ses feuilles, de la petite feuille du prunelier à la feuille géante de l’ailante. Des photos du port de l’arbre et de détails de floraison ou de fructification, ainsi qu’un texte informatif, complètent la présentation de chaque espèce. »

  • Le Vin Naturel, Jill Cousin & Louise Drul : « Comment choisir une bonne bouteille ? Comment la déguster et avec quoi l’associer ? Jill Cousin vous embarque pour une découverte du travail des vigneron·nes et vous donne une multitude de conseils pour s’initier au vin naturel ; un vin produit dans le respect des vignes, de la terre et des consommateur·ices. Un vin sain, écologique et plein de surprises !
    Mais pour boire un coup en conscience, il est important d’avoir quelques bases : les cépages, la méthode de fabrication ou savoir comment décrypter capsules et étiquettes. De quoi s’abreuver de vins vertueux, d’élixirs joyeux et naturels. »

  • À vélo ! L’encyclo pratique & joyeuse, Adrien Zammit : Du choix du vélo à ses composants, en passant par les réglages, l’entretien, les réparations et même la joie du voyage, ce livre illustré indispensable vous fournira une multitude d’astuces et d’infos pour savoir tout (ou presque) sur le vélo.

  • Les plantes du plaisir, Stimuler sa libido au naturel, Dr Jacques Labescat : « Les plantes offrent mille possibilités naturelles pour développer ou réguler libido, plaisir et sexualité. Phytothérapeute passionné, le docteur Jacques Labescat nous livre ses conseils et ses recettes (infusions, décoctions, huiles de massages) pour que la sexualité demeure ludique, joyeuse et agréable, malgré les soucis, l’âge, la lassitude physique ou psychique. Pour chaque problématique (manque d’envie, épuisement, érection qui flanche, sécheresse vaginale…), il donne les deux ou trois plantes les plus efficaces.
    En supplément, quelques plaisirs-boosters : bains, spray qui affolent les sens, vins pour trinquer à l’amour… »

L’empaillé #12 vient de sortir ! Comme dit sur la première page, ce canard tout d’abord départemental (Aveyron), puis régional (Occitanie), s’étend à présent jusqu’en Auvergne, dans le Limousin, l’Aquitaine et même l’Ardèche et la Drôme !
Voici un extrait de l’édito pour se mettre dans l’ambiance : « Avec toute la presse indépendante qui persiste à exister autour de nous, nous allons continuer de tenter d’ouvrir des brèches. Tenter d’apporter des regards critiques, des enquêtes fouillées et des imaginaires subversifs. Avec tout ce que ce pays compte de radios libres, de journaux militants et de sites d’informations, nous relaierons vos luttes, nous creuserons où il faut creuser, et nous ne lâcherons rien. Tous et toutes ensemble, nous empêcherons ces racistes sauce Bardella d’envahir nos vies, nous ferons tomber ce pouvoir carnassier et nous déboucherons des bouteille de vin nat’ sur les piquets de grève, de Périgueux à Perpignan et de Pau à Privas. Chiche ? »
Un très bon moyen d’aider ce trimestriel dans son honorable projet est de s’abonner ici, mais aussi de faire un don .

« Et voilà donc le Ratcharge #41 ! Au sommaire de ce numéro qui marque les 20 ans du zine tout en n’étant pas commémoratif pour un sou, ça cause folie furieuse, isolement, HC punk ricain, squats italiens, kidnappings rocambolesques et scènes de famille surréalistes. » Dans le détail, on pourra y lire des nouvelles de Phoebe Hadjimarkos Clarke et Martin Mongin, un article sur le groupe proto-punk Electric Eels, un reportage sur Doc Dart, l’ex-chanteur des Crucifucks, un entretien avec le collectif anarcho-punk milanais Sentiero Futuro, des collages, des illustrations, des chroniques de livres et d’albums, … et une liste bien cocasse d’insultes situationnistes !

Papercore, le zine punk, DIY et international confectionné à Marseille et Toulouse et rédigé en anglais sort son #10. « This issue has an interview of Tsss collective Space (Georgia), last Fluff fest Report, an article about the Anarchopunk Federation in Spain, columns, reviews, comics… »

No Country For Old Punk est un fanzine punk (mais ai-je besoin de le préciser ?) confectionné à Toulouse. On trouvera dans ce #6 des traductions d’interviews (trouvées sur le net) de The Adicts, Angry Samoans, Taqbir et Rattus. On peut lire les premiers numéros en pdf ici.

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La BIM en 2023

Et voici quelques photos de la BIM en 2023…
Un grand MERCI à toutes les personnes, collectifs, associations, festivals, cafés, marchés et événements divers qui m’ont invité et accueilli l’année passée !

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Nouveautés Novembre ’23

Chéribibi revient avec un #13 qui s’est fait attendre deux ans… mais ça vaut toujours autant le coup ! Ce fanzine phare continue depuis plus de 30 ans de brillamment distiller la culture populaire (musique, cinéma, littérature, …) et de nous servir des généreuses causeries, de copieux articles et d’abondantes illustrations et photos. On peut entre autres y savourer les interviews de Glen Matlock (premier bassiste des Sex Pistols), de Ken Loach (cinéaste britannique de la classe ouvrière), de Christina Lindberg (actrice suédoise des 70’s), de The Twinkle Brothers (reggaemen jamaïcains), de Maryam Ashrafi et Mylène Sauloy (photographe iranienne et documentariste française ayant documenté la culture et les luttes révolutionnaires kurdes), etc. On y déguste également des chroniques de disques, de livres et de fanzines, une bédé courte mais drôle (« Bourguignon Gothique »), un roman-photo-entretien avec le gang de marionnettes hip-hop Puppetmastaz, un article sur le Horror Reggae et moultes autres surprises… Assurément une publication de passionné·es qui parviendra sans nul doute à vous passionner.

Encore quelques livres sortis chez Nada, maison d’édition montreuilloise que j’affectionne : deux classiques de Pierre Kropotkine (1842-1921), géographe, explorateur, militant et théoricien libertaire et un ouvrage (beaucoup) plus léger de David Snug, auteur de bande dessinée à l’humour absurde mais désopilant, qui a notamment publié l’excellent Ni web ni master (voir dans les Nouveautés Juin ’22).

  • La Conquête du pain, Pierre Kropotkine : Ouvrage majeur de la pensée libertaire publié pour la première fois en 1892, « l’auteur y explique simplement les mécanismes complexes de l’exploitation capitaliste (division du travail, salariat, profit, propriété privée, etc.), il donne aussi des pistes pragmatiques pour imaginer une organisation économique communiste et antiautoritaire.
    En s’inspirant de la Commune de Paris de 1871 et de ses principes d’entraide, il fait de la municipalité libre le socle du nouvel ordre social. Progrès technique et satisfaction des besoins, rapport de la ville aux flux mondialisés, sens et organisation du travail sont autant de sujets cruciaux abordés dans ce livre, qui demeure une référence indispensable pour critiquer notre société et imaginer un autre futur, plus désirable, plus solidaire, plus libre. »
  • L’Entraide, Un facteur de l’évolution, Pierre Kropotkine : Dans cet ouvrage écrit en 1902, Kropotkine y expose « les fondements naturels du communisme anarchiste tout en combattant farouchement le darwinisme social, idéologie scientifique du capitalisme. L’auteur s’y distingue aussi par ses intuitions pionnières : une vision écologique avant l’heure des rapports entre l’être humain et son milieu, une reconsidération des peuples autochtones, une réhabilitation des institutions médiévales et l’élaboration d’une historiographie par en bas.
    Face au chacun pour soi et à la compétition, ce texte de philosophie sociale, d’une troublante actualité, nous rappelle que la solidarité est le meilleur chemin vers l’émancipation de toutes et tous. »

  • La lutte pas très classe, David Snug : Dans ce petit livre très drôle, l’auteur reprend à son compte les slogans « Le féminisme sans lutte des classes c’est du développement personnel » et « L’écologie sans lutte des classes c’est du jardinage » et compose en une soixantaine de dessins, des slogans humoristiques (mais tellement percutants) du même ton, car « l’analyse politique sans lutte des classes, c’est de la propagande réactionnaire ».
    « Maître dans l’art de la punchline, du détournement et de la mauvaise foi, David Snug pointe les travers de notre époque, épingle les puissants, les politiques, les stars de l’industrie culturelle et des médias, et dénonce les conformismes et le militantisme de façade (greenwashing, flexitarisme, etc.).
    Dans la veine situationniste, cette compilation de gags groucho-marxistes bouscule les consciences et questionne la notion d’engagement, sans oublier l’essentiel, nous faire rire ! »

Et une nouvelle fournée de livres des éditions Cambourakis : deux bédés et trois romans anglosaxons.

  • Baby Blue, Bim Eriksson : « Betty, une jeune fille de vingt-trois ans, vit dans un pays où l’État prend des mesures drastiques pour prévenir l’effondrement de l’économie nationale qui pourrait advenir si les maladies mentales et les burn-out ne cessaient de se multiplier. Sujette à la dépression, elle se voit envoyée dans une de ces usines de santé créées pour traiter le vague à l’âme des citoyens et développer des esprits plus compatibles avec un objectif productiviste. Elle y rencontre une mystérieuse jeune femme qui lui fait découvrir des modes de vie alternatifs et la possibilité d’une résistance. Dès lors, toutes les certitudes de Betty volent en éclats. »

  • Vanille ou chocolat ?, Jason Shiga : « Œuvre hors norme, défiant nos habitudes de lecture, Vanille ou chocolat ? pousse à l’extrême l’idée du « livre dont vous êtes le héros ». Le lecteur suit les pas – et les choix – du petit Jimmy, confronté à un banal dilemme initial : quel parfum choisir pour sa glace, vanille ou chocolat ? Cette décision précipite un ensemble de conséquences des plus inattendues, qui peuvent aller jusqu’à la pure et simple fin du monde. (…) Au final, Vanille ou chocolat ? présente 3856 possibilités d’histoires – un record absolu.
    L’objet est constitué de 80 pages dotées de un à trois onglets, à travers lesquelles on circule en suivant un réseau de « tubes » colorés reliant les cases entre elles : le dispositif interdit tout parcours linéaire. Des codes secrets viennent encore corser l’affaire… »

  • La Contrée Immobile, Tom Drury : « La vie semble s’écouler plus lentement qu’ailleurs dans la petite ville de Shale, comme si l’exception géologique qui modèle cette région du Midwest, un territoire sauvage et accidenté, épargné par l’érosion glaciaire, avait durablement figé le temps. Une série d’évènements étranges, de rencontres plus ou moins fortuites et heureuses, va cependant secouer le destin de Pierre Hunter, un jeune barman simple et charmant, appliqué à passer à côté de sa vie avec indolence. (…)
    Tom Drury brouille les pistes et les genres, mais conserve jusqu’au bout le ton d’une comédie douce amère. Dialoguiste hors pair, il porte sur ses personnages un regard bienveillant, accueillant leur excentricité comme la plus naturelle des choses. La Contrée immobile est un cocktail au goût inédit, qui marie humour, fantasmagorie et noirceur. C’est un conte de fée tordu comme un rêve, une romance tragique, une histoire de fantômes et de vengeance qui hante durablement. »
  • Strass et Paillettes, Souvenir, Don Carpenter : « Don Carpenter quitte la grisaille de Portland – la couleur de son inoubliable premier roman, Sale temps pour les braves – pour le smog et la chaleur de plomb, le strass et les paillettes sixties de Los Angeles. Fruit de l’expérience amère de l’auteur, scénariste dans les coulisses de l’industrie cinématographique, ce tendre souvenir rejoue les scènes, intensément réalistes, d’une nuit d’ivresse hollywoodienne – Sunset Boulevard, à la fin de l’été brûlant de 1968, avant les émeutes de Chicago, après le Summer of Love.
    Une échappée belle – teintée de nostalgie – électrisée par le charisme d’une star de série B aux faux airs de James Dean, et ponctuée par un vrai baiser de cinéma. »
  • Mais qui a tué Harry ?, Jack Trevor Story : « Le problème avec Harry, c’est son cadavre étendu sous les fougères du vert paradis de la petite communauté très british de Sparrowswick… Une lande bruissante de gazouillis, un endroit où vivre et mourir, un nid d’amour où flirter le temps d’un été, une pelle à la main, un mort sur les bras… Plusieurs fois découvert, caché, enterré, exhumé au cours d’une journée, le mort aux chaussettes rouges sera le révélateur des élans secrets des villageois, chacun ayant de bonnes raisons d’être soupçonné. Caustique, enlevé, diablement efficace, ce mystère en plein air est aussi un délicieux vaudeville à l’anglaise, où gags et rebondissements se succèdent jusqu’à l’astucieux dénouement. » Ce roman loufoque paru en 1949 évoque aussi bien l’humour burlesque des Monty Python que la noirceur du maître du suspens Alfred Hitchcock (qui a adapté ce récit au cinéma en 1955).

Publié aux éditions Les Étaques, Fond d’œil de Caroline Cranskens est un livre de poésie contemporaine, rageuse et libre… elle y « décrit un monde qui s’éteint. Au travers de visions fantastiques où toutes les couleurs explosent et disparaissent dans le noir. Dans la veine des triptyques de Jérôme Bosch, de l’art de rue et du spoken word, cette écriture ouverte au regard remue les entrailles et érafle les murs. Au-delà du geste esthétique et politique, c’est un cri primal de femme qui tonne.
Caroline Cranskens creuse le socle déjà fendu du langage du pouvoir et de l’ordre, masculin et sécuritaire, souvent prompt à nous retirer les mots de la bouche. A nous déposséder, en somme, de nos armes, de nos mots, de notre manière de dire le monde. Écrire est alors une confrontation vitale à la langue, à ses lois et à ses gêoliers. Écrire est une course d’obstacles. D’abord « arracher les barreaux d’un langage formaté ». Dévisser les « mots morts ». Ensuite se réapproprier les sons et les lettres. Laisser vivre enfin, une langue viscérale, une langue rasoir, une langue barbare. »

Dans Agir ici et maintenant, Penser l’écologie sociale de Murray Bookchin, paru aux Éditions du commun, Floréal M. Romero « dresse le portrait du fondateur de l’écologie sociale et du municipalisme libertaire. Il retrace son histoire, son cheminement critique et politique. De l’Espagne au Rojava, en passant par le Chiapas, l’auteur propose, à partir d’exemples concrets, des manières d’élaborer la convergence des luttes et des alternatives pour faire germer un nouvel imaginaire comme puissance anonyme et collective.
Essai autant que manifeste, ce livre est une analyse personnelle et singulière de la pensée de Bookchin qui trouve une résonance bien au-delà de l’expérience de l’auteur. Il apporte des conseils pratiques pour sortir du capitalisme et ne pas se résigner face à l’effondrement qui vient. »

L’empaillé, toujours fidèle au poste chaque trimestre, sort son #11. Le dernier numéro avant celui de janvier qui verra son tirage plus que doublé et qui partira à l’assaut du grand Sud-Ouest, des Pyrénées-Atlantiques au Puy-de-Dôme en passant par la Gironde, la Haute-Vienne, etc. Pour soutenir cette initiative, on peut faire un don ici. On peut également s’abonner . Et en attendant, voici un extrait de l’édito de ce numéro : « Terre et liberté, la revendication de tous les peuples qui luttent pour un avenir démocratiquement choisi, débarrassé des occupants ou des intégristes, des despotes ou des profiteurs. Un mot d’ordre qui résonne avec toutes les mobilisations qui essayent de décider collectivement de la réappropriation des moyens de subsistance et de production. Toutes ces joies, ces révoltes et ces peines, toutes ces aspirations qui s’expriment dans nos pages s’ajoutent avec toutes celles et ceux qui, de Gaza à Tel-Aviv, de Kobané à Téhéran, tentent de faire tomber les murs quels qu’ils soient. »

Le #4 du « canard pas laquais » Torba vient de sortir, avec une couverture qui me plaît beaucoup ! On trouvera dans ce journal toulousain irrégulomadaire à la mise en page soignée : un retour sur le mouvement contre la réforme des retraites, un entretien avec trois jeunes du quartier du Mirail au sujet des émeutes de 2018, une réflexion sur la violence et le sport, une rapide histoire des piqueteros argentins dans les 90’s, un article sur l’extraction du lithium au portugal, de multiples brèves, un horoscope et même des mots croisés !

Vulvet Underground #5 est sorti cette année, en fin d’été. Ce fanzine féministe est sérigraphié et imprimé en risographie dans la Drôme et est fourni avec un poster bien chouette… On y lit entre autres : le témoignage de Manue, qui a subi des discriminations sexistes bien hardcore lors de sa formation de guide de moyenne montagne, une réflexion sur le terme, l’identité, et les pratiques « queer », une recension du livre La vie têtue de Juliette Rousseau, des textes persos, de la poésie et de très belles illustrations, qui feraient parfois de bonnes affiches coup de poing.

Encore un nouveau Up The Zines et Jeff nous prévient qu’il va retrouver une cadence bisannuelle, ce qui n’est pas pour me déplaire ! Dans ce #23, il y chronique ving-cinq fanzines différents (dont certains que l’on peut trouver sur les tables de la BIM) et il interview Franck (B.R.A de Bordeaux), Giz (Cheap Toys de Marseille) et Dan (Kérosène de Nancy). Toujours aussi intéressant, sans doute une des meilleures publications pour se plonger dans le monde parfois obscur du fanzinat, et faire plein de découvertes.

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Nouveautés Octobre ’23

Basée dans la Drôme, la maison d’édition The Hoochie Coochie publie des bandes dessinées, des revues et autres objets graphiques depuis 2002. Elle offre de la place aussi bien aux autrices et auteurs confirmé·es que débutant·es et s’évertue grâce à une politique éditoriale qui prend le temps, tout en restant audacieuse et rigoureuse, « à rejeter les systèmes de surproduction actuels en bande dessinée » :

  • Flore & Faune, Emelie Östergren : « Scott est un adolescent victime de harcèlement scolaire. Son identité de genre semble l’interroger, mais à qui en parler ? Partageant sa vie avec une mère peu fiable et largement absente, Scott est bien souvent seul face à ses tourments, ses questionnements et son étrange faculté à converser avec les choses… » Dans un univers onirique et surréaliste aux couleurs et dessins volontairement désuets, l’autrice nous offre une dérive forestière aux allures de quête initiatique dans laquelle, à l’image du personnage principal, nous pourrions facilement nous perdre… ou nous trouver…

  • Inferno, Marcel Ruijters : Avec un style qui rend hommage aux enluminures du Moyen Âge, l’auteur nous livre une interprétation graphique de la première partie (l‘Enfer, donc) de La Divine Comédie de Dante Alighieri. Ici, les hommes sont devenus des personnages féminins : Dante devenu Danta sera conduit à travers les enfers par Virgilia. Il bouscule ainsi l’académisme de ce classique et, « à l’instar de l’écrivain italien, Ruijters se sert de la structure infernale de son Inferno pour viser in fine les travers du monde contemporain : ici, l’hégémonie du capitalisme de ce début de XXIe siècle. »

  • D’Autres Russies, Victoria Lomasko : « De 2008 à 2016, Victoria Lomasko a arpenté son pays, à la recherche de témoignages des oubliés de la Russie de Poutine, qu’il s’agisse d’écoles rurales de villages oubliés, de travailleuses du sexe de Nijni Novgorod, de détenus mineurs privés de tous contacts extérieurs depuis leur pénitencier ou de jeunes femmes kazakhs réduites en esclavage dans les réserves d’un supermarché moscovite. Victoria Lomasko se fait aussi l’écho de nombreux rassemblements politiques contestataires qui se sont tenus à Moscou sur cette période, du procès des Pussy Riots aux grèves récentes des chauffeurs routiers.
    La publication en mars 2018 de D’Autres Russies est un télescopage volontaire avec le temps des élections présidentielles en Russie. Ce livre est la tribune des laissés pour compte du pouvoir poutinien et de la mainmise sur le pays de Russie Unie, le parti présidentiel. Au travers de l’écriture subtile et dévastatrice de Victoria, magnifiée par son dessin aussi direct qu’empathique, on s’aperçoit de la multitude invisible des citoyens russes déterminée à reconquérir ses droits malgré les verrous posés par un pouvoir oppresseur. »

Anacharsis est une maison d’édition toulousaine fondée en 2002 devenue coopérative en 2012. « En hommage à la figure mythique d’Anacharsis, barbare éclairé frotté de philosophie et mis à mort par les siens parce qu’il était soupçonné de vouloir pervertir leurs mœurs ; en hommage à tous ceux qui, au fil des siècles, voulant changer d’œil pour observer leurs prochains, l’adoptèrent pour pseudonyme, les Editions Anacharsis se sont donné pour vocation de publier des ouvrages qui rendent compte des rencontres entre cultures. Il peut s’agir de textes écrits au fil du temps – parfois injustement confinés dans des rôles de « documents » – de récits de voyages, authentiques ou étranges, de témoignages, mais aussi d’essais dont le dénominateur commun est de mettre le lecteur en présence d’un questionnement sur l’altérité. » :

  • Spinalonga, Vies et morts d’un Crétois lépreux, Epaminondas Remoundakis : « L’enfermement systématique des lépreux sur l’îlot de Spinalonga, au large de la Crète, débuta en 1904. Il devait perdurer jusqu’en 1957.
    Epaminondas Remoundakis y fut interné pendant vingt ans. Soucieux de revendiquer l’existence pleine d’un homme normal, il témoigne ici de la totalité de sa vie et non de son seul destin de proscrit. Il raconte avec un talent virtuose sa jeunesse buissonnière, sa vie d’étudiant à Athènes, son arrestation, puis son quotidien sur l’île. Il rapporte alors les combats collectifs menés contre l’injustice et l’arbitraire dans cette prison à ciel ouvert, et dénonce la gestion des épidémies par la criminalisation des malades. Son récit prend place parmi les grands écrits sur les mondes concentrationnaires. »
  • Les Atrocités des pirates, Aaron Smith : « À l’été 1822, au large de Cuba, le jeune Aaron Smith était capturé par des pirates. Le malheureux fut retenu des mois durant parmi eux et participa à leur vie de rapines. Arrêté par les autorités espagnoles, on le remit à la justice britannique, qui lui intenta un procès pour actes de piraterie.
    Verdict : acquitté.
    Certains des témoins de ce procès avaient pourtant reconnu en lui le chef des pirates qui les avait soulagés de leurs biens au large du récif cubain…
    En 1824, Aaron Smith faisait paraître à Londres Les Atrocités des pirates, un livre caméléon, à la fois roman d’aventures et plaidoyer en faveur de son innocence. Il n’en fallait pas davantage pour que l’on menât autour de cet équivoque personnage une enquête approfondie, dont les conclusions extraordinaires dévoilent une page sensationnelle de l’histoire universelle de la piraterie. »

  • Chef de guerre, Autobiographie, Black Hawk : « En 1832, sur le cours du haut Mississippi, Black Hawk, chef des Indiens Sauks, refuse d’abandonner ses terres aux colons américains. Il se lance dans une guerre brutale mais éphémère avant d’être contraint à capituler.
    Durant sa captivité, il rédige avec l’aide d’un interprète son autobiographie, qui deviendra un best-seller et fera de lui une figure tragique de grand chef indompté. Son récit rapporte depuis le temps de sa jeunesse les affrontements avec d’autres nations indiennes et les guerres entre Anglais et Américains, jusqu’à sa propre « Guerre de Black Hawk » et sa défaite.
    Bien avant les fameuses Mémoires de Géronimo, il expose une autre vision du monde et de l’histoire, et fait entendre la voix des Amérindiens écrasés. Bien que vaincu, il porte encore un dernier coup, par l’écrit, à ses ennemis victorieux. »
  • La Ballade de Joaquín Murieta, bandit mexicain, John Rollin Ridge (Yellow Bird) : « À l’époque de la Ruée vers l’or en Californie, un jeune Mexicain injustement humilié se fait hors-la-loi. Avec sa bande, Joaquín Murieta écume l’État, récemment annexé aux États-Unis, terrorisant les Gringos, et entre finalement dans la légende. Cavalcades, coups de feu, romances amoureuses, bagarres, ruses et lynchages à n’en plus finir rythment les pages haletantes de ce western grand style.
    La Ballade de Joaquín Murieta, inspiré de faits réels, premier roman jamais publié par un Amérindien (1854), fonde le mythe du bandit mexicain au grand cœur – l’origine de Zorro –, qui inspira jusqu’à Pablo Neruda et promet des jours de vengeance à tous les opprimés de l’Amérique triomphante. »
  • Rire enchaîné, Petite anthologie de l’humour des esclaves noirs américains : « Condamnés à l’accablement tyrannique d’une vie de bête de somme, les esclaves noirs américains se sont vus contraints de recourir à l’arme libératrice du rire.
    Sous le coup de l’une des institutions les plus brutales et stupides jamais sorties de cervelle humaine, ils raillèrent aussi bien un « Monsieur Maître » cruel et crétin que l’esclave « John », rusé mais candide. Se jouant des codes de l’univers borné de la plantation selon les modes divers du conte animalier, de la blague ou du boniment, ils affirmaient leur humanité face à leurs bourreaux.
    C’est cet esprit que souhaite transmettre le présent ouvrage, à travers un choix des textes les plus représentatifs collectés par les folkloristes américains entre les années 1880 et 1960. »

Encore quelques très bonnes publications des Éditions Goater de Rennes, dont trois livres de la collection « Rechute » (qui rend hommage à l’emblématique collection de SF des années 70 « Chute libre » aux éditions Champ Libre) :

  • L’art de lancer des choses, Le Comité des Bons Conseils : Diffusé par Goater, ce petit essai très drôle sorti aux Éditions des Bricoles (tout comme L’Émeute du Futur, voir dans les Nouveautés Juillet ’23) nous dévoile « les techniques générales et spécialisées du lancer qu’il soit de bâton, de poutre, de pavé, de palette, de bouteille, de pneu, de téléviseur, d’ordinateur ou de livre. » On y trouvera également une analyse de la mécanique des lancers (énergie, travail et limites du corps, respiration, …), les 9 règles immuables (« Je recherche la souplesse et la coordination », « Je pense aux statues de la Grèce antique et j’essaye d’y ressembler », …) et des suggestions d’échauffements et d’entraînements. Afin de coller aux tendances actuelles, cette nouvelle édition comporte même des conseils pour un lancer parfait de trotinette électrique !

  • Le voyage de Joenes, Robert Sheckley : « Quelques musées conservent des bombes atomiques du XXIe siècle ; mais pour comprendre cette époque, il faut lire Le Voyage de Joenes. Joenes a réellement existé, même si l’on discute l’authenticité de ses aventures. Natif du Pacifique, il visita l’Amérique et rencontra ces gens qui couraient pour faire croire qu’ils vivaient. Il vit des hommes se battre pour entrer en prison. Il trouva Dieu enfermé à l’asile. On enchaînait les fous pour leur donner l’impression d’être désirés. On espionnait les paranoïaques : ainsi la réalité ressemblait à leur délire et ils cessaient de délirer. On ne dessinait que des cartes fausses pour tromper l’ennemi ; quant aux informations secrètes, nul n’avait le droit de les lire. Joenes fut impliqué dans bien des péripéties, y compris la 3e Guerre mondiale qu’il provoqua par mégarde. Il a pourtant survécu, puisque les conteurs polynésiens, depuis lors, n’ont cessé de chanter son histoire d’île en île. »
  • L’Athée du grenier, Samuel R. Delany : Ce texte publié pour la première fois en 2018 aux États-Unis « raconte avec suspense, tension, réflexions diverses, la rencontre très secrète entre le mathématicien génial Gottfried Wilhelm Leibniz et le philosophe Baruch Spinoza dans son logis à Amsterdam, en 1676.
    Via la forme d’un journal, celui de Leibniz, les deux protagonistes abordent ensemble les crimes notamment cannibales commis pendant la période du Rampjaar (année désatreuse de 1672 dans les Provinces Unies suite à l’attaque conjointe de la France, de l’Angleterre, de Cologne et de l’évêché de Münster), la question des miracles ou encore des tracas du quotidien, des selles et autres questions pour le moins triviales. (…)
    La novella est suivi d’un essai, Racisme et Science-fiction (1998) qui traite principalement de la place des auteurices afro-américain·es dans la communauté SF, en évoquant des autrices telles qu’Octavia Butler et Nalo Hopkinson. »
  • Une femme au bord du temps, Marge Piercy : « Consuelo Ramos, dite Connie, a tout perdu : son compagnon, sa fille, sa liberté. Internée de force pour la deuxième fois, elle a l’impression de toucher le fond. C’est pourtant ce moment que choisit Luciente, voyageur temporel venant d’un futur qui semble impossible, pour contacter Connie. Si elle ne l’aide pas, le futur utopique dont sa communauté et lui sont si fiers ne pourra voir le jour, et tous tomberont dans l’oubli.
    Dans Une Femme au bord du temps, Marge Piercy pioche dans ses années de militantisme les éléments qui font de Mattapoisett une utopie sociale et écologique, un monde où l’humain est remis au centre des préoccupations. En touchant aux thèmes du racisme, des violences médicales et du droit aux femmes à disposer de leur corps, ce roman situé dans le New York de la fin des années 1970 résonne avec l’actualité d’aujourd’hui. »

Et voici deux nouveaux albums jeunesse et un road trip bien rock’n roll publiés par l’excellente maison d’édition parisienne Cambourakis :

  • L’île aux vélos, Ariane Pinel : « Pour les vacances, Jade est invitée chez sa cousine Louise. Or Louise habite sur une île où il n’y a pas de voitures, ce qui pourrait bien décider Jade à transformer son propre quotidien… » Cet album aux illustrations très colorées est un joli plaidoyer en faveur de l’utilisation du vélo, mais surtout contre la voiture, que Jade perçoit comme une prison, « un engin de l’enfer ». Avec sa fin réjouissante (on y croise un camion transformé en bibliothèque), ce livre peut être lu aux enfants à partir de trois ans… et pourquoi-pas leur donner envie d’enlever les petites roulettes !?

  • La Randonnée, Alison Farrell : Encore un album à partir de trois ans. Celui-ci nous raconte la journée de Gwen, Mel et Alice, trois jeunes filles intrépides qui ont décidé de partir en randonnée dans la forêt accompagnées de leur chien Noisette. Ces apprenties naturalistes équipées de cartes, jumelles et crayons observent ainsi la flore et la faune, se nourrissent de baies et vont noter leurs observations dans un carnet que l’on retrouvera à la fin de l’histoire. Différentes espèces animales et végétales sont identifiées tout au long de leur ballade, une façon d’apprendre à mieux les connaître… et les protéger.

  • Not Fade Away, Jim Dodge : « George Gastin, dépanneur amphétaminé mouillé dans des arnaques à l’assurance, doit se débarrasser d’une Cadillac Eldorado flambant neuve. Quand il apprend que la voiture était à l’origine une déclaration d’amour au Big Bopper, mort avec Buddy Holly et Ritchie Valens en 1959, il décide de livrer le cadeau à son destinataire décédé. C’est le début d’une épopée hallucinée en plein virage 60’s, un pèlerinage romantique, comique et cauchemardesque, sous le double patronage des drogues et de la musique.
    Des nuits effervescentes de San Francisco au calme plat des plaines du Midwest, dans sa quête de l’esprit ultime du rock and roll, George va croiser la route de personnages tous plus azimutés les uns que les autres. »

J’ai déjà parlé du journal marseillais CQFD (voir Nouveautés Mai ’23). Dans sa continuité éditoriale, les Éditions du Chien rouge éditent ou rééditent depuis 2006 des ouvrages de critique et d’expérimentation sociales contemporaines ou passées. On y trouve notamment :

  • Péage Sud, Sébastien Navarro : « C’est l’histoire d’un gars qui a lu plein de bouquins sur la révolution et qui a failli passer à côté de celle en train de germer sur le rond-point à côté de son village.
    L’histoire d’une rencontre entre un intello maladroit et une foule sortie de son mouroir périphérique pour hurler à la face du monde sa soif de dignité et de justice sociale. Une histoire de manifs organiques, de pétroleuses magnifiques et de rires aux larmes lacrymogènes – en gilet jaune. »
  • Abrégé du Capital de Karl Marx, Carlo Cafiero : Rédigé en 1878 par un anarchiste italien s’étant pourtant opposé au théoricien allemand lors de la scission de la Première Internationale en 1872, cet Abrégé « nous livre l’essentiel de l’analyse contenue dans le Livre I du Capital de Karl Marx. Ce compendium de la critique du système capitaliste – « où ce ne sont pas les moyens de production qui sont au service du travailleur, mais bien le travailleur qui se trouve au service des moyens de production » – a été rédigé à destination d’un public populaire. Écrit dans un style simple et sans l’appareil scientifique qui rend parfois ardue l’approche de l’œuvre originale, ce résumé a d’ailleurs été approuvé par Marx en personne. »

Murray Bookchin et l’écologie sociale libertaire, Vincent Gerber et Floréal Roméro : Dans cette introduction aux idées clés de Bookchin publiée par Le Passager Clandestin, les auteurs nous rappellent son parcours et les points forts de sa pensée puis nous proposent une sélection de quelques textes du théoricien de l’écologie sociale et du municipalisme libertaire, « alternative démocratique à l’État-nation, qui appelle à un retour à la gestion humaine des affaires publiques et à la prise de décision collective. »

Analectes de rien, F. Merdjanov : « Peu de choses sont connues sur F. Merdjanov. Naissance en 1970 à Nice. Famille d’origine macédonienne dont l’histoire croise celle du nihilisme politique des années 1900. Études de philosophie et de littérature. Travaux portant sur « L’égosolisme klimaïen et le matérialisme du rien ». Actuellement en apiculture sur les rives de la mer Noire. Cette anthologie est son premier écrit. Ses autres textes – dont des exégèses poétiques – restent inédits à ce jour. » Publié en 2017 par la discrète maisonnette d’édition Gemidžii, ce livre passionnant permet, notamment grâce à de nombreuses citations dans lesquelles le mot rien est omniprésent, d’apprendre énormément sur rien. Tu peux y jeter un oeil ici. Et si la provitophilie (méthode de décryptage de la vie et de l’oeuvre de F. Merdjanov) t’intéresse, tu pourras aller faire un tour sur le très prolifique et indispensable Wikimerdja.

Traité du trou du cul, Isabelle Simon : Cet essai incontournable sorti aux Éditions de l’Opportun a permit à sa malicieuse autrice de prendre sérieusement « le sujet du trou du cul à bras-le-corps. Sous toutes les coutures diront certains, histoire de faire (enfin) le tour de la question ! Cette petite encyclopédie réjouissante et un brin provocante, a pour seule prétention – bien mal placée, convenons-en – de ne rien omettre du sujet.
Sexualité, spiritualité, histoire, langue, géographie, anatomie, culture, gastronomie, morale… Le trou du cul est un sujet central ! »

Sans fumier ! Manuel de maraichage biologique sans intrant d’élevage pour un futur soutenable, Jenny Hall & Iain Tolhurst : Traduction en français par les membres de l’association Carpelle de Growing Green (édité originellement par le Vegan Organic Network), ce manuel très complet donne des solutions aux jardinier·es amateurices comme professionnel·les expérimenté·e qui veulent pratiquer une forme d’agriculture soutenable, indépendante des apports extérieurs pour maintenir la fertilité des sols. « Il aborde dans un même ouvrage différentes échelles de production de légumes et le recours à des techniques motorisées ou manuelles. Les systèmes d’agriculture biologique sans intrant d’élevage s’appuient notamment sur la gestion des rotations de culture, l’optimisation des pratiques de travail du sol, l’utilisation d’engrais verts, de composts végétaux et de bois raméal fragmenté. » Et il est disponible en pdf ici.

Mauvaises nouvelles des étoiles, Le capitalisme à l’assaut du ciel, G. : « Quelques informations et réflexions sur les projets d’internet global à haut débit par satellites. Le capitalisme ne connaît pas de frontières et cette fois il nous méprise depuis l’espace qu’il pollue visuellement et matériellement. » Ce court texte initialement publié le 26 avril 2020 sur le site paris-luttes.info et simplement signé G. est ici édité et postfacé par les éditions Tache d’Huile. Il évoque l’aberration écologique mais aussi philosophique que représentent Starlink et les autres projets des géants du numérique d’envoyer des dizaines de milliers de satellites dans l’espace. De quoi nous questionner sur notre dépendance aux nouvelles technologies et sur nos possibilités et moyens de lutte contre le pouvoir technocratique.

Et encore un nouveau Karton ! Toujours aussi intéressant et réjouissant dans ses propos et choix éditoriaux… on peut lire dans ce #11 du fanzine DIY toulousain bilingue (français/english) les interviews du groupe de punk antifasciste originaire de Biélorussie Messed Up, du graphiste Val l’Enclume (également chanteur et guitariste dans Oi Boys) qui s’est occupé de la couverture de ce numéro, d’une membre du collectif Help 4 Dunkerque qui vient en aide aux migrant·es du camp de Grande-Synthe, du groupe de rap grec 2X2X, du groupe de punk hardcore athénien Youth Crusher, de AL’ un militant et performeur queer stéphanois, …

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Nouveautés Septembre ’23

Deux nouvelles publications chez Ici-bas, maison d’édition collective toulousaine de très grande qualité ayant entre autres publié Destin de Ötto Nückel (un roman graphique prolétarien très sombre de 1926 constitué de 200 gravures sur plomb), Pente Raide de Marvic (le récit de voyage et de reconstruction d’une femme suite à un viol), Nos corps, nos guerres de Pole Ka (un roman graphique sans parole empreint de symboliques féministes fortes) et Le travailleur de l’extrême de Äke Anställning (le récit tragico-comique d’un travailleur précaire adepte du sabotage de petits boulots). Ces publications sont toutes disponibles sur les tables de la BIM :

  • Et l’île s’embrasa, John Vasquez Mejías : « Un pan méconnu de l’histoire anticoloniale du continent américain. Dans les années 1950, aux Antilles, une île occupée par la puissance étasunienne s’embrasa pour réclamer son indépendance. Une insurrection armée tenta d’y renverser le joug colonial qui sévissait depuis un demi-siècle, puis chercha à blesser l’empire en son cœur en commanditant l’assassinat du président des Etats-Unis, Harry Truman. Cette île a un nom – Porto Rico – et c’est son histoire largement méconnue que ce roman graphique raconte. »
    Ce premier livre de John Vasquez Mejías est entièrement gravé sur bois. À la frontière entre le roman graphique indépendant actuel et le roman en gravures d’une autre époque, c’est un travail incroyablement dense et précis de composition et de lettrage, à la narration documentaire explosive.

  • Nûdem Durak, Sur la terre du Kurdistan, Joseph Andras : « Un livre-combat pour la liberté du peuple kurde. En 2015, la chanteuse Nûdem Durak a 22 ans lorsqu’elle est condamnée à dix-neuf ans de réclusion par le régime turc. Son crime ? Avoir défendu, par sa musique, la lutte et la culture de son peuple – kurde. À ce jour, faussement accusée d’être membre d’une prétendue « organisation terroriste », elle est toujours enfermée. Nûdem Durak est condamnée à rester en prison jusqu’en 2034 : à travers elle s’exprime la lutte de tout un peuple pour sa liberté.
    Joseph Andras poursuit, cinq ans après Kanaky (Actes Sud), son travail d’enquête littéraire : dans un récit incarné, sensible et documenté, fruit de quatre ans de recherche, il reconstitue, à travers la vie de la jeune artiste, l’histoire d’une injustice individuelle et collective. Un récit internationaliste, composé aux côtés de la détenue, comme un vibrant appel à la solidarité pour tous les prisonniers politiques. »

La frangine un tantinet plus rock’n roll des éditions Ici-bas s’appelle Demain les flammes, et elle publie notamment des traductions du fanzine Cometbus (créé il y a plus de quarante ans par Aaron Elliott (dit Aaron Cometbus), « l’écrivain inconnu le plus connu d’Amérique »). L’Esprit de Saint-Louis, ou comment avoir le coeur brisé, une tragédie en ving-quatre actes raconte, dans un style proche de ce qu’on avait pu lire dans Double Duce, « l’histoire d’un échec, d’un échec déguisé en succès, de déconvenues totales, de succès qui tournent au fiasco à la dernière minute. Par l’entremise de l’odyssée d’une bande de punks que rien n’arrête, ni les flammes, ni la vieillesse, ni les défections, on y découvrira comment la vie peut devenir un cauchemar ou une farce, et comment cela peut arriver sans crier gare et malgré nos bonnes intentions. » Encore un bijou de la littérature punk !

Dans un tout autre style, deux autres bijoux, ceux-là sortis chez Cambourakis :

  • Kobané Calling, Zerocalcare : « Un reportage poignant issu du voyage de Zerocalcare à Kobané, de sa rencontre avec l’armée des femmes kurdes et les résistants en lutte contre l’avancée de Daech.
    De Rome au Rojava en passant par la Turquie, la Syrie et l’Irak, ce témoignage nécessaire, plein de justesse et d’humour, s’efforce de retranscrire la complexité et les contradictions d’une guerre si souvent simplifiée par les médias et les responsables politiques. Et il interroge le sort des volontaires internationaux venus y combattre aux côtés des Kurdes : ceux qui sont morts sur place comme ceux qui sont rentrés dans leur pays. » Un roman graphique à lire ab-so-lu-ment pour mieux comprendre ce qui se joue dans cette partie du globe qui vit malheureusement encore des conflits constants.

  • Ne suis-je pas une femme ?, bell hooks : « Telle est la question que Sojourner Truth, ancienne esclave, lança en 1851 lors d’un discours célèbre, interpellant féministes et abolitionnistes sur les diverses oppressions subies par les femmes noires : oppressions de classe, de race, de sexe.
    Héritière de ce geste, bell hooks décrit dans ce livre paru en 1981 aux États-Unis les processus de marginalisation des femmes noires. Elle livre une critique sans concession des féminismes blancs, des mouvements noirs de ­libération, et de leur difficulté à prendre en compte les oppressions croisées.
    Un livre majeur du « Black Feminism », un outil ­nécessaire pour tou·te·s à l’heure où, en France, une nouvelle génération d’Afroféministes prend la parole. »

Plusieurs nouvelles acquisitions chez Lux éditeur, maison d’édition québécoise qui publie depuis presque 30 ans des textes de réflexion politique d’inspiration libertaire :

  • Panique à l’université, Rectitude politique, wokes et autres menaces imaginaires, Francis Dupuis-Déri : « Plusieurs poussent des cris affolés à propos d’une Université soi-disant assiégée par les féministes et les antiracistes, qui menaceraient jusqu’à l’ensemble de la société au nom de la «rectitude politique». Pour stimuler la panique collective, on agite des épouvantails – social justice warriors, islamo-gauchistes, wokes, gender studies – et on évoque les pires violences de l’histoire: chasse aux sorcières, lynchage, totalitarisme, extermination. Même des chefs d’État montent au front. Or, cette agitation repose non seulement sur des exagérations et des mensonges, mais elle relève d’une manipulation qui enferme l’esprit et entrave la curiosité intellectuelle, la liberté universitaire et le développement des savoirs.
    Pour y voir plus clair, cet essai s’intéresse à l’histoire ancienne et récente de l’Université. Il appelle à considérer la place réelle des études sur le genre et le racisme dans les réseaux universitaires – des salles de classe aux projets de recherche –, et met en lumière les forces qui mènent la charge aux États-Unis, en France et au Québec. Ultimement, il s’agit d’un exercice de déconstruction d’une propagande réactionnaire. »

  • T’as pas trouvé pire comme boulot ? Chronique d’un travailleur en maison de retraite, Nicolas Rouillé : L’auteur (qui avait auparavant écrit Le Samovar sorti chez Demain les flammes, un roman sur un jeune homme qui découvre l’univers des squats) se fait embaucher sans aucune expérience en tant qu’ASH (Agent des Services Hospitaliers) dans une maison de retraite. Fin observateur et soucieux du moindre détail, il en a tiré des chroniques qui sont parues de 2020 à 2022 dans le journal de critique et d’expérimentations sociales basé à Marseille CQFD. Elles sont ici compilées et nous livrent « le récit du quotidien d’une maison de retraite dans toute sa banalité, ses extravagances et ses souffrances. C’est surtout la chronique d’une institution où le manque structurel de moyens met à mal le travail des soignantes pour une fin de vie digne des aîné·es. » Des anecdotes parfois drôles mais surtout dramatiques sur ce que vivent, souvent dans l’indifférence la plus totale, les résident·es des EHPAD. Et on a envie de pleurer lorsqu’on lit qu’une dame demande à l’auteur : « Pouvez-vous me dire pourquoi je suis ici ? J’ai beau chercher, je ne vois pas ce que j’ai bien pu faire de mal. »

  • 1312 raisons d’abolir la police : Gwenola Ricordeau, professeure associée en justice criminelle à la California State University, a compilé et commenté dans cet ouvrage les textes de plus d’une quinzaine de voix abolitionnistes différentes, « avec toutes ses nuances et hors des clichés réducteurs. » « D’où vient l’idée d’abolir la police et que recouvre-t-elle au juste ? Si la police ne nous protège pas, à quoi sert-elle ? Comment dépasser la simple critique de la police pour enfin en finir avec elle ? 1312 raisons d’abolir la police tente de répondre à ces questions, et propose de riches réflexions critiques sur les liens entre l’abolitionnisme pénal et la race, le handicap ou le travail sexuel notamment. L’ouvrage porte également sur les mobilisations contemporaines pour l’abolition de la police en Amérique du Nord, en retraçant leur généalogie et en explorant leurs propositions stratégiques, leurs expériences et les débats qui les traversent. » De quoi affûter notre argumentaire face aux personnes encore capables en 2023 de défendre cette institution voire de tenir des discours réformistes à son sujet… Une pensée pour Nahel et tous les autres.
  • Manifeste de l’anarchie, Anselme Bellegarigue : « Paris, avril 1850. Un jeune homme fait paraître ce qui peut être considéré comme le premier manifeste anarchiste de l’histoire. Publié dans le premier numéro de L’Anarchie. Journal de l’ordre, ce Manifeste constitue un virulent plaidoyer contre la farce électorale, la fourberie des partis politiques, ainsi qu’un vibrant appel à l’abstention généralisée.
    On sait peu de choses du singulier personnage que fut Anselme Bellegarrigue (1813-1869), sinon qu’il a été l’un des observateurs les plus lucides des lendemains de la révolution de 1848 et qu’il a su voir que les pouvoirs du peuple risquaient d’être accaparés par ses représentants.
    Mais ce qui caractérise Bellegarrigue et le rend si actuel, c’est sans l’ombre d’un doute sa défense acharnée de la liberté. »

  • L’anarchisme, une histoire des idées et mouvements libertaires, George Woodcock : « Écrit dans les années 1960, puis revu et augmenté en 1989, ce livre monumental offre le récit de l’une des plus grandes aventures des XIXe et XXe siècles, celle de l’anarchie. Woodcock y raconte le mouvement, ses victoires, ses défaites, mais il y expose surtout les idées des principales figures qui ont façonné la pensée libertaire, de William Godwin à Emma Goldman. Au-delà de l’engagement intellectuel, politique et moral de ces personnages historiques plus grands que nature, L’anarchisme brosse un portrait vivant de leur combat et des profonds idéaux de liberté qui n’ont jamais cessé de les animer.
    Considéré aujourd’hui comme un classique de l’histoire de l’anarchisme, cet ouvrage étoffé expose les perspectives d’une aspiration partagée aujourd’hui par un nombre toujours grandissant de personnes éprises de justice et d’autonomie. »

  • L’ivresse des communards, prophylaxie antialcoolique et discours de classe (1871-1914), Mathieu Léonard : « La légende noire d’une Commune grise semble avoir vécu. Or, en décembre 1871, l’Académie de médecine n’hésitait pas à qualifier l’insurrection de «monstrueux accès d’alcoolisme aigu». En réalité, à la fin du XIXe siècle, on observe le discours réactionnaire se draper d’oripeaux scientistes amalgamant prolétariat, socialisme, maladie mentale et ivresse en une repoussante allégorie de la révolution.
    Cette étude part d’une minutieuse archéologie du mythe de l’ivrognerie des communards dans la littérature versaillaise et médicale. Elle décrit aussi comment, au lendemain de l’insurrection, l’hygiénisme s’investit d’une véritable mission sanitaire contre le «fléau de l’alcool» dont il faut détourner les classes dangereuses afin de régénérer la nation.
    Au cœur de cette vision du monde se diffuse l’obsession de la dégénérescence, qui prépare le terrain à l’eugénisme, et laissera, contre toute attente, ses scories jusque dans l’anarcho-individualisme et le néomalthusianisme. »

Quelques livres de la maison d’édition lyonnaise Atelier de Création Libertaire qui fêtera l’an prochain ses 45 ans :

  • Dictionnaire anarchiste des enfants, Jorge Enkis & Collectif Emma Goldman : Un dictionnaire illustré destiné aux jeunes esprits rebelles de 9 ans et plus, et qui permet aux enfants (et aux adultes) de développer leur « pensée critique à travers des définitions, des comparaisons et des métaphores sur les idées et les valeurs portées dans le monde merveilleux de l’anarchisme. »

  • Qu’est-ce que l’écologie sociale ?, Murray Bookchin : Traduction du premier chapitre d’un ouvrage paru en 1982 (The Ecology of Freedom : the Emergence and Dissolution of Hierarchy), Murray Bookchin y étudie les origines de la hiérarchie et de la domination comme liées aux désastres écologiques. « La domination qu’exercent les riches sur les pauvres, les hommes sur les femmes, les vieux sur les jeunes, se prolonge dans la domination que les sociétés fondées sur la hiérarchie exercent sur leur environnement. Et de même que ces relations de domination aliènent les personnes – c’est-à-dire détruisent ou réduisent leur potentialité humaine –, de même ces sociétés hiérar­chiques détruisent la nature. Mener une politique écologique appelle donc une mutation des rapports politiques au sein de la société : « protéger la nature » suppose l’émancipation sociale. »

  • Notre environnement synthétique, la naissance de l’écologie politique, Murray Bookchin : Paru en 1962, ce livre passe en revue « les causes de la très rapide détérioration de l’environnement naturel outre-Atlantique, conséquence de l’accélération du développement du capitalisme après la Seconde Guerre mondiale qui bouleversera de nombreux aspects de la vie quotidienne des personnes qui en avaient été jusque là relativement préservées. C’est un texte fondamental pour l’écologie politique, d’une remarquable lucidité sur les désastres écologiques qui s’annonçaient tout en s’efforçant de présenter une voie pour éviter le pire. »
  • Quelle écologie radicale ? Écologie sociale et écologie profonde en débat, Murray Bookchin & Dave Foreman : Ce livre est la retrancription commentée d’une discussion qui a eu lieu en 1989 entre deux théoriciens d’une certaine écologie radicale aux points de vue opposés. Bookchin, le défenseur de l’écologie sociale (s’appuyant sur les luttes sociales pour essayer de définir une pratique en accord avec la survie de la planète) et Foreman, le créateur du mouvement Earth First! (qui part d’une sauvegarde systématique des espaces naturels pour ensuite aller vers une démarche sociale) y recherchent des points de convergences entre ces deux formes d’engagement, entre autres le rejet de l’environnementalisme (qui cherche à accompagner la société actuelle). « Car, au final, l’objectif était, et reste aujourd’hui, de dégager un terrain d’action commun qui puisse renforcer le mouvement d’écologie radicale dans son ensemble et le mettre ainsi à la hauteur du défi posé par le changement climatique. »

  • La pensée sociale d’Élisée Reclus, géographe anarchiste, John P. Clark : Il s’agit d’une introduction de John P. Clark à un recueil d’écrits d’Élisée Reclus publié aux États-Unis. « Tout d’abord, la Terre est tenue en l’air, tel un objet sacramentel. Elle est présentée comme un objet de crainte révérentielle, de vénération, d’amour profond et de respect. D’autre part, et peut-être de manière plus évidente au premier regard, l’image représente la Terre « entre les mains » d’une humanité personnifiée. Elle indique ainsi notre responsabilité dans le destin de la Terre, et dans la nécessaire réalisation d’une conscience unifiée, exprimée dans l’image de l’humanité. Ces deux aspects de l’image rendent très bien compte des deux pôles imaginaires de la pensée de Reclus : l’imaginaire écologique, enraciné dans sa géographie sociale, et l’imaginaire anarchiste qui est ancré dans sa vision politique. Dans les deux cas, nous sommes exhortés à développer un respect, une révérence et un amour plus profonds pour tout ce qui a été objectivé comme « l’autre ». »
  • Les Lazaréennes, Joseph Déjacque : « À l’époque de Proudhon, Marx et Hugo, un jeune ouvrier-poète parisien du nom de Joseph Déjacque (1821-1865) fulgure en l’espace de dix ans à peine. Il subit la répression de 1848 et part en exil après 1851. Il devient anarchiste entre Londres et New York, 1852 et 1854. Mais c’est à La Nouvelle-Orléans, entre 1855 et 1858, que sa colère politique atteint des sommets. Déjacque y publie, pour quatre souscripteurs à peine, ses poèmes les plus puissants : les Lazaréennes (1857). Ils varient entre l’ivresse amoureuse et le dépit amer, la critique transversale du capitalisme et les appels à la vengeance révolutionnaire. Le chant de la fauvette alterne avec celui des « damnés », la tendresse avec la furie. »

Continuons de nous intéresser au catalogue des éditions Libertalia avec :

  • Tout pour tous ! L’expérience zapatiste, une alternative concrète au capitalisme, Guillaume Goutte : « Le 1er janvier 1994, en s’emparant, armes à la main, de plusieurs grandes villes de l’État du Chiapas, dans le sud du Mexique, les rebelles zapatistes ont donné à voir aux sociétés civiles nationale et internationale la réalité cruelle dans laquelle vivent des centaines de milliers d’Indiens mexicains. Réclamant la reconnaissance de leurs droits et de leur identité, ils ont remis sur le devant de la scène l’un des aspects souvent oubliés de la mondialisation : l’écrasement des peuples indigènes par la machine capitaliste.
    Si les médias n’ont retenu de ces rebelles que les passe- montagnes et les fusils, c’est pour mieux occulter la société authentiquement révolutionnaire que ces dizaines de milliers d’Indiens construisent depuis maintenant plus de vingt ans dans les territoires qu’ils ont libérés.
    Ce livre entend donner un aperçu des réalisations concrètes de leur projet. »
  • Hommage au Rojava, Les combattants internationalistes témoignent : « Ce livre collectif, premier du genre, regroupe les témoignages écrits par dix-neuf combattants et trois combattantes internationalistes ayant participé, au Rojava (Kurdistan syrien), à la guerre contre Daech ou l’armée turque. Les unités YPG/YPJ représentent l’armée des Kurdes syriens. Elles se battent pour un projet révolutionnaire fondé sur la commune, le socialisme, l’égalité entre les femmes et les hommes, la laïcité ainsi que l’égalité entre groupes ethniques et religieux. »
  • Manuel du guérillero urbain, Carlos Marighela : « Il y a quarante ans, en juin 1969, le militant communiste brésilien Carlos Marighela rédigea le Manuel du guérillero urbain. Convaincu que seule l’action armée pourrait mettre fin à la dictature militaire au pouvoir depuis le coup d’État de 1964, il livra dans cet opuscule nombre de conseils pratiques à l’attention des ouvriers et étudiants révolutionnaires de son pays. Abattu en novembre 1969, il a payé de sa vie son engagement dans la guérilla urbaine.
    Ce texte est un document politique important. Il contredit la théorie du « foco », donc du foyer révolutionnaire en milieu rural, conceptualisée par Che Guevara et Régis Debray. Il illustre une certaine vision de la période post-68 et s’inscrit dans un contexte particulier : celui de la radicalisation de certaines franges de la gauche à l’heure de la dénonciation de l’impérialisme et des luttes tiers-mondistes, celui des « années de plomb » et de la lutte armée en Italie, en Allemagne, en Irlande, mais aussi au Proche-Orient et en Amérique du Sud.
    Interdit par le ministre de l’Intérieur Raymond Marcellin lors de sa première publication en France sous le titre Pour la libération du Brésil, il fut immédiatement réédité par un collectif de 23 éditeurs (Flammarion, Robert Laffont, Minuit, Maspero, Gallimard, Grasset, etc.).
    Dans une longue préface, le sociologue Mathieu Rigouste (auteur de L’Ennemi intérieur, La Découverte, 2009) démontre que le texte a eu une circulation paradoxale : il a en effet inspiré les théoriciens de la contre-guérilla à l’initiative du plan Condor. L’histoire éditoriale saisissante de cet ouvrage est développée en postface. »

I wanna be loved (by you), Agnès Des Pouilles : « Cet ouvrage n’est pas seulement un roman autobiographique, c’est aussi le témoignage d’une époque, celle des premiers punks en France durant les glorieuses eighties. Sex, drug and rock’n’roll agrémenté d’une dose de violence.
Mais au-delà de ça, de la créativité grâce au Do It Yourself, tout devient possible dans cette France des années 80.
Même si certains n’ont connu que le mitterrandisme, l’enfance passée, nous, jeunes révoltés, enfants sauvages de la jungle urbaine, nous options pour une esthétique nihiliste, provocateurs jusqu’au-boutistes, authentiques, rebelles d’une société que nous n’avions pas choisie et à laquelle nous ne voulions pas appartenir ! »
Le récit, dans la déglingue tumultueuse des eighties, de Nina jeune punk toulousaine « qui ne badine pas avec la liberté, l’égalité et la fraternité, qui préfère une vie choisie de junkie sur le trottoir de la dépravation plutôt qu’une vie de soumission dans le confort toxique d’un avenir déprimant. »

Disjoncté·es parle de violences traumatiques. Ce fanzine est avant tout un espace d’expression, un partage de témoignages, une manière de se sentir moins seul·e. Les auteurices le présentent ainsi : « Nous avons choisi de parler des mécanismes de survie face aux événements traumatiques et de leurs conséquences. Un sacré truc qu’il nous a été essentiel de comprendre pour pouvoir avancer. Avec cet écrit, nous vous faisons part de ce que l’on a compris, de ce que ça veut dire au quotidien de devoir gérer le sentiment de culpabilité, les émotions débordantes et lutter pour se sentir légitime ! L’objectif est de se faire du bien ! »

Au menu de ces cinq nouveaux numéros de la revue Ingrédient (éditée par l’association marseillaise Le Bouillon de Noailles) : « Rue de l’Arc », « En chantier », « Destination papilles », « Sésame ! » et le tout nouveau #14 « À l’ombre » qui se passe au sein de l’EPM (Établissement Pénitentiaire pour Mineurs) de La Valentine. L’équipe de cette revue gourmande donne la parole aux gentes qui veulent bien nous raconter des histoires de cuisine. Et ça passe souvent par des recettes alléchantes évoquant la riche diversité culturelle des quartiers marseillais.

Petit Cri est une revue indépendante de cinéma joliment bricolée par le Collectif Lou Pac à Toulouse. « Lou Pac est une occasion, celle de porter un regard sur la production à une échelle locale, la créativité à peu de frais, les artisanats méconnus gravitant autour du cinéma ou que le cinéma permet de découvrir. » Et voici le #3 et le #4 dont Lou Pac dit qu’il est « la concrétisation d’un rêve de potes : arriver à créer ensemble et se projeter au même endroit. Si c’est pas beau. »
Si, c’est beau : une bien chouette mise en page rythmée par des collages et quelque fois des textes écrits à la main… et puis c’est intéressant, on peut y lire : le compte-rendu de la production dvd d’un docu amateur, de nombreuses critiques de films de haute volée, un entretien avec des personnes s’occupant d’un cinéma et espace de création à Toulouse (La Forêt Électrique), une retranscription de l’interview d’un cinéaste qui ne veut pas parler de cinéma (Richard Linklater)… un fanzine ambitieux de passionné·es qui, je l’espère, « fera long feu » !

Jeanne Van Monckhoven est une illustratrice et plasticienne vivant dans la Drôme. Elle a imaginé et créé le fanzine Scum Bag durant le confinement de novembre 2020. Il est composé d’une cinquantaine de magnifiques illustrations originales sur le quotidien, truffées d’animaux sauvages, d’échanges de textos, de songes et d’actualité politique.

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Nouveautés Août ’23

J’accueille à présent sur mes tables une maison d’édition basée à Toulouse que je suis extrêmement ravi de pouvoir proposer ! Les magnifiques objets littéraires des éditions blast « défendent une littérature d’essai et de création politique, une littérature qui pense l’articulation des oppressions et des luttes et qui ouvre des perspectives depuis le champ des résistances antiracistes, féministes, queers, anarchistes. » Y sont publiés sous une forme parfois hybride des essais, de la poésie, des romans et même un album jeunesse « nourrissant des analyses engagées tout en proposant des écritures incisives qui interrogent radicalement les réflexes et les normes autant que la langue elle-même » :

  • Le souffle, lou dimay : « C’est à Guède, dans les replis de l’indigo et du pastel, qu’Irène perd le souffle. Dans l’entreprise qui l’embauche, la verticalité l’assomme. À mesure qu’elle incorpore les directives qu’elle reçoit et dont elle est relai, elle assiste à son propre effacement. Quelque chose dysfonctionne au bureau : la hiérarchie, les objectifs de la boîte, les rapports de pouvoir entre services et personnes, le sexisme décomplexé. Le climat propice à l’emprise exacerbe l’absurdité et la violence du travail. Les bureaux, comme les cuves où macèrent les couleurs, deviennent un étau. C’est à Guède qu’Irène étouffe et lutte pour retrouver sa voix face au contrôle, mais cela aurait pu être partout ailleurs.« 
  • Les chants du placard, Luz Volckmann : « Le souvenir d’une amitié absolue et pourtant étiolée de l’enfance, le retour pour arpenter et confronter le territoire familial, l’apprentissage et l’éveil d’un corps ralenti, au dos longtemps objet médical. Trois temps racontent les recoins du placard, celui dans lequel on enferme les trans, les queers, les anormales. Ils sont écrits par la haine, la violence, la pauvreté, la prison, l’hégémonie, mais à cela y répondent l’impitoyable poésie du corps, le lien organique et sensible au sol, la mémoire locale et rurale, la tendresse et la force du devenir, le rire et la rage de se tenir debout. Car Luz Volckmann le rappelle : « Le Placard nous réduit. Or, j’ai l’orgueil du peuple des géants. »« 
  • Glisser nue sur la rampe du temps, Souad Labbize : « Dans ce récit en fragments, des femmes reprennent le pouvoir qui leur a été confisqué par le patriarcat, le colonialisme ou la précarité. Dans un territoire pluriel se déploient sept tableaux comme autant de loupes sur des parcours individuels, considérés comme peu légitimes pour faire Histoire mais ô combien partagés, porteurs et émancipateurs. De celle qui devrait se séparer de sa fille au cœur de la Seconde Guerre mondiale touchant aussi l’Algérie, à celle traversant la frontière pour aller avorter en pleine révolution tunisienne, en passant par celle qui soigne une femme syrienne ayant rejoint Tamanrasset, ces récits font résonner les voix de femmes renversant ce qui les astreint et les réduit pour y opposer le choix de leur liberté. Glisser sur la rampe du temps, c’est détricoter les mailles de l’hégémonie et observer jaillir la sororité et la puissance qui accompagnent ces vécus. »

  • La septième lèvre, Miel Pagès : « Dans La Septième Lèvre s’écrivent mille et une façons de penser et de dire le corps, les relations ou dieu. Ce recueil déploie une poésie ancrée dans le quotidien, une poésie mêlée d’instantanéité et d’images dans laquelle on assiste à une mise à l’épreuve du soi et du temps. Il s’agit d’une invitation à questionner la représentation et le lien social. Ces cantiques féministes et queers nous immergent dans une lutte intériorisée, intime, un temps par et pour soi en vue d’un être collectif au monde. Dans une langue narrative, pop et cinématographique se fait également entendre un élan spirituel, souvent oublié des combats féministes et qui vient ouvrir des champs d’empouvoirement.« 
  • tant qu’il reste quelque chose à détruire, Mag Lévêque : « Tant qu’il reste quelque chose à détruire est le chemin poétique d’une reconstruction après le viol. Mag Lévêque éclaire par le poème le lien à la honte, à la culpabilité, à la sexualité. Au-delà du témoignage, elle parvient à créer à partir de la violence et de la douleur, en ne faisant jamais impasse sur l’indicible. Le poème se débat et s’élabore contre la mémoire du corps marqué par l’empreinte invisible de la violence. C’est ici dans l’intime que se joue l’émancipation ; et le verbe de réveiller la force qui n’a jamais quitté l’autrice. Un recueil qui laisse place au trauma sans s’y résumer. L’écriture raconte un état de dissociation se révélant jusque dans l’esthétique. En émerge une sensation de décalage dans laquelle la perception du réel se dilue dans celles des autres, mais contre laquelle un élan de vie brut s’élève. À travers une narration fragmentaire, il est question de la sauvegarde de soi et de la recherche d’une force collective comme réparations. »
  • Aux vies anecdotiques, Karima Ouaghenim : « La poésie comme un cri arraché au corps : Aux vies anecdotiques fait entendre un être au monde sensible et à jamais politique. Écrit depuis les marges, ce recueil est un écho aux dynamiques d’oppression systémiques auxquelles fait face celle qui dit. Ne jamais être comme il faudrait : racisée, queer, grosse, pauvre ou poilue, le corps d’un être à qui on intime le silence mais qui le refuse par une explosion poétique venant inquiéter un confort qui ne tient qu’à l’écrasement des autres. Aux vies anecdotiques laisse respirer une langue qui dit la fierté en rappelant combien la domination n’a jamais rien d’une anecdote et combien la lutte, dans chaque espace du quotidien, est vitale. »

  • Colza, Al Baylac : « Au commencement, des escapades dans les champs de colza et la découverte tranquille du corps ; puis le corps vu, projeté, contraint et assigné par d’autres. Comment déconstruire l’hétéronormativité pour parvenir à être soi ? Roman de traversée, Colza s’installe dans les interstices : entre campagne et ville, entre construction d’une identité queer et misogynie intériorisée, entre fantasmagories et amours réelles. Le corps gouine s’élabore au fil de ce périple contre les injonctions patriarcales et sexistes. Ce roman est le récit du trouble : celui de Colza (personnage éponyme), qui a trouvé la liberté de s’inventer et d’écrire sa propre histoire au-delà des normes binaires.« 
  • Vers la normativité queer, Pierre Niedergang : « Depuis la fin des années 1980, les pratiques et théories queers ont critiqué les dynamiques de normalisation liées aux dominations cisgenres et hétéropatriarcales. Mais à cette critique a succédé une position purement déconstructrice des normes de la sexualité, au point que la nouvelle norme est devenue le refus de toute norme.
    En distinguant normalisation et normativité, Pierre Niedergang affirme que la critique de la normalisation, bien  légitime, n’implique pas une position antinormative mais au contraire une « normativité queer ». Après avoir étudié les impasses de l’antinormativité, notamment concernant les violences sexuelles, l’auteur décrit cette normativité queer : critique, communautaire et vitale. Reconnaître cette inventivité normative à l’œuvre dans nos communautés permettrait de construire une perspective queer féministe consciente de la dimension matérielle des oppressions et des rapports de pouvoir qui se nouent au cœur de nos relations, de nos corporéités et de nos sexualités.
    « 
  • Là où les trottoirs s’arrêtent, Baptiste Thery-Guilbert : « 17 ans, 19 ans : deux âges pour un roman au coeur de l’adolescence et de son intimité. Un narrateur ancré à Marseille raconte ce quotidien ponctué de l’intensité qui le caractérise : se découvrir et vivre un être, un désir et une sexualité hors des normes hétéropatriarcales, faire face à l’homophobie et au mensonge, s’habituer au secret – le sien ou celui de l’autre. Quitter l’école car elle n’a plus rien à offrir et s’installer devant la mer, essuyer l’insulte, tenter de contrer la honte par l’émancipation, cacher la maladie ou le trouble psychique, affronter la précarité et la douleur familiale. Par une écriture de l’intime dans laquelle résonne pourtant puissamment un élan collectif, ce roman fait entendre tous les mécanismes de l’homophobie, intériorisée ou non. Et face à ceux qui voudraient imposer un déterminisme, s’élèvent le refus de s’effacer, le refus d’excuser et le refus de disparaître. Dans ce texte se construit une voix puissante et autonome qui dit combien est forte la volonté d’exister. »

  • Ma mère est une femme à barbe, Raphaële Frier & Herbéra : « « La barbe de ma mère est drôlement belle quand elle est bien coiffée, et très utile par temps froid » dit l’enfant. Et l’enfant peut s’y enrouler, jouer à cache-cache, faire de la musique avec cette grande barbe. Ma mère est une femme à barbe renouvelle avec délicatesse et subtilité les représentations des femmes et des mères. Depuis les yeux de l’enfant, ce sont tous les codes qui sont interrogés et qui volent en éclat. Raphaële Frier et Herbéra proposent avec ce livre onirique une histoire qui rappelle combien il est important que le jeune (et moins jeune) public puisse nourrir son imaginaire au-delà des normes et des contraintes. »

Maternités Subversives de María Llopis est sorti cette année aux Éditions Goater : « Aujourd’hui, dans notre société occidentale, la maternité s’inscrit dans un contexte capitaliste et patriarcal, dans lequel elle se retrouve asexuée, médicalisée, biologisée et dépossédée de son pouvoir. Ainsi, de plus en plus de personnes choisissent des grossesses, des accouchements et des modes d’éducation hors norme. En l’absence de modèles alternatifs, elles essayent d’en inventer tout en questionnant les idées préconçues et les comportements souvent imposés.
María Llopis a rencontré et discuté avec ces nouvelles mères, nouveaux pères, MaPas, sage-femmes, lactivistes… qui réfléchissent au modèle actuel de la maternité, dévoilent ses contraintes et ses contradictions et qui créent, en même temps, des formes novatrices et libératrices. Ainsi, ce livre essaye de rendre visible les différents types de maternités issus de luttes et de nouvelles expériences ; puisque la maternité touche une grande partie de la population, la subvertir est une façon de changer le monde. »

Quelques livres des éditions Libertalia :

  • Dix questions sur le féminisme, Valérie Rey-Robert : « Ce livre évoque dans les grandes lignes l’histoire du féminisme, ses divers courants, ses concepts, une partie des inégalités encore trop présentes, des discriminations et des violences faites aux femmes – dont la cessation revêt un éternel caractère d’urgence –, mais aussi les idées reçues sur les féministes et les controverses au sein du mouvement. »

  • Kate Millett, Pour une révolution queer et pacifiste, Marie-Hélène Dumas : « Artiste, essayiste, romancière, Kate Millett (1934-2017) est une figure majeure – et souvent oubliée – de la deuxième vague du féminisme états-unien, aux côtés de Betty Friedan, Shulamith Firestone, Angela Davis ou Gloria Steinem. Tout en construisant une œuvre plastique et littéraire, elle lutte avec les femmes et les minorités sexuelles, se bat contre le racisme, la guerre, la violence personnelle autant qu’instituée, l’homophobie et l’enfermement qu’elle a connus elle-même. En 1970, Sexual Politics, ouvrage pionnier en matière de théorie féministe, la rend célèbre. Elle utilise ses droits d’autrice pour réaliser un film et acheter une ferme à Poughkeepsie (État de New York) où elle créera plus tard une communauté utopique de femmes artistes. Voici enfin la première biographie de cette amie de Simone de Beauvoir, rédigée à la manière d’un roman par Marie-Hélène Dumas. »
  • Ma Guerre d’Espagne à moi, Une femme à la tête d’une colonne au combat, Mika Etchebéhère : « C’est l’un des textes les plus forts sur la guerre d’Espagne, écrit par Mika Etchebéhère (1902‐1992), une internationaliste argentine francophile qui dirigea une colonne du Parti ouvrier d’unification marxiste (POUM) en 1936‐1937. On y croise des révolutionnaires antistaliniens, des anarcho‐ syndicalistes, des marxistes hétérodoxes, tous habité·es par la conviction d’imminents lendemains qui chantent. Ce livre porte la parole rare d’une femme au combat. »

  • Bartleby le scribe, Herman Melville : « Le monde que Melville décrit dans la célébrissime nouvelle Bartleby en 1853, c’est déjà le monde de la start up nation, des travailleurs atomisés, surveillés, uberisés ; des managers amis ; le monde des bullshit jobs, de l’open space et de la transparence ; un monde impersonnel et vide, dématérialisé et pétrifié, dans lequel toute issue ne débouche que sur des impasses et où toute forme de résistance est criminalisée. Le monde du copyright, de la mégalopole et du flux. Bref, un monde­ marchand, brutal et clos, né dans la première moitié du XIXe siècle à Wall Street, et qui est devenu aujourd’hui le nôtre. Il n’est donc pas étonnant que I would prefer not to ait pu servir de slogan aux manifestants du mouvement Occupy Wall Street. »
  • Codine, Panaït Istrati : « Adrien Zograffi et sa mère, blanchisseuse, viennent d’emménager dans la Comorofca, un quartier pauvre de Braïla, à l’est de la Roumanie. Adrien est un garçon poli et propre sur lui qui ne s’intègre pas aux garçons qui jouent au foot dans la rue, tous dépenaillés et grossiers. Un jour, il fait la connaissance du « géant du port », le forçat au grand cœur, le fameux Codine, colosse des bas-fonds redouté de tous. Tous deux se lient d’une amitié forte et exclusive, ils deviennent « frères de croix ». Mais la fatalité rattrapera bien vite le grand Codine… »

Radio It Yourself, publié chez Tahin Party est un manuel qui « invite à la créativité radiophonique par l’autonomie technique, la compréhension de nos outils et la vulgarisation des bases théoriques en physique, électronique, acoustique. Du micro à l’antenne et aux émetteurs en passant par l’informatique, ce manuel aborde les solutions techniques DIY mais aussi professionnelles à envisager. L’ouvrage évoque également les bases théoriques et est ponctué de réflexions politiques sur les pratiques radiophoniques collectives. Il est destiné aux techniciens et techniciennes des radios associatives, aux apprenti·es pirates, aux curieux et curieuses souhaitant (re)découvrir ou approfondir le fonctionnement de leurs outils. »

Quelque part, là où le souvenir est mort, Arvo Steinberg : livret autoédité de « prose poétique libre semi-automatique, écrite depuis Sète en passant par le fond de la Vendée pour finir quelque part en Ariège au cour de ces deux dernières années. Déroulé symboliste et onirique sur la solitude, l’amour, la ville et la nature, l’espoir et l’infini. »

Deux livrets autoédités par Beni et magnifiquement imprimés en sérigraphie et risographie. Ils évoquent tous les deux la lutte contre l’enfouissement des déchets nucléaires à Bure :

  • Une transcription de la conférence gesticulée Nucléaire Solitude qui est jouée depuis octobre 2019 par le comité imbaisable, Héma et Hétonque. « Ce spectacle fait le lien entre l’impasse nucléaire et le manque affectif, auxquels les deux conférencières ont été quotidiennement confrontées en habitant à Bure, dans la Meuse, là où se profile le projet Cigéo d’enfouissement de déchets radioactifs qui suscite une opposition vive et durement réprimée. »
  • Le gendarme et le désert nucléaire, comédie rurale et sécuritaire est le récit, sur le ton humoristique mais basé sur des faits réels, de l’interrogatoire dans une « gendarmerie de province » de deux personnes suspectées d’avoir dégradé un bâtiment de l' »Andru ». Une manière de rappeler qu' »il n’y a qu’à l’église et dans les commissariats que l’on est si mal assis » et que « devant les flics comme au tribunal, garder le silence est non seulement un droit mais c’est surtout une excellente stratégie ».

Encore un petit livret autoédité par Beni, il s’agit tout simplement de la retranscription des paroles de la magnifique chanson Le bonheur de Brigitte Fontaine et Areski Belkacem sortie en 1975.

Moules-Frites est une très jolie revue collaborative féministe. Elle est autofinancée, éditée, diffusée et distribuée par deux jeunes femmes de Bordeaux et Bruxelles. L’idée étant de « libérer la parole pour faire évoluer les mentalités et balayer le patriarcat ». On y trouve les contributions de plusieurs artistes, graphistes, illustrateurices, designereuses, auteurices, … : des articles (sur l’écriture inclusive, les rappeuses françaises, l’art écoféministe, la contraception masculine, …), des récits, beaucoup de belles illustrations et à chaque numéro, une recette pour préparer les moules !

Voici les deux derniers numéros de Epectase, la revue multilingues (français, deutsch, english, italiano) qui célèbre, par l’écrit et l’image, les diverses formes d’érotisme qui s’affranchissent « des normes, des étiquettes ou des jugements moraux. » Le #7 évoque le festival queer-féministe intersectionnel Idn’taalin au Maroc, avec notamment une interview très intéressante d’une partie de l’équipe du festival par le zine Karton. Ce numéro est donc produit « en hommage à toutes ces incroyables personnes luttant pour dégager des espaces de libertés et d’émancipations dans un contexte pourtant hautement hostile et répressif. »

L’empaillé continue à tracer sa route et distiller ses news locales (mais pas que) à travers l’Occitanie… on peut notamment lire dans ce numéro d’été deux gros dossiers : un sur l’autoritarisme au pouvoir et la domination policière, et l’autre sur les violences conjugales et la domination masculine. Cet excellent journal nous annonce même dans ce #10 qu’il compte bien doubler sa zone de diffusion et tirer le #12 en janvier à 50 000 exemplaires ! Gros défi qui nécessite un bon coup de pouce… On peut lire les explications et faire un don ici.

Quel plaisir de retrouver le zine Permafrost neuf ans après le dernier numéro ! Entre autres choses qu’on peut trouver dans ce #3 en mode papier journal et mise en page efficace : une interview des membres de Oi Boys ainsi que de multiples références à des groupes que j’adore (Taulard, Short Days, Zone Infinie, Utopie, …), des chroniques de zines, d’albums, de livres en rapport avec la prison, un entretien avec l’auteur du Travailleur de l’extrême (dont je suis hyper fan), une présentation du site antijob.net qui propose en russie une liste noire des mauvais employeurs, un dossier sur l’héroïne de comics Halo Jones d’Alan Moore… Un retour réussi pour ce très chouette fanzine ! J’espère que le prochain sortira très vite ! 🙂

L’équipe de Karton a sorti son #10 il y a déjà quelques mois, le #11 ne devrait plus tarder… Je ne présente plus ce fanzine bilingue (français/english), grand habitué des tables de la BIM depuis le #1 en octobre 2019 ! Au delà de la couv’ signée Camille Foucou (dont on lira aussi l’interview à l’intérieur), on y trouve plusieurs entretiens : avec Octopoulpe projet solo de batterie et lights bien énervé « l’équivalent d’un spectacle Puy du Fou pour les crusts », avec Barouf au sujet du label vinyle de tekno underground Witchcraft Records composé à 100% d’artistes femmes, avec Nathan Golshem l’auteur de l’excellent Et s’ouvre enfin la maison close (Demain Les Flammes #6, voir ici), avec Emmanuel·le Linée « jeune auteur·ice de théâtre, explorateur·ice du genre et de la langue »… et un article sur la boxe française !

Deux fanzines à l’esthétique et au contenu bien punk :

  • Rotten Eggs Smell Terrible (REST) #40 : de nombreuses interviews dans ce zine aveyronnais (Steff des Éjectés, Mat de la librairie La Pétroleuse, la dessinatrice Pole Ka, Organe-Frits Man, Glittoris), mais aussi des chroniques de skeuds et de livres.
  • RestPek #4 : Split Zine REST (de Rodez) + KrasPEK (de Brest) = RESTPEK. Il est servi avec une compil K7 de punk brestois des années 90 et sont interviewés dans ce numéro : The Docktones, Les Vierges, Flying Taboorets, Les Mutants, La Bande à Kaader, The Suttles, etc. et puis des chroniques d’albums, de livres et de zines et autres textes (par exemple une chronique de bières à petit budget !)…

Le livre Nature et Anarchie a été republié en début d’année dans une nouvelle version revue et augmentée. On y croise Bakounine, Élisée Reclus, Errico Malatesta, André Léo, André Pudhommeaux, Georges Navel, Joseph Déjacque, Pierre Kropotkine, Murray Bookchin, Miguel Amoros, … On y parle de la question agraire, des anarchistes naturiens, des premières critiques de la science, de l’anarchisme anti-industriel, d’antispécisme et de primitivisme, et évoque en détail ce qui nous détruit, depuis le développement du numérique jusqu’à l’extraction minière, et les impasses des faux-critiques. « Dire que l’anarchisme est dès son origine une pensée « écolo » relèverait de l’anachronisme. Il a même parfois prôné l’industrialisation. En revanche, il est dès le départ un assaut contre le développement capitaliste, avec tous ses désastres. C’est justement pour cela qu’il n’est pas écologiste, et contribue au contraire à éviter le piège d’une pensée réformiste et gestionnaire. Il fournit des armes aussi bien contre la gestion salement industrielle du capital, ou celle plus novatrice qui se colle l’étiquette « verte » ou « durable ». Il n’est par ailleurs jamais question de la nature sans celle de la liberté. »

Antipolitika est une revue anarchiste des Balkans qui est sortie jusqu’à présent tous les 2-3 ans et qui est publiée en serbo-croate, grec et anglais. Le thème du #1 était l’antimilitarisme, le #2 la Yougoslavie et le #3 le nationalisme. Il contient des textes écrits par des anarchistes de Zagreb, Thessalonique, Belgrade, Athènes, Ljubljana, Paris et Los Angeles. Il est entre autres question dans ce numéro de critique de l’anti-impérialisme, de critique des politiques nationalistes de groupes tels que le Parti Communiste de Yougoslavie, des idées anti-nationalistes de Robert Musil, etc. « Anti-politics is life without walls and fences, it is our heart, and the new world we carry inside it. »

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Nouveautés Juillet ’23

Cyprine Chaude, c’est « trois copaines qui se posent un tas de questions sur les féminités, les masculinités, le couple et les schémas sociaux que l’on reproduit ou non ». Il en résulte « un magazine annuel qui a le souhait d’interroger les sexualités et le genre sous le prisme du beau, du drôle et du sincère. » Y participent des « amix, entourages, connaissances, rencontres (…) Ainsi penseur·ses, philosophes, spécialistes en astrologie, illustrateurices, poéte·sses, … qu’ielles soient amateurices, militant·es, professionnel·les ou non y mêlent leurs points de vue et sensibilités. » Ce zine basé à Strasbourg est imprimé en risographie, avec une couverture sérigraphiée et une planche de stickers dans chaque numéro. C’est magnifique, intelligent et chaudement recommandé par la BIM !

Une des dernières publications des Éditions Ici-bas de Toulouse est « un récit de voyage qui nous amène jusqu’en Iran. L’autrice raconte le harcèlement, un viol et les pentes raides qu’elle a dû gravir pour continuer à vivre après son agression. Empreint d’une lucidité et d’une sincérité totales, toujours poignant, parfois déroutant, Pente raide de Marvic est un témoignage sans fard sur l’entrave que constitue la culture du viol pour les victimes en quête de reconstruction. Il contribue aussi à une réflexion essentielle sur la justice, le processus de réparation après une expérience traumatique, ainsi que l’indépendance et la liberté. »

Et voici quatre nouveaux livres de la collection La petite bibliothèque anarchiste et un magnifique roman graphique aux Éditions Nada de Montreuil :

  • Femmes, unissons-nous, Teresa Claramunt : « Dans ces textes inédits en français, Teresa Claramunt (1862-1931), ouvrière, anarcho-syndicaliste et pionnière du féminisme espagnol, surnommée la « Louise Michel de Barcelone », appelle les femmes à s’organiser afin de renverser le capitalisme et le patriarcat pour qu’advienne l’anarchie. »
  • Pour une économie libertaire, Frédéric Antonini : « Une économie libertaire ? Ces deux termes semblent antithétiques. Et pourtant, comment ordonner la production et les échanges, essentiels à l’organisation de toute société humaine, sans repenser fondamentalement les rapports économiques qui régissent notre quotidien ? Quelles formes pourrait prendre une économie fondée sur l’égalité, la liberté, la responsabilité, l’entraide et la justice sociale ? Cet opuscule, sans prétendre constituer un programme définitif et dogmatique, offre à la réflexion des pistes sur les moyens d’atteindre un autre modèle de société dont l’objectif ne serait plus le profit en faveur d’une minorité, mais l’épanouissement de chacun au sein de la collectivité. »
  • Une petite histoire de l’anarchisme, Marianne Enckell : « Dans cette balade en anarchie, Marianne Enckell, historienne et animatrice du Centre International de Recherches sur l’Anarchisme de Lausanne, nous emmène sur les traces de ce mouvement depuis ses origines jusqu’à nos jours, abordant en particulier son aspect international et sa dimension culturelle. »
  • Aux anarchistes, Fernand Pelloutier : « Dans ces textes, Fernand Pelloutier (1867-1901), secrétaire de la Fédération nationale des Bourses du travail, appelle les anarchistes à rejoindre les rangs du mouvement syndicaliste, pour favoriser l’auto-organisation du prolétariat et construire la grève générale expropriatrice, qui doit conduire au renversement du capitalisme, à l’abolition de l’État et à l’avènement d’un socialisme fédéraliste. »

  • Le Système, Peter Kuper : « New York. Un tueur en série traque des strip-teaseuses. Un flic corrompu rackette des dealeurs. Un crime raciste suscite la colère. Un politicien véreux est prêt à tout pour se faire réélire. Un scandale politique et financier est sur le point d’éclater.
    Dans une ville où tout est interconnecté, une foisonnante galerie de personnages évolue à travers les dédales d’une intrigue dont les ressorts se cachent à chaque coin de rue.
    Peter Kuper livre ici un roman graphique magistral, réalisé à la bombe et au pochoir. Dans ce récit choral sans paroles, il révèle les rouages d’un système gangréné par la corruption, la violence et les injustices sociales. »

Un livre futuriste dont vous êtes l’héroïne/le héros, et une « anthologie de nouvelles d’horreur, de gothique et de fantastique sombre », voici deux sorties récentes des Éditions Goater de Rennes :

  • L’Émeute du Futur, Le Comité des Bons Conseils : « 17 février 2050…à l’aube d’une nouvelle journée de labeur au fond des abysses de la normalité futuriste, vous décidez d’aller faire un tour en ville…
    C’est pas si banal que ça pour quelqu’un comme vous de sortir de chez soi, d’affronter le soleil de plomb, les inondations intermittentes, les aires touristiques et autres galeries marchandes de la bourgeoisie triomphante… Mais peut-être bien que cette fois ci, y a comme un parfum d’agitation qui flotte dans l’air lourd de la métropole, peut-être même qu’à l’ombre des robots-flics-top-modèles, des chefs sur-connectés, des abeilles-drones et de l’autorité photovoltaïque en roue libre se trame l’émeute la plus exaltante qui soit depuis des lustres…et que son avènement dépendra de vous !
    Si jamais vous vous avez des comptes à régler avec l’Avenir qui vous est promit, n’attendez pas une seconde de plus et plongez-vous corps et âme dans L’Émeute du Futur : le seul livre-jeu au monde qui s’occupera bien comme il faut de vos emmerdements à venir ! »

  • Nous parlons depuis les ténèbres : Ce recueil nous propose dix nouvelles, toutes écrites par des femmes, qui abordent « plusieurs facettes du genre depuis le body horror jusqu’au gothique maritime, en passant par le fantastique amer et l’angoisse contemporaine, le gore ou encore la réécriture horrifique de contes. Ces écrivaines sont doublement en marge et dans l’ombre : parce que femmes et parce que ces genres sont déconsidérés et peu visibles. Littérature de contrebande, elle n’en n’est pas moins active et en évolution constante. Ce livre manifeste entend ainsi lutter contre cette double invisibilisation. »

Nouriturfu, cette « maison d’édition en marge ou au coeur du comestible », continue depuis 2016 de nous fournir de l’alimentation saine pour la tête, l’esprit et le coeur avec :

  • Maltriarcat, Quand les femmes ont soif de bière et d’égalité, Anaïs Lecoq : « La bière est la boisson alcoolisée la plus consommée au monde. Mais savez-vous combien de centilitres de sexisme il y a dans un demi ? Combien de décilitres de patriarcat dans une pinte ? Aujourd’hui, les femmes ont plus que jamais soif de bière et d’égalité : après avoir été historiquement évincées de la profession, les brasseuses sont enfin de retour ; tout comme les consommatrices, qui sont de plus en plus nombreuses à s’intéresser à la bière et à s’y connaître en lambics, stouts, IPA et autres dark lagers.
    A travers l’histoire passionnante de ce breuvage millénaire, en s’appuyant aussi sur des enquêtes bien plus actuelles et de nombreuses interviews de spécialistes (brasseuses, zythologues, sommelières, cavistes, influenceuses…), Anaïs Lecoq dessine un panorama saisissant et sans faux-col de ce monde de la bière en pleine effervescence, où le patriarcat a désormais la pression. »
  • Surveiller et nourrir, Comprendre ce que la prison a dans le ventre, Lucie Inland : «  »Depuis la geôle du marquis de Sade embastillé, pestant contre « des plats dont le diable ne mangerait pas », jusqu’aux repas quotidiens des personnes actuellement privées de liberté, la question de l’alimentation en prison reflète notre organisation sociale et révèle ses dysfonctionnements.
    Ce livre interroge ce que les détenus trouvent dans leur assiette, qui le décide, pourquoi et comment, en France mais aussi aux États-Unis, pays dont la population carcérale est la plus importante au monde et risque encore dans une trentaine d’États la révoltante peine de mort, charriant avec elle un imaginaire romancé autour du dernier repas avant l’exécution.
    En prison, la nourriture est une absolue nécessité, un passe-temps, une perspective d’avenir, un moyen de lutte, un outil de punition ou même un objet de pop culture ; mais c’est surtout un enjeu essentiel pour celui ou celle qui est enfermé·e.
    Cette enquête inédite allie enfin connaissances théoriques et témoignages concrets, afin de dépasser nombre d’idées reçues sur ce que la prison a dans le ventre. »
  • American Appétit, Voyage dans le ventre des USA, Elisabeth Debourse : « Quel lien entre les tacos et le mur de Donald Trump ? Pourquoi les présidents américains aiment-ils tant le cidre ? Que commander pour conduire une Cadillac tout en graillant ? En quoi faut-il prendre la cuisine chinoise avec des baguettes aux USA ? La disparition de la pizza new-yorkaise à 1$ annonce-t-elle l’effondrement de l’économie mondiale ? Et qui est donc ce fameux Nathan dont tou·tes les dingues de hot-dogs parlent ?
    À toute blinde à travers les États-Unis, Elisabeth Debourse décortique les plats et boissons qui font la (parfois sale) réputation de ces bouffeur·ses de burgers – bien plus regardants sur ce qu’ils et elles ingèrent qu’il n’y paraît. Une épopée de New York à la Nouvelle-Orléans qui démonte les clichés sur la gastronomie américaine en explorant le passé, le présent et le futur de l’empire des doigts gras. Car « la culture culinaire états-unienne est riche et fascinante, bien plus que ce que nos egos européens n’oseront jamais l’avouer. » »

  • Pour tomber amoureux buvez ceci, Mémoires d’une femme du vin, Alice Feiring : « À travers un grand écart d’histoires vécues – comment elle a failli devenir l’assistante de Nina Simone en voulant lui offrir un vouvray, comment elle a fait office de plombier des vins auprès d’un plombier malheureux en amour, comment elle s’est retrouvée à devoir choisir une bouteille pour Björk, comment l’un des plus tristement célèbres tueurs en série des États-Unis l’a approchée ; à travers ses nombreux voyages aussi, en Italie, en Géorgie, au Mexique ou au Chili ; et encore l’Histoire, la grande, à l’ombre de Staline, Pinochet ou Auschwitz… Sans oublier, enfin, une belle histoire d’amour – Alice Feiring nous entraîne avec douceur dans le sillage savoureux de ses souvenirs, pétillants et touchants comme un champagne bonifié par l’âge, le tout saupoudré de conseils en vin ultra-avisés.
    Mais avec ce livre, le huitième (et rien moins que son meilleur d’après le New York Times), Alice Feiring nous offre surtout un grand récit de transmission, autant sur la vie que sur le vin, liant l’intime à l’universel avec une évidence toute naturelle. Car, « plus que toute autre forme d’art, le vin et la vigne sont liés au bonheur et au chagrin, à la famille, à la nature, à la tentative de contrôler l’incontrôlable, comme en amour ». »

  • La Quille du Siècle, Louis Mesana & Marthe Poizat : « Charlie et Steve sont serveurs au Fillmore, un bistrot branché qui ne sert que des vins naturels, quelque part dans une grande ville, dans les années 2010. Alors que rien ne les prédisposait à l’aventure, les deux protagonistes sont soudain embarqués dans une enquête folle, sur les traces d’un mystérieux vigneron culte, qu’on dit mort ou disparu – en tout cas, il s’est volatilisé… De courses poursuite avec la police en délires psychédéliques aux effluves de crus tournant au vinaigre, nos héros avinés vont rencontrer la fine fleur du milieu mi-mystique mi-mafieux du vin naturel et de la restauration, tout en tentant de résoudre, plus ou moins malgré eux, ce mystère qui s’avérera aussi obscur et tourbillonnant qu’un vin non filtré !
    Empruntant à la satire grinçante et l’univers underground de Robert Crumb ou encore Harvey Pekar (pour l’évocation des beautiful losers et l’humour noir ravageur), tout comme à Tardi pour le sous-texte politique derrière le roman noir, La Quille du Siècle rend aussi hommage aux polars truculents des années 50-60 (San Antonio) et leurs codes (humour burlesque, vocabulaire détourné).
    Entre Alcoolique de Jonathan Ames et Dean Haspiel, BlackSad de Juan Diaz Canales et Juanjo Guarnido et Les Ignorants d’Etienne Davodeau, La Quille du Siècle séduira les amoureux de vin comme toutes celles et ceux qui apprécient les bonnes histoires tendance roman noir déjanté. »

Paillettes toxiques et sérum phy, Des pistes pour repérer des dynamiques de pouvoir dans nos relations (pas cis hétéro) : « C’est un outil pour décortiquer des mécanismes qui existent dans toutes les relations, à différents niveaux. En sortant de l’idée qu’il y aurait d’un côté des relations parfaitement équilibrées et de l’autre des relations abusives. Ça parle de contrôle, de dévalorisation, de communication, de consentement, d’intimidation, d’emprise, d’oppressions systémiques, de victimisation, de jalousie… et d’encore plein d’autres choses.
Ça concerne plus spécifiquement les relations pas cis-hétéro. Tant que ça n’est pas utilisé pour des arguments queerphobe ou anti-féministe, ça peut être lu par des cis-hétéros, mais c’est bien de garder en tête qu’il y a certaines différences dans comment le pouvoir se met en place. » Et il est trouvable en pdf ici.

Mieux gérer nos conflits, Manifeste pratique et politique à propos de violence intracommunautaire, Éris : « Fruit d’un travail de trois années, il s’agit d’un manifeste qui défend des manières d’affronter les crises et conflits au sein d’un groupe en s’affranchissant des réflexes de polarisation et d’exclusion. Il contient une partie diagnostique et une partie pratique, et s’adresse à tous les groupes (associations, collectifs, groupes affinitaires ou d’ami·e·s…) désirant s’organiser de façon plus durable et égalitaire. » On peut le télécharger en pdf ici.

Décibels Crashh!, Fräneck : Ce magnifique recueil d’affiches de concerts réalisées entre 2014 et 2022 (et publié aux Éditions Imagora) est bien représentatif de l’univers de son auteur tel qu’il le définit sur son site : « À la frontière entre l’illustration jeunesse telle qu’on la connaît et l’illustration underground, les dessins de Fräneck basculent rapidement d’un monde candide, à un monde bizarroïde et effrayant. Les nombreux personnages qu’il met en scène adaptent leurs actions dans les constructions qui les entourent. Architectures curieuses et énigmatiques où l’intervention des personnages en devient elle aussi inexplicable.
Ce basculement du rêve au cauchemar, entraîne les personnages et les différents éléments du décor dans une confrontation parfois violente, humoristique, toujours sur fond de couleurs vives et d’attention portée au détail. »

« The Summer 2023 issue of Papercore is out ! This issue has an interview of Pozoga (Ireland), Ire tour Report, Manual de Combate (Chile) interview, columns, reviews, comics… »

Un numéro Spécial Censure pour L’Envolée #57 ! Une manière de rappeler que cet excellent journal (qui porte la voix des prisonnier·es au-delà des murs pour désinvisibiliser et questionner le monde carcéral), a vécu trois interdictions de diffusion en prison en deux ans en raison de « propos diffamatoires à l’égard de l’administration pénitentiaire ». Il faut croire que l’AP n’aime pas trop que soient dénoncées les réalités de la taule : les violences des matons, l’arbitraire des placements au mitard, les fouilles abusives, … « Toutes les notes de censure du journal s’inquiétaient de sa gratuité et de sa « large diffusion » susceptible d’avoir « un retentissement important auprès des personnes détenues ». L’AP reconnaît ainsi que ce sont les échanges entre prisonnier·es à propos de certains actes brutaux – notamment quand ils ont été judiciairement reconnus – qui sont « de nature à engendrer un retentissement important » dans les prisons de France. Ce n’est ni le ton, ni le contenu des écrits qui « portent une atteinte grave à la crédibilité et à l’honneur » de l’AP, mais bien les faits eux-mêmes. Et c’est cela qui ne doit pas circuler en détention ! » Bref, « écrire que la violence et la déshumanisation sont les fondements structurels de la prison, ça, ça les froisse ! » On peut lire l’édito de ce numéro ici, on peut également le télécharger et pour les soutenir, le mieux c’est encore de s’abonner et de commander ici des numéros à distribuer.

Regard insolite est un petit livre auto-édité chez Anar’chronique éditions qui regroupe trois textes anarchistes publiés en italien puis en français de 2015 à 2021. « Ces trois textes font valoir que, abstraction faite des circonstances « objectives » de la réalité environnante, aussi défavorables soient-elles, la possibilité de brouiller les cartes de la domination est toujours à la portée de la fantaisie et de la détermination. Les occasions ne manquent pas, elles ne manquent jamais. Le plus souvent c’est notre oeil qui n’est pas en mesure de les voir, car il est formé pour ne voir que ce qu’il connaît déjà. Il y a besoin d’un regard insolite – tourné autrement – pour arriver ailleurs. »

Dans ce cinquième numéro de Soleil Noir, « il est question de grève et de retraites, de critique du syndicalisme, d’auto-réductions, de faire table rase de la prison, du combat d’Alfredo Cospito contre le régime carcéral du 41 bis en Italie, de la répression qui s’abat contre des compagnon·nes, notamment Boris et Ivan, du vent de révoltes féministes et sociales en Iran, du projet de nouvelle piscine d’entreposage de combustibles nucléaires usés à La Hague, de la révolte soudanaise de 2018 à 2022, de Georges Navel et de James Graham Ballard et bien évidemment de fragments de révoltes qui parcourent le monde… »

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Brochures Juin ’23

Quelques nouveautés et réimpressions dans les bacs de brochures de la BIM… avec notamment les thématiques « antipsy », « lutte contre les frontières et l’enfermement » et « solidarités anarchistes » mises en avant.

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Nouveautés Mai ’23

Cambourakis arrive sur les tables de la BIM ! Cette excellente maison d’édition parisienne créée en 2006 publie entre autres de la littérature, des essais féministes, de la bédé, des livres pour enfants, et même des livres sur le vin et des recettes de cuisine :

  • Les Orageuses, Marcia Burnier : « « Depuis qu’elle avait revu Mia, l’histoire de vengeance, non, de “rendre justice”, lui trottait dans la tête. On dit pas vengeance, lui avait dit Mia, c’est pas la même chose, là on se répare, on se rend justice parce que personne d’autre n’est disposé à le faire. Lucie n’avait pas été très convaincue par le choix de mot, mais ça ne changeait pas grand-chose. En écoutant ces récits dans son bureau, son cœur s’emballe, elle aurait envie de crier, de diffuser à toute heure dans le pays un message qui dirait On vous retrouvera. Chacun d’entre vous. On sonnera à vos portes, on viendra à votre travail, chez vos parents, même des années après, même lorsque vous nous aurez oubliées, on sera là et on vous détruira. » Un premier roman qui dépeint un gang de filles décidant un jour de reprendre comme elles peuvent le contrôle de leur vie. »
  • Viendra le temps du feu, Wendy Delorme : « Une société totalitaire aux frontières closes, bordée par un fleuve. Sur l’autre rive subsistent les vestiges d’une communauté de résistantes inspirée des Guérillères de Monique Wittig. Dans la capitale du territoire fermé, divers personnages se racontent, leurs aspirations, leurs souvenirs, comment survivre, se cacher et se faufiler dans un monde où les livres sont interdits.
    Une dystopie où se reflètent les crises que nous traversons aujourd’hui. Un roman choral poétique et incandescent, où l’on parle d’émancipation des corps, d’esprit de révolte et de sororité. Un hommage à la littérature et à son potentiel émancipateur et subversif. »

  • Deux ou trois choses dont je suis sûre, Dorothy Allison : « Autrice de Peau, recueil d’essais devenu culte, Dorothy Allison a grandi dans le sud des États-Unis, dans un contexte de misère sociale et de violences familiales et sexuelles. Dans Deux ou trois choses dont je suis sûre, elle raconte les femmes de sa famille – mère, sœurs, cousines, filles et tantes –, rendant hommage à leur force, leur humour, leur beauté et surtout leur détermination obstinée face au quotidien qui les accable. Illustré de photographies de sa collection personnelle, ce livre montre à quel point les petites histoires d’une génération peuvent acquérir le statut de légende pour les générations suivantes.
    Un ouvrage où la vision singulière de Dorothy Allison s’exprime avec beaucoup d’humour et d’émotion. »
  • Bâtir aussi, Ateliers de l’Antémonde : « 2011, les printemps arabes ont donné le ton à d’autres révoltes. Un mouvement mondialisé s’étend, c’est l’Haraka. Les productions industrielles, les États et toutes les hiérarchies vacillent. Des dynamiques populaires s’entrechoquent pour répondre aux nécessités de la survie et dessiner un futur habitable.
    2021, les communes libres s’épanouissent sur les ruines du système. Comment vivre avec l’héritage de l’Antémonde ? Comment faire le tri des objets et des savoirs d’une époque aux traces tenaces ? Les haraks dessinent leur quotidien en fonction de leurs ressources et de leurs rêves. Des dynamos aux rites funéraires, des lave-linges aux assemblées, ces nouvelles d’anticipation politique racontent non pas une utopie parachutée, hors-sol, mais des routines collectives qui se confrontent à la matière, à ce qui résiste dans les têtes, bâtissant un monde qui s’espère sans dominations. »

  • « Avec Homo Inc.orporated, Sam Bourcier poursuit la réflexion menée dans la trilogie des Queer Zones. Mariage, procréation, travail, patrie, les gais et les lesbiennes ont basculé dans la sphère de la reproduction et de la production. Que reste-t-il du sujet politique LGBT lorsqu’il est défini par le droit et le management de la diversité ? Pas grand-chose.
    Raison pour laquelle les queers et les transféministes se mobilisent pour un agenda de redistribution économique et de justice sociale plus large que la simple demande d’égalité et d’intégration.
    Homo Inc.orporated propose une critique radicale de l’homonationalisme et des politiques de l’égalité des droits. C’est aussi une boîte à outils pour lutter contre le néolibéralisme, avec une réflexion et de nouveaux moyens d’action sur les politiques du savoir à l’université, le genre comme travail, la grève du genre sans oublier le gender fucking ! »
  • Écologies déviantes, Cy Lecref Maulpoix : « Tout à la fois voyage, enquête, cheminement personnel, réflexion politique sur l’articulation des luttes contemporaines, ce livre de Cy Lecerf Maulpoix, journaliste engagé dans les luttes LGBTQI et pour la justice climatique, nous entraîne dans les jardins anglais de l’artiste Derek Jarman, de l’écrivain socialiste Edward Carpenter, du Bloomsbury Group, sur les traces des Radical Faeries de l’Arizona à San Francisco jusqu’aux zones de cruising des lisières des grandes villes.
    Parce qu’il met au jour des généalogies oubliées, ce texte permet de reconnaître la dette de l’écologie politique à ces précurseurEUSEs déviantEs. À l’heure où chacunE est concernéE par les enjeux écologiques planétaires, ce livre nécessaire propose de nouvelles pistes militantes et trace une ligne de crête sur laquelle construire, à partir de perspectives minoritaires, un mouvement réellement inclusif. »

  • Deux ans dans les rangs, Aya Talshir : « Aya vient d’avoir 18 ans et, comme toute citoyenne israélienne, elle doit désormais intégrer l’armée pendant deux ans pour son service militaire. Or, si très peu de témoignages subvertissent la prestigieuse image dont bénéficie l’armée, encore plus rares sont les récits qu’en font les femmes. Quel sens Aya peut-elle donner à ces deux années passées sous les drapeaux ? Sous la forme de courtes saynètes oscillant souvent entre le rire et les larmes, elle nous conte ici les nombreuses anecdotes qui ont émaillé son service militaire. Des saveurs insoupçonnées de la nourriture en boîte aux diverses privations et punitions infligées par une hiérarchie tyrannique, c’est le quotidien de jeunes soldates et soldats qu’Aya nous laisse entr’apercevoir, entre petites mesquineries et expérience de la sororité. »
  • Léviathan, Jason Shiga : « Dans un monde où les habitants vivent dans la terreur inspirée par le Léviathan, créature marine gigantesque qui voit tout, entend tout, et punit toute personne se rendant coupable de mensonge, partez en quête de la baguette magique gardée par le sorcier Kanoxx, dont la possession est réputée octroyer un immense pouvoir…
    Après Vanille ou chocolat ?, Jason Shiga propose ici une nouvelle bande dessinée à choix multiples, une aventure semée d’énigmes et d’embûches au cours de laquelle vous devrez à la fois explorer un territoire, les îles Cobalt, et mobiliser toute votre sagacité pour affronter le Léviathan. L’humour ne sera pas la moindre des armes pour triompher des machinations diaboliques concoctées par Jason Shiga, qui tisse l’air de rien une brillante métaphore sur les pouvoirs de la fiction. »

  • Comme un million de papillons noirs, Laura Nsafou & Barbara Brun : « Adé adore les éclairs au chocolat, les papillons et poser des questions.
    Elle a aussi de magnifiques cheveux mais ses camarades d’école s’en moquent, simplement parce qu’ils sont différents.
    En compagnie de sa mère et ses tantes, elle va heureusement découvrir en douceur la beauté des papillons endormis sur sa tête, jusqu’à leur envol final. »
  • Un an à Fleurville, Felicita Sala : « À Fleurville, on jardine : à sa fenêtre, sur un balcon, sur les toits, dans un potager, il y a tant de possibilités pour faire pousser des plantes bonnes à manger, et belles à regarder ! À Fleurville, on cuisine : voici douze recettes salées ou sucrées, pour se régaler tout au long de l’année, en respectant la saisonnalité de nos petites et grandes récoltes ! »

  • Itinérances Vigneronnes, Christophe Beau : « Ce récit relate le parcours atypique d’un vigneron languedocien, raconté par lui-même. C’est un cheminement de trente années de labeur pour explorer intimement l’âme de la vigne et effleurer l’esprit du vin. Mais c’est aussi un parcours fait de multiples rencontres étonnantes en des lieux improbables, d’où émergent des gestes responsables, des regards vivants, et une vraie poétique des vins. »
  • Glou Guide 5, Antonin Iommi-Amunategui, Irène Languin & Olivier GrosjeanLe Glou Guide, pisteur infatigable de picole sauvage, découvreur de jajas joyeux et généreux depuis 2018, est de retour ! Le Glou Guide, le seul guide qui dit ce qu’il boit et qui boit ce qu’il dit ! Le Glou Guide, le seul guide qui ne recrache pas, mais regarde à la dépense ! Slogans capillotractés mis à part, parce qu’ils ont sacrément le vent en poupe, parce que les vignes se prennent de grandes baffes climatiques à la chaîne, il est chaque année de plus en plus difficile de trouver des vins naturels magnifiques à coût modique. C’est donc un bien bel effort qu’ont dû produire les deux auteurs et l’autrice de cette nouvelle fournée avinée pour parvenir à sélectionner les canons de l’année. Mais ils y sont arrivés, à la sueur du coude, maintes et maintes fois levé… À vous désormais d’en profiter ! Le Glou Guide c’est 200 vins naturels exquis à 20 euros maxi, et 500 cavistes indépendant·es en France, mais aussi en Belgique, en Suisse et dans le monde entier, où dénicher ces pépites à boire, le tout sélectionné par trois spécialistes forcené·es. »

  • Mes recettes à emporter, Isabelle Boinot : « Cuisinière amatrice créative et enjouée, Isabelle Boinot présente 26 recettes sucrées ou salées, simples à réaliser, illustrées à toutes les étapes, du choix des ingrédients à la réalisation finale.
    Des boulettes de poulet aux cacahuètes en passant par les galettes de pois cassés ou le moelleux citron et pavot, tout fait envie dans ces petits livres pétillants et élégants. »
  • Les recettes de mes amis japonais, Isabelle Boinot : l’autrice nous propose ici « 26 recettes inédites inspirées de ses nombreux voyages au Japon, joliment illustrées et accompagnées d’idées de présentation élégantes et originales.
    Un allié indispensable pour réaliser facilement nikujaga, aubergines soja-gingembre, kurokke, chawan, chirashi sushi et dorayaki ! »

La menthe sauvage de Mohammed Kenzi, publié une première fois en 1984, a été réédité l’an dernier par les éditions Grevis : « Né en Algérie près de Maghnia en 1953, Mohammed Kenzi débarque en France pendant la guerre. En 1960 il y rejoint, avec sa famille, son père devenu ouvrier et parti quelques années auparavant. Dans le bidonville, il voit la terreur se poursuivre par la misère et le racisme. L’intensité de l’écriture répond à celle du quotidien : des violences familiales à l’autorité brutale du père, de l’école buissonnière aux terrains vagues, des luttes étudiantes aux concerts de free jazz. Ce monde, pas si lointain, est celui dans lequel la vie se fraie un chemin malgré l’épaisseur du béton. »

Ma sélection Libertalia du mois comprend plusieurs nouvelles de Jack London, dont l’excellent récit La Peste écarlate : « Au milieu des ruines conquises par la flore et la faune sauvages, entouré de ses petits-fils quelque peu incrédules et goguenards, l’Aïeul raconte le monde d’avant. Celui qui un jour s’est effondré sous les coups d’un virus scarlatiniforme et meurtrier, emportant humanité et société, révélant la barbarie sous le fard de la civilisation. La Peste écarlate est un court roman d’anticipation publié en 1912, pionnier du genre post-apocalyptique. »

  • Plus vivants que jamais, Pierre Peuchmaurd : « Pierre Peuchmaurd, poète et éditeur surréaliste décédé en 2009, avait 20 ans en 1968. Publié peu après les Journées de Mai, ce « journal des barricades » n’avait jamais été réédité. »
  • Plutôt couler en beauté que flotter sans grâce, Corinne Morel Darleux : « Dans cet essai philosophique et littéraire rédigé à la première personne, la militante écosocialiste Corinne Morel Darleux questionne notre quotidien en convoquant le navigateur Bernard Moitessier, les lucioles de Pasolini ou Les Racines du ciel de Romain Gary. Elle propose un choix radical : refuser de parvenir et instaurer la dignité du présent pour endiguer le naufrage généralisé. »

Premier livre en castillan sur les tables de la BIM, Atakta Poemata est un recueil de poèmes autoédité par le musicien Andreas Melas (Ataxía, Lekes, …). Il y est question de voyages, d’amour et de politique… et il est magnifiquement illustré !

Ollivier Desarmais nous livre avec La grosse démission, un polar pamphlétaire rigolard et survitaminé ! « – C’est n’importe quoi ! Ne dites pas de conneries Mandarin, les nantis ne se suicident pas, tout le monde sait ça, même le flic le plus con. Aussi pourri soient-ils, et Bienvenu était un record, ils ne se suicident pas ! Vous avez sauté le quarantième chapitre ? Et l’accident ? Moi, j’ai pu lire le dossier en première partie. Ça ne tient pas debout, qu’est-ce qu’il foutait là ? Vous avez vu la description du corps par le pompier ? Ça a tout du crime rituel ça ! Religieux ! Ça n’a même pas été évoqué. Il y a plus de trous que d’éléments dans cette enquête, c’est qu’une foutue tranche de gruyère ! »

Et voici deux anciens numéros (sur la psychiatrie et sur la drogue) du journal marseillais de critique et d’expérimentations sociales, CQFD (qui fête ce mois-ci 20 ans d’existence !). Il est disponible en kiosque tous les mois avec un dossier thématique et le meilleur moyen de soutenir ce bien chouette titre de presse libre est bien entendu de s’abonner ici. Peut-être atteindra-t-il un jour les 40 ans ?!

À propos de drogue, ASUD (AutoSupport des Usagers de Drogues) est une association créée en 1992 qui a pour but de « changer l’image des usager·es de drogues dans la société et à leur propres yeux, changer la loi qui pénalise l’usage simple et privé des adultes et transformer les « toxicos » en citoyens comme les autres, bénéficiaires de droits et  de devoirs ». Elle publie depuis 63 numéros un journal qui traite de l’actualité des drogues (produits, consos, lois, …) et qui propose des enquêtes, des témoignages mais aussi des infos sur la Réduction Des Risques.

Le troisième numéro de Guerre à la guerre est bien dense ! Il y est question de la lutte antimilitariste sous une perspective anarchiste internationaliste (plusieurs traductions de textes allemands, italiens, …). On y trouve des analyses, réflexions, entretiens, tracts et recensement d’actions.

Depuis maintenant 36 numéros, le journal anarchie! conserve sa régularité mensuelle. « Il n’est ni l’organe d’un parti, ni la voix d’une organisation, mais l’expression des idées et des désirs de ceux et celles qui le font vivre ».

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Nouveautés Avril ’23

Extrêmement content de recevoir Basta ! Guide d’autodéfense féministe pour ados (et pas que…) de Maria Kronsky et Marion Le Muzic publié aux Éditions Goater. Cette bédé très intelligente donne des clés aux (jeunes) femmes pour les aider à faire face avec brio (et parfois avec humour) à de multiples formes d’agressions sexistes voire sexuelles en milieu scolaire (discriminations, cyberharcèlement, …), dans l’espace public (harcèlement de rue, exhibitionnisme, …) et dans l’intimité (relations abusives, …). Les autrices réussissent le pari de parler de ces sujets difficiles sans effrayer mais au contraire en insufflant une grosse dose de confiance, d’estime et d’acceptation de soi, bref d’empouvoirment ! « Posture, voix, communication, défense physique… tu y trouveras un ensemble de stratégies pour t’aider à vivre libre et en sécurité dans les lieux publics tout comme dans les espaces privés ! » Un livre pédagogique essentiel qui peut également être mis entre les mains des (jeunes) hommes, car c’est aussi et surtout à eux de comprendre les mécanismes d’oppression sexistes et de travailler à les éliminer en adoptant des comportements attentifs, respectueux et bienveillants…

Après Tata a de la barbe sous les bras, Anne-Gaëlle Morizur (texte) et Florence Dollé (illustrations) publient, toujours aux Éditions Goater, Ma grande soeur est un loup-garou. Cet album jeunesse traite de manière décalée du sujet du syndrome prémenstruel et permet d’engager ainsi la discussion et le débat avec les enfants comme avec les adultes. « Dino et Bruna sont frères et sœurs. Tous les mois, Bruna est d’une humeur massacrante et s’enferme dans sa chambre. Pour Dino, c’est sûr, elle se transforme en loup-garou… Un jour, il découvre une culotte ensanglantée dans le panier à linge. Ses soupçons se confirment : le loup-garou Bruna a agressé quelqu’un. »

Les éditions Goater publient également de la très bonne SFFF (Science-Fiction, Fantasy et Fantastique) grâce à la collection « Rechute » (qui rend hommage à l’emblématique collection des années 70 « Chute libre » des éditions Champ Libre). Y sont publiés des textes le plus souvent engagés et qui mettent parfois en valeur les auteur·es queers et non-blanc·hes :

  • Grève infernale, Norman Spinrad : « Comme une critique des chrétiens fondamentalistes et du corporatisme des syndicats américains, une « grève infernale » est le compte-rendu des combats menés pour améliorer les conditions de travail en enfer, notamment celles des démons. Qui accepterait de travailler 7 jours sur 7, 24 heures sur 24 et en plus sans salaire ? Emmenés par Jimmy DiAngelo dit Le Pourri, on y retrouve César Chavez, Jimmy Hoffa, John L. Lewis dans un rôle sur-mesure. » (Tous les trois sont des syndicalistes américains)

  • La pilule suivie de Big Girl, Meg Elison : « Une pilule miracle permettant d’avoir un corps de rêve pour le reste de sa vie apparaît sur le marché. Les gens qui la prennent, expulsent tout leur gras et leur excédent de peau grâce à leurs excréments et ce dans d’atroces souffrances. 10 % des gens en meurent dont le père de la narratrice. Malgré cette tragédie, tout le reste de sa famille, obèses comme elle, en prend. Petit à petit, ce traitement se diffusant, les personnes en surpoids deviennent rares, puis illégales. Les corps se normalisent et se ressemblent. La narratrice, devenue une paria, vit recluse. Sa différence peut-elle s’avérer être un trésor rare et précieux ?
    C’est par cette nouvelle que débute ce recueil. La suivante, Big Girl, met en scène la vie d’une géante qui apparaît au milieu de la baie de San Francisco. Un baiBé tout à fait incroyable. S’ensuit quelques autres nouvelles, sur la taille, le poids, la place des femmes dans la société, entrecoupées d’un essai et d’une interview par Terry Bisson. »

Dernière parution chez Demain Les Flammes, Le dernier des hippies de Penny Rimbaud (cofondateur du groupe anarcho-punk Crass) est enfin disponible en français : « En 1975 décédait Wally Hope. Ce doux hippie rêveur était l’un des pionniers de l’organisation des festivals libres – notamment celui, mythique, de Stonehenge – qui égayèrent les années 1970 britanniques et effrayèrent jusqu’aux plus hautes sphères du pouvoir. Suicide pour les uns, assassinat pour les autres, sa mort reste aujourd’hui encore un mystère.
Dans ce texte effréné publié en 1982, Penny Rimbaud rend hommage à son ami parti trop tôt et pointe du doigt la responsabilité de l’État. Tout à la fois manifeste anarchiste, brûlot de la contre-culture, cri de douleur et appel à l’insurrection non violente, Le dernier des hippies est un classique de la littérature punk. »

Collectif d’édition indépendant basé à Lille, Les Étaques ont publié l’année dernière :

  • Effacements, Histoires toulousaines, Les oubliés d’Urbain Vitry : « Si l’art de policer une ville possède une longue histoire, il connaît aujourd’hui un certain raffinement : il y a mille moyens de tenir la rue propre et bien ordonnée. De l’interdiction d’un marché populaire en centre-ville aux politiques de réfection de la voirie, en passant par la répression des Gilets jaunes et la lutte contre les graffitis, une même bataille se répète, inlassablement : faire plier les corps réfractaires, radier leurs mots, invisibiliser les présences indésirables, gommer leurs gestes et leurs traces. En dessinant ce que la métropole cherche à effacer, ce livre en dresse une critique au ras du sol – et esquisse, en creux, ce qui tente de lui résister. »
  • Il faudra faire avec nous, Lë Agary : « Il faudra faire avec nous est un manuel de sabotage déguisé en roman ou, plutôt, un roman déguisé en manuel de sabotage. Il nous embarque dans les pas et les pensées d’une activiste qui, chaque jour, lutte sur de nombreux fronts pour renverser un monde personnifié par Franck. Un jour trader, le lendemain vigile, préfet ou simple troufion au tonfa, celui-ci incarne le cynisme du capitalisme et la violence de son service d’ordre. En miroir de la répression étatique, Lë Agary nous plonge dans l’enthousiasme tenace de la révolte contre les injustices et ceux qui les provoquent. Face aux clichés médiatiques qui disqualifient les actions militantes, Il faudra faire avec nous restitue la généreuse spontanéité de celles et ceux qui désirent tout à la fois bousculer l’ordre social et constituer des collectifs audacieux. »

Trois nouvelles acquisitions chez Libertalia : les témoignages d’une trentaine de « francs-tireurs (anarchistes, situationnistes, communistes libertaires…) des années 68 » (Voyage en outre-gauche, Lola Miesseroff) ; un essai richement documenté et argumenté prônant la fin de l’enfermement (L’abolition de la prison, Jacques Lesage de La Haye) ; la genèse d’un groupe armé à la fin des années 70 (Action Directe, les premières années, Aurélien Dubuisson)

Mutines Séditions est une maison d’édition anarchiste créée il y a plus de 20 ans. Elle publie des textes qui accueillent « des réflexions et des interventions à travers lesquelles la pratique et l’expérimentation s’arment de toute leur détermination d’en finir au plus vite avec ce monde ». On y trouvera des traductions de textes italiens mais aussi des écrits historiques afin de « repeupler notre présent des possibilités toujours fécondes qui l’ont traversée » et de « proposer un dialogue fructueux entre les révolutionnaires d’aujourd’hui et ceux qui nous ont inspiré ».

  • Incognito, Expériences qui défient l’identification : « Ce livre qui parle de clandestinité projette un rayon de lumière dans l’obscurité. Il propose un saut dans le versant inconnu du secret, dans cette dimension parallèle où, souvent, même ce qui peut être dit ne l’est pas.
    Les dix textes rassemblés ici parlent de ce monde, nous en rapportant quelques voix parmi tant d’autres, des voix dont le ton, les émotions et les messages sont certes variés, mais qui vivent ou ont vécu dans la dimension de la clandestinité. Des expériences qui ont été endurées par choix ou bien pour des raisons extérieures à sa propre volonté, suite à un parcours de luttes révolutionnaires pour les uns ou bien d’une condition sociale pour tant d’autres, tous ceux qui n’ont plus rien à perdre sur les chemins de l’exploitation et de l’atrocité des frontières, pas même une pièce d’identité. »

  • La canaille à Golfech, Fragments d’une lutte antinucléaire (1977-1982) : « L’histoire de Golfech est une mine de suggestions, aussi bien théoriques que pratiques. A l’époque se succédèrent des actions directes collectives, comme l’invasion de chantiers et la destruction des outils et des constructions en cours, mais aussi la pratique du sabotage à un niveau industriel par des groupes d’affinité, infligeant de gros dégâts matériels aux entreprises, et enfin l’autodéfense contre les violences et les intimidations mafieuses de la police et de l’industrie nucléaire…
    Aucun individu, organisation ou groupe ne possède seul la force de s’opposer aux projets liés au nucléaire : le rapport entre les petits groupes d’action directe et le mouvement est sans doute un des éléments intéressants qui émerge des récits de Golfech, une indication qui reste valide pour développer les luttes qui nous attendent.« 
  • Vivre vite de l’autre côté du mur, Punks et anarchistes en ex-Allemagne de l’Est : « La plupart de ces récits de compagnons de Leipzig nous montrent que les « dissidents » d’Allemagne de l’Est des années 70-80 ne se battaient pas tous pour les libertés formelles ou le paradis de la consommation de l’Ouest. Mais pour une liberté qu’aucun État ne saurait satisfaire, pour des désirs qu’aucune économie ne viendra combler. Dans un cadre qui pouvait sembler absolu, ils nous montrent que l’oppression tient bien moins sur la force militaire que sur la soumission de tous et toutes. Ces jeunes anarchistes et punks qui squattaient, volaient, se battaient avec les flics lors de fêtes, organisaient des manifs sauvages, diffusaient des messages subversifs dans les rues, n’étaient finalement asociaux que parce que le reste de la société n’était que trop social, en phase avec le contrôle institutionnel et la délation de proximité. »

Entre océans, forêts et volcans, La lutte radicale mapuche : « Dans les territoires habités par les communautés mapuche, dont les terres furent accaparées par des investisseurs capitalistes, défigurées par les exploitants forestiers, ravagées par les entreprises énergétiques, polluées par les industriels et colonisées par des suppôts de l’État chilien ; les dernières décennies ont été marquées par une lutte incessante. S’il existe une riche hétérogénéité et diversité parmi les organisations de lutte mapuche et les communautés mapuche en résistance, la lutte dans le Wallmapu se déroule principalement autour de deux axes. D’un côté l’occupation de terres investies par des entreprises capitalistes ou par l’État, afin de les arracher à leur contrôle et de les restituer aux communautés mapuche ; et de l’autre, une pratique constante et diffuse de sabotage, d’action directe et de lutte armée, visant tout ce qui matérialise la domination étatique et capitaliste sur les territoires du Wallmapu qui s’étendent des côtes du Pacifique (au Chili) à celles de l’Atlantique (en Argentine).
Si cette publication n’a ni la prétention, ni l’ambition d’expliquer en détail la cosmovision mapuche, leurs coutumes ancestrales, leur spiritualité, les rapports au sein de leurs communautés, elle vise plus modestement à donner un aperçu de l’ampleur de la lutte qui s’y déroule, principalement à travers les communiqués et des déclarations faites par les organisations de lutte ou les communautés mapuche en résistance. Une chronologie qui ne prétend pas non plus à l’exhaustivité accompagne ce recueil de textes – que nous publions non pas parce que nous y adhérons sans critique, mais parce qu’ils permettent de se faire une idée du panorama et des différentes expressions de la lutte radicale mapuche. »

Digne représentant de la presse libre en Occitanie, le trimestriel L’empaillé vient de sortir son numéro de printemps ! Toujours aussi offensif, on pourra y lire des témoignages locaux de la lutte contre la réforme des retraites, un entretien avec Gwenola Ricordeau au sujet de l’abolition de la police, un article sur le RSA sous conditions en Aveyron, les liens entre le géant de l’aéronautique Airbus et la russie de Poutine, une critique de la méthanisation industrielle dans le Lot et de la ZFE à Toulouse, une apologie du rugby à XIII, etc.

Deux nouvelles acquisitions de « la revue participative de rencontres culinaires » Ingrédient éditée par l’association marseillaise Le Bouillon de Noailles : « Aubergine » et « Faits maison ». Cette revue, qui donne la parole aux habitant·es du quartier qui nous partagent leurs meilleures recettes suivant la thématique du numéro, est à chaque fois illustrée par un·e illustrateur·ice différent·e.

L’excellente « revue d’histoires, cultures et luttes des montagnes » Nunatak revient avec un numéro 8 dans lequel sont entre autres questionnés : les clivages que l’on peut parfois constater entre les différents groupes sociaux habitant les zones rurales et de montagne (dans les articles « Faire la fête et boire des coups  » et « Les gars du coin »), les arguments des promoteurs du très écoblanchi vélo à assistance électrique (dans « Transition à vélo, nuisances à gogo »), l’habile reconversion de l’entreprise Poma de l’industrie du tourisme à la gestion des déchets nucléaires (« Le tire-fesses, l’éolienne et le fût radioactif »), …

Une vingtaine de furieux·ses contributeur·ices dans ce #9 spécial déchets de Aд-RA, le graphzine psychédélico internationaliste de Lyon, avec des comics, collages, illustrations et une couverture sérigraphiée qui me fait dire : Faites gaffe hein ! Ça va finir par se voir que c’est vous qui tirez les ficelles du syndicat des poubelliers… 😉

« Nous avons souhaité, en lançant l’appel à contribution au coeur de l’été 2022, donner vie à une brochure qui prendrait le temps de faire le grand récit de l’aventure insomniaque, qui décrirait son pouvoir de nuisance et les épopées qu’elle nous fait traverser, qui expliciterait bien sûr nos tentatives pour lui échapper et nous rendormir. » Ainsi nous est présenté en introduction Insomnies, un recueil collectif en deux tomes, d’une cinquantaine de contributions : témoignages, récits, poèmes, illustrations, etc. De quoi permettre « l’évasion et la réassurance, l’échappée belle et la prise de force. Et glissé sous l’oeiller, il nous aidera à nous sentir moins seul·es quand le sommeil nous quitte. » Tu peux télécharger et lire le premier tome ici, et le deuxième tome .

Psy psy est un entretien avec Lucie, membre du groupe d’entraide et de soutien psy du plateau de Millevaches dans le Limousin. Elle nous partage 10 ans d’expérience d’accompagnement de personnes en souffrance psychique en milieu rural afin que d’autres groupes puissent s’inspirer de ces pratiques et essaimer ailleurs.

Le label Bus Stop Press vient de sortir Cheaptoys #28. Encore une reliure différente pour ce fanzine toujours aussi pointu écrit en français et en anglais. Ce numéro tourne autour de l’album « F# A# ∞ » du groupe Godspeed You Black Emperor. On y trouvera des traductions de certains de leurs communiqués et d’une interview datant de 1999 et le texte enragé “Le problème avec la musique” du producteur Steve Albini (également guitariste de Shellac).

Here is the winter 2022 issue of Papercore, an international DIY punkzine. In this #8, there is a guide on how to go on tour, interviews of Janpalach (Ukraine) and Sangre de Muerdago (Galizia), Fluff Fest festival report, columns, reviews, comics, … (and it’s in english)

Et voici le nouveau Up The Zines #22 ! Jeff a une bonne cadence de sortie ces derniers temps, à l’image de la riche actualité fanzinesque et c’est toujours un plaisir de le lire. Pour celleux qui n’ont pas suivi, Up The Zines est un (pour ne pas dire LE) zine sur les zines. Toujours des longues interviews de fanzineux (ici Argyope/The Re(a)d Zone, Punkulture, Troubadour, Guillaume qui a réalisé le docu Fanzinat) et dans ce numéro, vingt-cinq chroniques de sorties récentes de fanzines dont quelques-uns que l’on peut trouver sur les tables de la BIM (Bobby Pins, Cheap Toys, Karton, Papercore, Punkulture, Ratcharge, Ventoline, Zinobium Pertinax). Une ré-fé-rence !

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