Nouveautés Juillet ’22

Une des dernières sorties des éditions Grevis, Écofascismes, Antoine Dubiau : « L’écofascisme semble réductible à sa fonction d’insulte politique. Cet usage masque les appropriations concrètes des enjeux écologiques par les idéologies et les organisations fascistes. Si l’extrême-droite paraît à première vue hostile à toute politique environnementale, il existe bien un risque écofasciste s’adossant à une véritable conviction écologique ainsi qu’à de robustes bases idéologiques. Contrairement à sa conception politique courante, l’écologie n’est donc pas naturellement de gauche. Le discours écologique doit être clarifié pour échapper aux différentes formes de fascisation de l’écologie. »

Une nouvelle traduction du roman génial de Ursula K. Le Guin, Les Dépossédé·e·s. Cette « utopie ambigüe » publiée pour la première fois en 1974, compare du point de vue d’un habitant d’Anarres, deux planètes au fonctionnement différent, l’une capitaliste (Urras) et l’autre communiste libertaire (Anarres). Un texte de SF résolument politique autoédité par Bus Stop Press et Seitan’s Hell Bike Punks (qui sont également à l’origine du fanzine Papercore, voir plus bas).

Après Coup deux barres (sur la grossesse indésirée et l’avortement), À quoi tu joues ? (qui questionne les jeux et jouets genrés) et Vent de face (des témoignages de personnes subissant des oppressions au quotidien), et en attendant leur prochaine publication sur le sujet du féminisme transinclusif (Des féministes dans quel genre ?), les Éditions des trois canards ont sorti Juste un bisou… et puis quoi encore ? « Sacha est bien content de voir ses tontons et sa mamie, mais moins de devoir leur faire des bisous à tout prix. Heureusement, il a plus d’un tour dans son sac et propose des alternatives aux bisous lorsque l’on n’a pas envie d’en faire. L’histoire est prévue pour la tranche 2-5 ans, même s’il n’y a pas d’âge limite pour questionner son rapport au consentement, en particulier vis-à-vis des enfants ! » On y apprend même quelques mots de LSF (Langue des Signes Française).

Plusieurs livres de l’Atelier de Création Libertaire, maison d’édition lyonnaise fondée en 1979, dont :

  • Journal-manifeste d’un tipi dans la ville, Thomas Hawk : « 2011, des camps nomades se montent sur les places des centres-villes de l’hexagone. Sur le plateau de la Croix-Rousse, à Lyon, des tipis, des yourtes et des bus s’installent illégalement pour faire exister un espace de liberté et expérimenter collectivement une autre manière de vivre. Quelques tipis sont restés dans la ville, déménageant dans le jardin d’une maison occupée. Ce journal raconte cette histoire. Comme un clin d’œil aux derniers terrains vagues, il se révèle être un manuel de poésie quotidienne qui fait l’éloge des friches. À travers ces pages, Thomas Hawk raconte son aventure et ses quelques mois passés à vivre en tipi dans la ville. »

  • Emma Goldman, Une éthique de l’émancipation, Max Leroy : « Cette biographie, la première en langue française, retrace l’histoire de cette militante inlassable de l’émancipation, à la fois libertaire et communiste, féministe et nietzschéenne. Née en Lituanie et morte à Toronto, sa vie se lie aux deux siècles qu’elle escorta : des grèves ouvrières états-uniennes à la Première Guerre mondiale, de la ­Russie rouge à la Catalogne, de la montée du fascisme à la lutte contre le nazisme, Goldman fut de tous les fronts – et jamais la prison, l’exil et la mise au ban n’entamèrent sa détermination. »

  • Indios sans roi, Rencontres avec des femmes et des hommes du Chiapas, Orsetta Bellani : « Cet ouvrage, qui a par bien des aspects la forme d’un carnet de route, nous rapproche au plus près des communautés zapatistes du Chiapas. Les personnes qui ne seraient pas informées sur l’insurrection zapatiste y trouvent des éléments pour remonter aux origines du mouvement tandis que les autres y puisent des informations actualisées et sans doute des ouvertures sur des aspects peu connus de la vie des communautés. Chaque thématique est abordée par le biais d’une rencontre avec des femmes et des hommes engagés au quotidien, qui ont pris en main le changement et agissent par le bas. Il n’est pas question d’encenser les zapatistes, présentés avec l’approche critique nécessaire, mais bien de rappeler que le changement est toujours en acte au Chiapas, même si les zapatistes ne font plus la une de la grande presse… À leur façon ces hommes et ces femmes montrent qu’un autre monde est possible. »

  • Pour un municipalisme libertaire, Murray Bookchin : « Depuis plus de quinze ans, la brochure Pour un municipalisme libertaire est l’un des textes les plus diffusés de l’Atelier de création libertaire. Pour nous, la raison en est simple  : un certain nombre de libertaires – ainsi que des personnes s’intéressant à un engagement conséquent dans une politique du quotidien – trouvent dans les propos de Murray Bookchin des idées leur permettant d’avoir, non pas une réponse, mais quelques pistes pour bousculer les a priori. D’un côté, celui qui déclare la démocratie morte ou, pour le moins, très ankylosée, et, de l’autre, celui qui affirme n’y avoir plus d’espace dans nos villes, dans nos quartiers, pour une politique libertaire du quotidien… »

La couverture du #6 de l’excellent trimestriel L’Empaillé est parlante : c’est l’été, c’est brûlant et pourtant, c’est probablement un des derniers étés les plus frais qu’on a l’occasion de vivre, tant que ce vieux système capitaliste tiendra debout… On trouvera dans ce numéro : un bon tacle à La Dépêche, une balayette à un groupe ariégeois d’extrême-droite confusionniste, un uppercut aux projets urbanistiques délirants à Sète et à Toulouse, un front kick aux projets éoliens industriels en Occitanie, une interview d’une militante d’Act Up Sud-Ouest, un retour sur le DTour qui a sillonné l’Occitanie pendant l’entre-deux tours des pestilentielles, … et on peut s’abonner ici.

Après un #0 qui a été un succès, Nantes Révoltée devenue Contre Attaque sort un nouveau numéro de 68 pages : un dossier sur la technopolice et la société de contrôle (pass
sanitaire, fichage et monde « sans contact »)
, un retour sur la tentative de dissolution de Nantes Révoltée et une histoire de cette procédure d’exception, un décryptage de l’industrie nucléaire, du graff, des banderoles, des tags, des luttes féministes, de l’écologie, …

La revue Epectase est née il y a deux ans et demi « d’une envie de rassembler diverses approches, réflexions, visions autour de l’érotisme. Un érotisme sauvage qui ne se laisse pas enfermer dans des normes, des étiquettes ou des jugements moraux. Un érotisme qui cherche à s’émanciper des schémas oppressifs et des postures d’autorité. » Et voici le #5 qui comporte des contributions en quatre langues (français, anglais, allemand et italien) d’une dizaine de personnes provenant de 6 pays différents (on peut trouver les traductions sur leur site).

Les #7 de deux très chouettes punkzines en partie produits à Toulouse :

  • Dans Papercore, il y est question d’un infokiosque tokyoïte, d’anarchistes ukrainiens face à la guerre, d’ateliers DIY de réparation de vélos, et de nombreuses chroniques de livres, zines et albums. (in english)
  • Et dans Karton, on pourra lire les interviews de Crippled Fox (groupe de trash metal hongrois), de Never Brush My Teeth (artiste d’Athènes qui a dessiné la magnifique couverture de ce numéro), d’un habitant (et chanteur dans Antidigos) de la Caserna Rossani (squat à Bari en Italie), du collectif de rap féminin autogéré PoweRap Girlz, et beaucoup d’autres choses. (FR/EN)

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