Nouveautés Juin ’22

Beaucoup de nouveautés ce mois-ci !

Le #6 de Demain Les Flammes (Et s’ouvre enfin la maison close) est épatant et totalement différent des autres numéros : Nathan Golshem y a recueilli et retranscrit pendant plus de cinq ans les témoignages et anecdotes d’environ vingt-cinq personnes liées au Clandé, un squat toulousain qui a tenu de 1996 à 2006. Il nous transmet ainsi les trajectoires des différent·es protagonistes, mais aussi l’histoire des luttes toulousaines, des récits de concerts, l’évocation de la catastrophe d’AZF, le côté fédérateur des radios libres, etc. Et la couverture en velours rouge et lettres d’or rappellera, à celleux qui l’ont connue, la déco du Clandé héritée de la précédente utilisation du bâtiment. « La légende raconte que, au cœur d’un ancien bordel à l’architecture baroque ravi à la rapacité du marché immobilier, des gens fougueux et pleins d’espoir s’engouffrèrent à bride abattue dans le tourbillon d’une vie collective. Là, ils vécurent des expériences aussi formatrices qu’exaltantes en conduisant une guerre contre le Vieux Monde. » Le puissant témoignage d’une force collective politique et culturelle qui laisse des traces encore aujourd’hui !

Gros coup de coeur pour les Éditions de la dernière chance ! Dans une démarche complètement DIY, Delphine Bucher réalise de superbes linogravures, a sorti des fanzines illustrant les expressions parfois désuètes et souvent inusitées de la langue française (Aprés nous le déluge), compile les souvenirs de quelques-un·es de ses potes liés à la lecture et aux livres (Zinobium Pertinax), raconte un road trip avec sa soeur dans le Nord-Ouest américain sur les traces de ses écrivains favoris (The Last Best Place) et un voyage de deux mois dans l’Ouest canadien, à travers l’Alaska et le Yukon (Vandura Hotel). Son univers tourne autour de la littérature contemporaine nord-américaine (Jack London, Jim Harrison, …), du cinéma de genre, du rock’n roll, … « Vandura Hotel, c’est une ode aux grands espaces, à la vie sauvage, à l’aventure, au nature writing et à la littérature. Des pages et de la route : La seule vie qui ait du sens. »

La maison d’édition indépendante et associative Grevis basée à Caen, a récemment sorti :

  • Dans la foule, une manif dont vous êtes l’héroïne/le héros, Atelier Les mains dans le dos : Ce livre-jeu réveillera sans nul doute des vieux souvenirs à celleux qui ont connu les « Livres dont vous êtes le héros » dans les années 90. Sauf qu’au lieu de combattre des dragons, des trolls et autres araignées géantes, il s’agit ici de déambuler dans une manif, muni d’objets plus ou moins utiles à la riot, de participer à ce moment de liesse collective tout en réussissant à échapper aux flics et à la répression. Nos décisions ainsi que quelques lancers de dés détermineront la suite de l’histoire… et il y a plusieurs fins possibles !

  • Nous sommes en guerre, Pierre Douillard-Lefèvre : une étude de la militarisation de la police au service de la terreur d’État par un chercheur en sciences sociales qui a été gravement blessé à l’oeil par la police lorsqu’il avait seulement 16 ans.
  • Crimes & Peines, Gwenola Ricordeau : une redécouverte des textes majeurs de l’abolitionnisme pénal et policier, et une réflexion sur les modalités de résolution des conflits.

Les éditions Le Sabot, « Art et Littérature de Sabotage » sont nées de la compilation des cinq premiers numéros de la revue Le Sabot, « Revue Littéraire de Sabotage » en un seul volume, d’autres ont suivi et également des romans et nouvelles. « Les textes, dessins et photographies publiés dans la revue viennent décrire, analyser et embrasser nos réels pour faire apparaître les luttes, les inquiétudes et les désirs qui nous composent : l’acte poétique nous permet d’intervenir sur nos manières de penser et d’agir sur le monde, de le dire sans passivité. Le collectif du Sabot est mobile, mouvant ; des constellations sans ancrage géographique, pratiquant au hasard le vers libre, le dessin numérique ou non, le collage, la science-fiction, la parodie, la gravure ou la nouvelle. »

  • Le Sabot 1-5 : #1 Sabotage ; #2 Saboter le confort ; #3 SEXE ; #4 Saboter le travail ; #5 Violence
  • Le Sabot 6-10 : #6 Terre! ; #7 La Soif ; #8 Saboter la Honte ; #9 Saboter la Ville ; #10 Saboter le Piège

  • plein soleil, natol bisq : « Lancée sur les traces d’un auteur à succès avec qui elle a des comptes à régler, Léa croise la route du Lacis, une nébuleuse cybercriminelle. Pendant ce temps, la rumeur chuchote à travers l’Europe le nom d’une mouvance nouvelle, née à Istanbul, qui depuis le tréfonds de la nuit s’apprête à inonder le jour. »
  • Tabor, Phoebe Hadjimarkos Clarke : « Mona et Pauli ont survécu à d’étranges et immenses inondations. Elles vivent et s’aiment à Tabor, un nouveau monde bricolé. Mais de mystérieux visiteurs, sorciers ou fonctionnaires, viennent en troubler l’équilibre, jusqu’à l’ensauvagement définitif. Comment faire face?
    Anticipation queer pessimiste, dystopie magique ou rêverie révolutionnaire gothique, ce récit explore la possibilité de l’amour et de l’action dans un monde en ruines. »

Quatre bédés des éditions Nada, et une nouvelle parution dans la collection « Petits classiques de l’anarchisme » :

  • Ni web ni master, David Snug : « Après Dépôt de bilan de compétences, David Snug nous livre un manuel d’autodéfense numérique mêlant humour et satire sociale. De la dépendance aux smartphones à l’emprise des réseaux sociaux, de Google à Amazon, de l’ubérisation de l’économie de service aux sites de rencontre, rien n’échappe à son regard impertinent et décalé. »

  • Avec Fire!!, Peter Bagge (auteur underground de comics américain) signe une biographie documentée et décapante de Zora Neale Hurston, femme de lettres à l’esprit libre et à la personnalité flamboyante, une des figures majeures de la Renaissance de Harlem, mouvement de renouveau artistique de la culture africaine-américaine dans le New York des années 1920.
  • Dans Femme Rebelle, Peter Bagge nous raconte l’histoire haute en couleur de Margaret Sanger, militante radicale, provocatrice et controversée, fondatrice du journal The Woman Rebel et du Planning familial et qui a bousculé l’Amérique conservatrice du début du XXe siècle par son combat pour le droit des femmes à disposer librement de leur corps.

  • Gonzo, une biographie graphique de Hunter S. Thompson, Will Bingley : « Iconoclaste, roublard, hédoniste, mythomane, toxicomane et psychopathe, on a tout dit de Hunter S. Thompson. Vrai ou faux, qu’importe. Thompson, journaliste et romancier halluciné (Las Vegas Parano, Rhum Express, …) et intrépide défenseur des libertés individuelles, est au-dessus de la mêlée des commentateurs de ce monde. Voici l’histoire d’un gamin agité de Louisville devenu une icône internationale. Voici une histoire qui retrace les faits mythiques du journalisme « gonzo », sonde les pages les plus sombres de la politique américaine et raconte une vie qui dépasse largement la fiction. »

  • De l’utilité des rebelles, Manuel González Prada : « Dans ces textes, le philosophe et poète péruvien Manuel González Prada (1844-1918), précurseur du modernisme latino-américain, développe sa vision de l’anarchisme, qui réside dans la liberté et le bien-être de l’individu, avec pour corollaire l’abolition de l’État et de la propriété privée. »

Quelques nouvelles acquisitions aux éditions Le passager clandestin :

    • Chroniques de la zone libre, des zad au maquis : fragments de l’imaginaire autonome, Cosma Salé : Ce récit « témoigne de la résolution et de l’imaginaire d’une génération qui a choisi les marges pour tenter de réinventer un monde à la hauteur de ses exigences. Il permet de saisir un peu de la représentation du monde de cette jeunesse en lutte radicale contre la société néolibérale. On y trouvera un peu de ce que Cosma Salé a appris : à respirer et à sentir, à créer et à bâtir contre l’ennui. De la zad de Notre-Dame-des-Landes ou du Testet à la cuisine d’une maison occupée, d’une cabane dans les bois au tissu urbain des squats, on y éprouvera peut-être un peu de la fièvre et de l’enthousiasme, de la magie et de l’exil de sa génération. C’est un petit traité sur l’esquisse des marges, un manuel d’usage du monde libre, les fragments d’un imaginaire qui a désormais sa dynamique propre. »
    • Utopie du logiciel libre, Sébastien Broca : « Né dans les années 1980 de la révolte de hackers contre la privatisation du code informatique, le mouvement du logiciel libre ne semblait pas destiné à renouveler nos imaginaires politiques. Les valeurs et les pratiques du Libre ont pourtant gagné d’autres domaines, dessinant peu à peu une véritable « utopie concrète ». Celle-ci a fait sienne plusieurs exigences : bricoler nos technologies au lieu d’en être les consommateurs sidérés, défendre la circulation de l’information contre l’extension des droits de propriété intellectuelle, lier travail et réalisation de soi en minimisant les hiérarchies. (…) Sébastien Broca raconte une histoire dans laquelle les hackers inspirent la pensée critique (d’André Gorz aux animateurs de la revue Multitudes) et les entrepreneurs open source côtoient les défenseurs des biens communs. »

  • Le manège des frontières, Criminalisation des migrations et solidarités dans les Alpes-Maritimes, ObsMigAM : « Les Alpes-Maritimes – entendues comme une région transfrontalière englobant le département français homonyme ainsi que le versant italien de cette frontière – sont devenues en 2015 un pôle migratoire de premier plan, tant par le volume de personnes migrantes concernées que par l’enjeu politico-médiatique que celles-ci représentent. (…) Pour comprendre ce qui s’y joue, l’Observatoire des migrations dans les Alpes-Maritimes réunit ici sociologues, anthropologues, politistes et historien·nes, ainsi que des acteur·ices de la société civile, autour d’une analyse approfondie des processus de frontiérisation, des enjeux de la criminalisation des migrations et des solidarités qu’elle suscite. »
  • La police des migrants : filtrer, disperser, harceler, Babels : « Dans la gestion des migrations, les forces de police sont toujours en première ligne – elles sont les premières représentantes de l’État auxquelles les populations migrantes sont confrontées. Partout en Europe et à sa périphérie, ces dernières sont filtrées, dispersées, harcelées. Un tel déploiement de l’arsenal policier pour affronter des problématiques qui le dépassent ne peut qu’entraîner l’irruption de la violence contre les personnes migrantes. »

Blanche tire sa révérence & Blanche et les seigneurs, Barbara Neely : Ces deux polars réédités ont « pour héroïne Blanche White, femme de ménage et détective amateur, dont la fonction de simple domestique lui permet d’entrer aisément dans la vie privée de ses employeurs et d’y débusquer les mensonges et les demi-vérités pour résoudre des énigmes. Ces romans sont un moyen pour l’auteur Barbara Neely de mettre en cause les rapports de classe et les attitudes racistes des nantis de plusieurs milieux américains. Blanche White, qui a bien entendu la peau noire, devient successivement domestique au Massachusetts et en Caroline du Nord. »

« Les Éditions de la dernière lettre est une maison d’édition indépendante qui s’emploie à diffuser une critique du monde industriel attentive à la diversité des dominations, afin de défricher des pistes pour construire une vie bonne, plus digne et libre pour toutes et tous. Fondée en 2019, elle prolonge le travail d’enquête et de critique sociale que la revue Z mène depuis plus d’une décennie. »

  • Pour l’autodéfense féministe, Mathilde Blézat : « Ni art martial, ni technique de développement personnel, l’autodéfense féministe est un indispensable outil de prévention des violences. L’enquête de Mathilde Blézat auprès de participantes à des stages d’autodéfense montre que c’est aussi le levier d’une profonde transformation de leur rapport à l’intimité et au monde : une arme de la révolution en cours. »
  • Merci de changer de métier, Lettres aux humains qui robotisent le monde, Célia Izoard : « Interpeller directement des chercheurs, ingénieurs et startuppers sur les implications politiques de leur activité, tel est l’objet de ce livre, composé de lettres ouvertes rédigées dans un style piquant, qui mêle la satire et l’analyse. Célia Izoard ouvre ici un dialogue avec les concepteurs des nouvelles technologies pour les interroger sur le sens de leur travail et analyser l’impact social et écologique des grands projets industriels de la décennie, dans un monde en proie à la crise climatique et à l’exploitation au travail. Elle les enjoint à « changer de métier »… »
  • Mauvaises Mines, Combattre l’industrie minière en France et dans le monde, Mathieu Brier et Naïké Desquesnes : « Non sans humour, les huit courts chapitres de cet ouvrage documenté dévoilent les menaces du « renouveau minier » français, les pollutions qu’il implique, ses faux-semblants écologiques et ses tentatives d’échapper au débat public. Du Pays basque à la Bretagne en passant par la Guyane, les résistances et les propositions d’alternatives se multiplient. Ce livre est un appel à les rejoindre. »

  • Notre pain est politique, Les blés paysans face à l’industrie boulangère : « Véritable guide nous emmenant de la sélection du grain jusqu’à la cuisson du pain, ce livre permet de comprendre l’impasse nutritionnelle, écologique et sociale de l’industrie boulangère. Et, à partir des blés paysans, de découvrir la force collective de celles et ceux qui font autrement. »

  • Revue Z #15, Montagne limousine, forêts désenchantées : La revue itinérante d’enquête et de critique sociale continue à visiter et documenter différents lieux en lutte. Après Marseille, Paris, la Guyane, Rouen et Grenoble ces six dernières années, cette excellente revue s’installe dans le Limousin et « s’attaque à la sylviculture industrielle qui détruit les sols comme les corps des personnes qui y travaillent. Avec celles et ceux qui se battent pour des usages populaires et collectifs des forêts, on tente de faire entendre des voix trop souvent recouvertes par le vacarme des machines. »

Le #55 de L’Envolée est sorti le mois dernier. Ce journal anticarcéral qui donne la parole aux « prisonniers et prisonnières qui luttent contre le sort qui leur est fait » continue de sortir régulièrement des numéros. On peut les aider et les soutenir en participant au journal, en aidant à le diffuser et en s’abonnant… Fais tourner le mot !

Le #2 de Torba, journal toulousain à parution irrégulière, nous parle de choses que l’on souhaiterait voir disparaître : les ZFE (Zones à Faible Émission), Elon Musk, le pass sanitaire ; mais aussi de luttes dont on honore la mémoire : l’anarcha-féminisme dans les années 70, la révolte du camp des femmes d’Argelès-sur-mer au début des années 40, l’anarchisme en Espagne en 1936. Il y a même un horoscope, des mots croisés et un jeu des 7 erreurs !

Ville Morne est un beau fanzine de Lille fait par des gentes de Lucane Distro. On y trouve entre autres une interview de Guiff Eud Brank, de Mais qui t’invite, du Cabaret du Coeur Fendu, un récit de la tournée de Kronstadt dans les Balkans, des chroniques de skeuds, de livres, … du rap, du punk, du burlesque pour le #1, vivement le #2 !

Liberté sur veille et Bullshit de droite sont deux fanzines imprimés en risographie par Nounours Vener. Le premier est un fanzine graphique nous donnant à réfléchir sur les privations de liberté et l’autoritarisme d’État. 80 dessins simples mais percutants, comme autant de dessins de presse incisifs commentant l’actualité. Le deuxième est un petit exposé illustré et documenté du concept de compétitivité dans la société capitaliste. « Ceci est une invitation à remettre en question les idées préconçues et redondantes des éditorialistes et politicien·nes corrompu·es, malhonnêtes, ou tout simplement stupides et incompétent·es. »

Deux ouvrages du duo de graphistes Carbone Paroles (Bianca Millon-Devigne et Sylvain Ameil), entre le livre d’art et le guide d’architecture : de belles mises en page, de la poésie, des références techniques et théoriques, des photos de bâtiments, de particularités architecturales, ou d’objets incongrus. Sur un plateau fait le tour de la ville de Saint-Gaudens en Haute-Garonne. Balades d’architecture moderne et contemporaine en Occitanie, Tarn (avec Damien Guizard) se focalise sur différents coins du Tarn et analyse les formes, le bâti, les ambiances et les particularités de ce territoire.

Ce contenu a été publié dans General. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.